Encore une gifle pour les adversaires du Maroc. Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont validé, ce lundi 16 juillet à Bruxelles, leur décision d’adaptation de l’accord d’association et de l’accord agricole avec le Royaume incluant le Sahara marocain, a-t-on appris de source européenne. Ces ministres ont demandé au Parlement européen d’adopter cette décision dans les meilleurs délais.
Il s’agit d’une mesure conforme à la décision de la Cour de Justice de l’UE sur l’accord de libéralisation des produits agricoles et autres, du 21 décembre 2016, qui vise à consacrer, dans les textes, l’extension des préférences tarifaires au Sahara marocain, explique la même source.
Ainsi, cette décision tend à la fois à conforter la base juridique de l’exportation vers l’UE des produits issus des provinces du sud, avec des préférences commerciales et à favoriser le développement de ces régions, estime-t-on de même source.
La décision des ministres des Affaires étrangères de l’UE, qui ont demandé au Parlement européen de l’adopter dans les meilleurs délais, permet également à l’UE de «continuer à conforter son partenariat avec le Maroc et montre la voie à suivre pour l’accord de pêche entre les deux partenaires dans les mois à venir», s’est félicitée la même source.
L’adoption, ce même lundi, de la décision des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne pourrait-elle aider à trouver un accord entre les négociateurs marocains et européens au sujet du protocole de pêche? Les professionnels marocains, l’affirmaient cette semaine: les choses s’annoncent plutôt bien pour les pourparlers qui sont en cours. Ces mêmes professionnels en ont profité pour souligner, dans ce cadre, que le Royaume tient, certes, à son partenariat avec l’UE, mais son intégrité passe avant tout. «La seule condition de l’accord de pêche Maroc-UE, c’est de le traiter dans le cadre de la souveraineté marocaine. Et toute négociation en dehors de cette intégrité doit être rejetée», tient à souligner Youssef Benjelloun, membre de la Commission maroco-européenne. Et celui-ci d’ajouter: «Le Maroc et l’Union européenne sont conscients que les négociations sur l’accord de pêche doivent aboutir et ce, dans l’intérêt des deux parties. Certes, il y a des problèmes. C’est tout à fait normal comme dans n’importe quel accord, d’ailleurs».
«Ce n’est pas la première fois que les adversaires du Royaume tentent de faire la pression sur les instances de l’UE pour le non-renouvellement de l’accord de pêche. A chaque fois, on essaie de créer des obstacles. Mais pour l’Etat marocain, il est hors de question de négocier le protocole en dehors de la souveraineté du pays. L’accord de pêche ne doit jamais être renouvelé sans inclure le Sahara», souligne pour sa part, Abdelouahed Chair, vice-président de la Chambre de pêche maritime de la Méditerranée.
Ceci étant, conformément aux dispositions de l’accord de pêche Maroc-UE, 126 bateaux européens ont dû quitter les eaux marocaines, samedi 14 juillet à minuit, date de l’expiration finale de l’actuel accord de pêche liant le Maroc à l’UE. Avec une flotte de 90 navires, les professionnels espagnols -pour qui le pire est arrivé avec l’expiration de l’accord- ont été les premiers à regretter qu’à l’issue de cinq rounds, aucun consensus n’ait été trouvé pour la reconduction de l’accord. Ils l’ont d’ailleurs fait savoir dans un communiqué, diffusé il y a quelques jours par la Confédération espagnole de pêche. Pendant ce temps, le gouvernement ibérique a essayé d’apaiser les esprits en annonçant qu’il va octroyer des aides aux professionnels du secteur de la pêche durant l’arrêt de leur activité dans les eaux marocaines.
Notons que, depuis que les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont annoncé leur décision d’adaptation de l’accord d’association et de l’accord agricole avec le Royaume de manière à inclure le Sahara, cette mesure a ravivé l’espoir dans les milieux de la pêche dans la péninsule ibérique. En effet, des sources professionnelles espagnoles ont indiqué au Reporter que cette décision pourrait accélérer les négociations.
«Les tractations bloquaient surtout au niveau de certains points, dont notamment celui ayant trait au volet politique et aussi à la question de la contrepartie financière exigée par le Maroc», indiquent ces mêmes sources. Et de poursuivre: «Maintenant que le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE a adopté cette décision, nous gardons espoir qu’un accord pourrait être trouvé sans difficulté dans les semaines à venir, même si plusieurs points techniques (quantité, espèces de poissons capturés et repos biologique) restent encore en suspens».
Les mêmes sources affirment que les pourparlers reprendront la semaine prochaine à Bruxelles. Elles espèrent que les deux parties parviennent à un accord, notamment sur certains détails qui, assure-t-on auprès des mêmes sources, bloqueraient toujours les négociations. «Concernant la question de la contrepartie financière, par exemple, nous avons appris que les négociateurs marocains ont demandé la hausse de cette contrepartie. Le Maroc aurait exigé une enveloppe de 800 millions de dirhams, au lieu de 400 millions de dirhams», avancent les mêmes sources professionnelles à la Confédération espagnole de pêche. Lesquelles n’excluent pas la prorogation de l’actuel accord pour permettre aux pêcheurs européens de continuer de pêcher dans les eaux marocaines. «En attendant l’aboutissement des pourparlers entre les deux parties, la prorogation de l’accord serait en fait une solution à l’arrêt d’activité des bateaux européens», estiment les mêmes sources espagnoles.
Du côté du Maroc, une source professionnelle nous a déclaré que la reconduction de l’accord est fort possible. Mais, a-t-elle indiqué, cela prendra probablement beaucoup de temps avant l’adoption finale du protocole. «Après sa conclusion, l’accord de pêche devra suivre tout un processus. Il devra en effet être soumis à la validation du Conseil de l’Europe et aux gouvernements européens, ainsi qu’au parlement européen», a précisé ce professionnel, pour qui, l’option de la prorogation n’est guère admissible vis-à-vis de l’Union européenne. D’ailleurs, a-t-il conclu, «la dernière fois, il y a eu prorogation mais, après huit mois de pêche par les bateaux européens dans les eaux nationales, le Parlement européen avait rejeté cette prorogation».
Naîma Cherii