Le ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau et le Comité national de prévention des accidents de la circulation (CNPAC) ont organisé, en partenariat avec le programme des politiques de transport en Afrique (SSATP), le 1er Forum africain de la sécurité routière.
Ce Forum, qui s’est déroulé à Marrakech, du 13 au 15 novembre 2018, sous le Haut patronage de SM Le Roi Mohammed VI, avait pour thème «La sécurité routière en Afrique: levier du développement durable».
Ils ont fait le déplacement à Marrakech…
Plus de vingt ministres africains, des autorités gouvernementales, des acteurs publics et privés et des composantes de la société civile au niveau du continent, outre les organisations internationale concernées, ont fait le déplacement vers la Ville ocre, pour assister à cet évènement que tous ont applaudi et remercié le Maroc de l’avoir organisé. La rencontre se voulait une plate-forme d’échange d’expertises et de bonnes pratiques dans le domaine de la sécurité routière, l’objectif étant de capitaliser sur les acquis des uns et des autres, pour que les similitudes socio-économiques et culturelles entre pays africains soient des atouts et des facteurs de succès.
Témoignages poignants
Tous les intervenants, lors de la séance inaugurale et dans les panels, ont été unanimes à tirer la sonnette d’alarme.
«Nos routes restent toujours source de fatalité et de mort, nous ne devons plus accepter que nos enfants meurent sur le chemin». Ce témoignage poignant venu d’Afrique et qui a bouleversé l’assistance, était celui de Zoleka Mandela, petite-fille du leader sud-africain, Nelson Mandela, qui a perdu en 2010 sa fille âgée de treize ans, dans un accident de la route, renversée par un chauffeur en état d’ivresse. «Il faut agir», a-t-elle lancé devant une assistance abasourdie par le fait qu’elle ait appelé à observer une minute de silence et à agir pour juguler un tel fléau dévastateur, au moment où il y a toujours des tueurs qui roulent en liberté.
El Othmani ému
La séance d’ouverture du 1er Forum africain de la circulation routière a présenté, un documentaire à l’appui, des scènes d’accidents mortels. Intervenants sur le vif, le chef de gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, n’a pas caché son émotion. S’adressant à Mme Zoleka Mandela, il lui a dit: «Soyez sûre que votre auguste père, feu Nelson Mandela, jouit de beaucoup d’amour et d’estime auprès des Marocains». Et, revenant au Forum, il a souligné: «La tenue de cet important évènement au Maroc est un honneur pour notre pays et pour la ville de Marrakech». Et d’ajouter: «Le fait que Sa Majesté ait choisi de placer ce Forum sous son Patronage reflète l’intérêt que porte le Maroc à la sécurité routière et sa foi en l’Afrique».
Geste royal
Lui emboîtant le pas, le ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, Abdelkader Amara a souligné: «Le Geste royal traduit l’importance qu’accorde le Souverain à tout ce qui touche la sécurité routière». L’Afrique connaît actuellement le taux de mortalité le plus élevé au monde, bien qu’ayant le taux de motorisation le plus faible. L’OMS estime que le taux de mortalité routière en Afrique s’élève, en 2015, à 26,6% pour 100.000 habitants. Près d’un quart de million de personnes ont été tuées sur les routes africaines en 2013, soit environ un cinquième du nombre total de décès dans le monde. Cela signifie qu’environ 675 personnes meurent chaque jour sur les routes d’Afrique.
Tous d’accord
Un point sur lequel tous les intervenants étaient d’accord est que la moitié des décès en Afrique touche les personnes les moins protégées (motocyclistes, cyclistes et piétons). Le continent africain enregistre la proportion la plus élevée de décès de piétons, soit 39%. Deux facteurs jouent dans la hausse des accidents de la route, a dit un participant: l’incivisme des conducteurs et la corruption, qui sévissent toujours. Il faut donc lutter énergiquement contre ce fléau dévastateur. De son côté, un autre participant a estimé que les autorités doivent revoir l’infrastructure routière, le déficit de signalisation et l’état défectueux des parcs autos.
DNES à Marrakech: Mohammed Nafaa
Ils ont déclaré…
Saâd-Eddine El Othmani, chef de gouvernement
Partager nos expériences avec l’Afrique
«Il s’agit, aujourd’hui à Marrakech, d’un évènement de haute importance. En effet, le 1er Forum africain de la sécurité routière est une mission humaniste et sociale qui vise à réduire le nombre des accidents sur les routes d’Afrique; sachant que le continent est encore en retard pour ce qui est des données relatives à la sécurité routière. Ce premier Forum, qui se tient à Marrakech, est une opportunité pour que le Maroc partage les expériences et les bonnes pratiques en matière de sécurité routière et développe les échanges et les relations entre les opérateurs économiques africains dans ce domaine. Il est donc attendu de ce premier Forum de mettre en œuvre une feuille de route africaine permettant de sauver des milliers de personnes des accidents sur les routes africaines».
Propos recueillis à Marrakech par M. Nafaa
Abdelkader Amara, ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau
S’inspirer de l’expérience des autres
«Le Forum africain de la sécurité routière à l’échelle de l’Afrique est très important du fait qu’il est le premier qui se fait à ce niveau. C’est vrai qu’il y a des forums sous-régionaux, mais celui-ci concerne pratiquement tous les continents.
L’opportunité, c’est d’abord la déclaration de Marrakech qui fera de la problématique de la sécurité routière la priorité des priorités. C’est aussi œuvrer ensemble pour la création d’un Observatoire africain de la sécurité routière, parce que les chiffres et les indicateurs pour les stratégies de la sécurité routière font encore défaut.
Je pense que tous les pays africains devraient s’inspirer non seulement de l’expérience marocaine, mais également de celle des pays étrangers qui ont beaucoup milité et œuvré pour réduire le nombre des victimes des accidents de la route».
DNES à Marrakech: M.N.
Mohamed Najib Boulif, secrétaire d’Etat chargé du Transport
Baisser le taux de mortalité sur nos routes
«Nous sommes, aujourd’hui, au niveau du premier Forum africain de la sécurité routière, qui cadre avec la Stratégie nationale de la sécurité routière marocaine (2017-2018), dont l’objectif est de faire baisser le taux des accidents, au niveau des routes, de 50%, dans le sens des recommandations et des Directives royales qui veulent que l’Afrique soit une priorité pour le Maroc. Nous entamons donc ce premier Forum en espérant qu’il y aura d’autres évènements similaires à l’avenir qui iront dans ce sens, afin de donner à l’Afrique l’essentiel de ce que nous pouvons donner, au Maroc, dans le cadre de la sécurité routière au niveau du taux de mortalité sur les routes. Nous avons donc beaucoup de choses à faire. Nous allons également, dans le cadre de ce premier Forum, lancer l’Observatoire africain de la sécurité routière, en présence d’une vingtaine de ministres ayant fait le déplacement et avec toutes les organisations mondiales, telles la Banque Mondiale, qui sont nos partenaires pour ce premier Forum».
Benaceur Boulaâjoul, secrétaire permanent du Comité national de la prévention routière.
Pour des résultats concrets
«Aujourd’hui, nous organisons le premier Forum Africain de la sécurité routière. Il s’agit du premier évènement africain de cette importance sur le plan continental, car c’est le plus important après celui de Brasilia.
C’est un Forum qui bénéficie de la participation de l’ensemble des acteurs concernés par la sécurité routière, notamment l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). Nous nous attendons à ce que les recommandations de ce Forum débouchent sur des résultats concrets et, surtout, avec un projet concret qui consiste en la création de l’Observatoire africain de la sécurité routière qui sera l’émanation du Forum de Marrakech».
Propos recueillis à Marrakech par M. Nafaa