Alors que l’opposition veut voir des têtes rouler, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a déclaré: «Si le gouvernement est responsable, il démissionnera et moi aussi».
Une première dans les annales des gouvernements marocains, depuis l’indépendance: Abdelilah Benkirane a annoncé devant le Conseil de gouvernement du jeudi 16 avril 2015, alors que l’enquête sur le tragique accident de la circulation à Tan-Tan qui a fait 34 morts n’a pas encore révélé ses secrets, que le gouvernement assumerait ses responsabilités en prenant les mesures qui s’imposeraient, ajoutant que si la responsabilité de quelque ministre que ce soit est prouvée, il présentera sa démission, ainsi que le chef de gouvernement et toute son équipe ministérielle.
Lors d’un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a fait savoir que Abdelilah Benkirane a précisé que SM le Roi Mohammed VI avait donné ses Hautes instructions pour aller loin dans cette enquête et dans les plus brefs délais. Les résultats seront publiés et tout un chacun assumera sa responsabilité parce que, a dit le chef de gouvernement, «arrouh âziza ând Allah».
Ces propos, a souligné le ministre El Khalfi, ne sont pas de la surenchère et le chef de gouvernement a précisé qu’il parlait «sous le contrôle de Dieu-tout-Puissant, SM le Roi et le peuple marocain». Le porte-parole du gouvernement a justifié, lors de ce point de presse, les propos de Benkirane. D’après lui, ce sont le caractère dramatique de l’accident de Tan-Tan et le choc qui ne l’a pas quitté depuis qui ont dicté les déclarations du chef de gouvernement, sa position et son insistance pour que les résultats de l’enquête soient publiés et les responsabilités établies.
L’opposition cherche des coupables
A la Chambre des représentants, l’opposition a promis de désarçonner les ministres chargés de l’Equipement et du Transport et a réclamé leur tête.
Le tragique accident de la circulation de Tan-Tan qui a fait 34 victimes, dont la plupart étaient des enfants et des adolescents, a été l’objet de la première séance des questions orales de la session printanière. Le ministre de l’Equipement et du Transport, Aziz Rebbah et le ministre délégué chargé du Transport, Najib Boulif, ont eu à répondre aux questions des députés concernant cet accident.
Acculés à la défense, les deux ministres, Aziz Rebbah et Najib Boulif (PJD), se sont évertués à déculpabiliser l’infrastructure routière accusée par certains députés d’être responsable de cet accident tragique. Hasna Abou Zeïd, députée de l’USFP (opposition) n’y est pas allée par quatre chemins en dénonçant l’état défectueux de l’infrastructure routière, principalement dans les régions sud du Royaume. Pour Aziz Rebbah, il faudrait attendre les résultats de l’enquête que mène le département de l’Intérieur pour cerner ce tragique accident qui a fauché la vie de 34 personnes.
Réunir la Commission de l’intérieur
Lors d’une séance houleuse des questions orales, la première de cette session printanière, les députés ont déploré ce drame de la route. Le PJD (majorité) a même suggéré la tenue d’une réunion de la Commission de l’intérieur pour faire le point sur cet accident de la route en présence des ministres de l’Intérieur et de l’Equipement.
Tous démissionnaires
Pour sa part, le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a promis, lors du dernier Conseil du gouvernement que toute la lumière serait faite sur ce drame de la route et que si la responsabilité d’un ministre, du gouvernement ou de lui-même venait à être établie, ils seraient tous obligés de présenter leur démission.
L’opposition veut la tête de Rebbah et de Boulif
De leur côté, les députés de l’opposition ont promis de mener une campagne immédiatement après l’annonce des résultats de l’enquête pour ameuter la société à travers des meetings politiques et syndicaux et les sites électroniques en exigeant la démission des ministres Aziz Rebbah et Najib Boulif.
Pour se défendre, le ministre de l’Equipement et du Transport a assuré que l’état de la route où s’est produit l’accident est bon et qu’il est prévu de l’élargir davantage jusqu’à 9 mètres. Son argument était qu’il ne s’était produit qu’un seul accident sur ce tronçon de route en l’espace de cinq ans, avec un mort seulement.
Visiter le lieu de l’accident
Pour plus de transparence et afin de leur permettre de vérifier sur le terrain ses propos, Rebbah a invité les députés à mettre sur pied une commission chargée de se déplacer sur le lieu de l’accident pour se rendre compte de visu de l’état des lieux et des vraies raisons du regrettable accident.
Mohammed Nafaa