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Feu Abderrahmane El Youssoufi était un grand homme d’Etat qui inspirait le respect.
Feu Abderrahmane El Youssoufi n’était vraiment pas un personnage ordinaire.
Chevronné et dévoué pour son pays, il était admiré de tous. Sa disparition laissera un grand vide. De sa naissance jusqu’à sa mort, Si Abderrahmane a connu une vie qui était loin d’être fade ou monotone.
Naissance, enfance et début dans la vie politique
8 mars 1924 : C’est la date de naissance, au quartier «Dradeb» à Tanger, de celui qui conduira 74 ans plus tard le gouvernement de l’alternance consensuelle qui constituera un tournant dans l’histoire politique contemporaine du Maroc.
1943 : Passées les années d’enfance à Tanger puis à Marrakech, Abderrahmane El Youssoufi suit ses études secondaires au lycée Moulay Youssef à Rabat. En 1943, alors qu’il est âgé de 19 ans, il adhère au parti de l’Istiqlal et se lie d’une amitié forte avec Mehdi Ben Barka.
De 1949 à 1952 : El Youssoufi séjourne en France, où il obtient un DES (diplôme d’enseignement supérieur) de droit et de sciences politiques. Lors de ce séjour qui durera 4 ans, il se consacre à l’organisation de la classe ouvrière marocaine en France.
1952-1953 : Feu Abderrahmane El Youssoufi retourne à Tanger où il devient avocat de sa juridiction. Il poursuit également son activité politique à l’aile gauche de l’Istiqlal. Après l’exil forcé de Feu SM Mohammed V en 1953, El Youssoufi participe à l’organisation et à la direction du mouvement de résistance et de l’armée de libération.
Opposition et exil
1959 : Avec Mehdi Ben Barka, Mohamed Basri, Mahjoub Ben Seddik, Abderrahim Bouabid et Abdallah Ibrahim, Abderrahmane El Youssoufi quitte le Parti de l’Istiqlal pour créer l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP), ancêtre de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP). Le 6 septembre 1959, il en préside le congrès constitutif. Il devient un des principaux opposants au Palais.
La même année (1959), Abderrahmane El Youssoufi est arrêté avec Mohamed Basri, rédacteur en chef et directeur d’At-tahrir, lors de la saisie d’un numéro de ce journal dans lequel le parti demande la responsabilité du gouvernement devant le peuple et non devant le Roi. Il est inculpé pour offense au Roi, incitation au crime contre la sûreté intérieure de l’Etat et trouble à l’ordre public. El Youssoufi sera relâché quelques jours plus tard.
1963 : Feu El Youssoufi est condamné par contumace avec l’ensemble des membres de la commission administrative de l’UNFP à deux ans de prison avec sursis pour complot contre le régime.
1965 : Après la disparition mystérieuse de Mehdi Ben Barka, El Youssoufi s’envole pour Paris pour participer à l’organisation du procès dans cette affaire. Il entame alors quinze ans d’exil en France.
De 1969 à 1975 : Durant cette période, El Youssoufi est poursuivi par contumace lors du grand procès de Marrakech, qui s’est déroulé entre 1969 et 1975, pour complot. Le procureur requiert contre lui la peine de mort. Pendant ces quinze années d’exil, Abderrahmane El Youssoufi adhère à plusieurs ONG, notamment l’Union des avocats arabes dont il fut le secrétaire général adjoint, l’Organisation arabe des droits humains, SOS Torture et l’Institut arabe des droits de l’Homme.
1975 : À la suite du congrès exceptionnel du parti de l’UNFP en 1975, ce dernier change de nom pour éliminer tout amalgame, et devient l’Union socialiste des forces populaires (USFP). El Youssoufi est désigné par les instances du parti comme délégué permanent à l’extérieur.
Retour au Maroc
De 1978 à 1992 : Abderrahmane El Youssoufi devient en 1978 membre du bureau politique de l’USFP. Gracié, il rentre au Maroc en août 1980. Douze ans après, en 1992, alors numéro deux du parti, il en devient premier Secrétaire, après la mort de Abderrahim Bouabid.
1995 : Après deux ans d’exil volontaire à Cannes pour dénoncer le trucage électoral des législatives de 1993, Abderrahmane Youssoufi revient au Maroc dans la perspective de nouvelles réformes politiques dans le Royaume. Il reprend alors son poste de premier secrétaire de l’USFP, deux échéances sont au rendez-vous. Organiser la campagne pour la réforme constitutionnelle et les élections anticipées.
Reconsidération et exercice du pouvoir
1998 : Après les législatives de 1997 remportées par l’USFP, Abderrahmane El Youssoufi est nommé Premier ministre du gouvernement d’alternance le 4 février 1998 par Feu SM Hassan II, une responsabilité assumée jusqu’au lendemain des élections législatives du 27 septembre 2002.
Retrait de la vie politique, maladie et décès
2002 : Les législatives de cette année, en théorie devaient reconduire l’USFP à la tête du gouvernement. Mais, les partis de l’Istiqlal et du PJD ayant des revendications, c’est le technocrate Driss Jettou qui est nommé par SM le Roi Mohammed VI, à la tête du gouvernement. Cette nomination est jugée par l’USFP comme un non-respect de la «méthodologie démocratique».
2003 : Le 28 octobre de cette année marque la démission de Abderrahmane El Youssoufi de son poste de Premier secrétaire de l’USFP et son retrait de la scène politique.
2016 : SM le Roi Mohammed VI inaugure une avenue portant le nom d’Abderrahmane El Youssoufi dans sa ville natale de Tanger.
2020 : El Youssoufi décède à Casablanca dans la nuit de jeudi 28 à vendredi 29 mai 2020 des suites d’une longue maladie.
ML
