Action : Un plan pour plus de visibilité

(Le Reporter» à Bruxelles)

«L’Europe assistera le Maroc pour une stabilité et la mise en œuvre des réformes». Une conclusion à retenir des propos de Dirk Buda, Desk Officer Morocco à la division du Maghreb, au Service européen d’action extérieure.

Parlement Europeen Gr

En effet, malgré la crise, l’UE compte poursuivre son aide financière au Maroc à travers des dons atteignant 200 millions d’euros par an. Une assistance qui se fera en dehors de l’existence ou non de l’UMA qui s’avère, selon le responsable européen, difficile à mettre en place dans la conjoncture actuelle et à cause de l’impact de la situation au Mali. Avec le temps, la situation changera et «à terme, l’Algérie finira par comprendre que son intérêt est dans l’Union», a précisé Buda.
Pour ce qui est de la relation avec le Maroc en particulier, un plan d’action est très attendu dans le cadre de la politique de voisinage, ainsi que l’approfondissement et le développement du Statut avancé dont bénéficie le Maroc. Dirk Buda a même affirmé que les parties marocaine et européenne ont déjà finalisé ce plan qui n’attend plus que la décision du Conseil, pour être soumis au vote à la majorité qualifiée au Parlement. Buda s’est montré confiant et très enthousiaste pour ce plan sur lequel les membres de l’Union sont d’accord, vu qu’il est très positif pour les deux parties. «Il s’agit d’un partenariat très avancé et plus développé. C’est une association plus étroite qui préconise une adhésion technique et commerciale allant dans le sens de certaines libéralisations qui se feront graduellement selon les intérêts de chaque partie». C’est donc un accord qui concerne tous les domaines prioritaires intéressant l’UE et le Maroc, notamment l’abolition des barrières tarifaires pour les produits industriels, l’accord sur l’agriculture, la libéralisation du secteur des services ou encore l’accord de pêche qui traîne depuis un certain temps.
Cependant, Dirk Buda est catégorique. L’Europe cherche à approfondir ses relations avec le Maroc à tous les niveaux, à condition que le Royaume adopte une stratégie de convergence et accélère les réformes qu’il a déjà entamées.

Réformes
Ce que le Maroc doit faire

Les responsables européens estiment quasi unanimement que, dans le cadre de la délimitation d’un espace commun d’association, le gouvernement marocain doit activer l’opérationnalisation de la Constitution à travers des lois organiques. L’Europe est certes aujourd’hui très consciente des efforts consentis par le Maroc, mais un bon nombre de réformes et d’initiatives s’imposent encore. Il s’agit notamment de la réforme de la Justice, de la Caisse de compensation, du Code de la presse et de l’amélioration du climat des affaires pour donner plus de confiance. Il y aaussi lieu de renforcer la lutte contre la corruption.

 

Pêche
Déjà une voix «Pour»

Information qui a été confirmée par Struan Stevenson, vice-président de la Commission de pêche au Parlement européen, qui a assuré qu’il est pour un accord de pêche. Lequel accord devrait intervenir avant la fin de l’été. «On attend les recommandations de la Commission européenne sur un nouvel accord avec le Maroc. En général, cet accord devrait aboutir dans les mois qui viennent. Personnellement, je suis pour, car il solutionnera des problèmes de part et d’autre. Il permet aux pêcheurs européens de souffler en ces temps de crise et consolide les relations bilatérales en installant une plus grande confiance entre les deux parties». Dans ses propos, Stevenson n’a pas indiqué certaines entraves, notamment la position des opposants à l’accord dont les termes ne devraient pas intéresser les provinces du Sud marocain.


Maroc-UE
Un partenaire prioritaire

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580 millions d’euros est le montant des dons octroyés au Maroc par l’UE. Cette somme, perçue entre 2011 et 2013, a servi à soutenir financièrement plusieurs projets et réformes touchant différents secteurs d’activité. C’est donc un élément significatif qui traduit la solidité des relations entre le Maroc et l’Union européenne, selon Michael Mann, porte-parole de Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne.
Certes, a expliqué Mann, le Maroc n’est pas le seul pays de la région avec lequel l’UE entretient des relations, ni qui bénéficie d’un soutien financier. Mais «il en reçoit plus que les autres, vu que c’est un partenaire privilégié». Le Maroc est même aujourd’hui, «une priorité pour l’UE au vu des efforts qu’il entreprend». Mann a souligné à cet effet: «Nous tenons à féliciter le Maroc pour les efforts consentis en matière de réformes politiques, mais nous espérons que la nouvelle Constitution sera mise en application et que d’autres initiatives consolideront les choix démocratiques du Maroc». C’est d’ailleurs dans ce cadre, déclarera encore le porte-parole d’Ashton, qu’entre le nouvel accord de libre-échange qui est le programme d’assistance complet et approfondie (ALECA).
Mais il n’y a pas que cela. Mann a aussi fait savoir qu’en juin prochain l’UE et le Maroc procéderont à Bruxelles à la signature d’un partenariat sur la mobilité. Un accord qui devrait faciliter l’octroi des visas particulièrement pour les étudiants, les chercheurs et les hommes d’affaires. Pour ce qui est de la migration, de la lutte contre l’immigration clandestine et les réseaux de trafic de migrants, le Maroc sera aussi aidé par l’UE en vue de renforcer sa capacité sur les plans législatif, institutionnel et opérationnel.
Trop sollicité sur la question du Sahara marocain, Michael Mann s’est montré réservé et prudent. La position de l’UE consiste, selon lui, à soutenir «les efforts consentis par le Secrétaire général des Nations Unies et son envoyé spécial pour le Sahara». Réponse vague que Mann expliquera en ces termes: «Je ne suis pas habilité à dire plus».

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Visite de presse
Une première pour la Communication

C’est une bonne initiative -enfin!- que celle menée par le ministère de la Communication! Une initiative louable qui consistait à conduire une délégation de journalistes en visite aux différentes institutions de l’Union européenne. Une vraie «Première» pour le ministère, marquée par un programme, certes chargé, mais plein d’informations sur la position de l’Europe vis-à-vis de son partenariat avec le Maroc, ses perspectives et surtout ses retombées. Des leçons aussi, disons-le, sur la manière dont sont traités et discutés tous les dossiers dans un circuit appelé dans le jargon local «le trilogue» (Conseil de l’Europe, Commission européenne et Parlement européen) et sur la rigueur et la démocratie dans les prises de décision.
Ainsi, du 23 au 25 avril, une douzaine d’organes de la presse marocaine étaient à l’honneur à Bruxelles. Tout a commencé par la visite du Service européen de l’action extérieur, SEAE (l’équivalent d’un ministère des Affaires étrangères pour l’Union Européenne) et du Parlement européen au sein duquel la délégation a assisté aux travaux de la commission de la Pêche. Marqués surtout par la transparence et l’efficacité qui caractérisent le travail des membres des institutions, les journalistes ont notamment eu l’occasion de toucher de près la mission de chaque institution et son rôle dans le cadre des diverses négociations menées avec le Maroc à travers des rencontres avec des responsables de différents services. Sur ce premier essai, le ministère de la Communication a bien réussi. Au suivant!

 

Les Accords
Comment ça marche…

Souvent, on s’est étonné du temps que prend un accord avant d’être définitivement adopté par les instances européennes. Le fait est qu’il s’agit de tout un circuit qui devrait unir les points de vue du «trilogue». Tel est le cas du plan d’action (2013-2017) pour la mise en œuvre du statut avancé qui est actuellement au sein de la Commission européenne et devrait être ratifié par les Parlements marocain et européen avant d’entrer en vigueur.
En fait, quand un accord commercial est négocié, il relève de la compétence exclusive de la Commission européenne (organe exécutif de l’Union européenne). Mais celle-ci doit absolument prendre en compte l’avis des Etats membres qui devront quand même donner leur accord dans le cadre du groupe de travail de la commission concernée. Ensuite, un acte est pris à travers une décision de la commission à la majorité qualifiée. Après, c’est l’avis du Parlement qui est sollicité. Celui-ci est directement intégré au processus depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Son vote doit donc absolument être positif, sinon toute la procédure sera bloquée.
Le processus est donc très complexe. Voilà pourquoi il s’étale sur le temps. Dans le cas du Maroc, les responsables parlent d’au moins 2 ans avec une application graduelle au moment de l’adoption. Ils suggèrent ainsi au Maroc de tirer profit des négociations pour élaborer conjointement avec l’Union une stratégie de convergence et savoir quel modèle de partenariat choisir. S’il s’agit «d’un espace commun avec le Maroc», ou bien que le Maroc soit «intégré dans l’espace économique européen avec un statut ressemblant à celui de la Suisse», ou bien «ira-t-on vers un espace sud méditerranéen?», comme s’interroge un responsable.

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Partenariat
Sur une base de «More for more»

L’UE est le premier partenaire commercial du Maroc, à hauteur de 50% environ, dans l’ensemble des échanges. Les échanges de biens ont atteint en 2012 plus de 26 milliards d’euros, alors que ceux des services représentent 7 milliards d’euros. Les investissements directs bilatéraux s’établissent à près de 29 milliards d’euros. Ces faits sont parallèlement doublés d’accords d’association, de statut avancé, de l’ALECA… En somme, beaucoup d’actes attestent que le Maroc est bien sur la bonne voie pour décrocher un Statut «spécial» dans ses relations avec l’UE qui semble aussi disposée à aller plus loin dans l’approfondissement de ses relations avec le Maroc. Pour le commissaire européen en charge de la Politique de voisinage et de l’Elargissement, Stefan Fule, «L’ALECA entre le Maroc et l’UE va au-delà de la simple notion de libéralisation des échanges commerciaux et de suppression des droits de douane». C’est bien un accord qui aspire à une harmonisation graduelle du cadre législatif et réglementaire marocain, avec l’acquis communautaire dans plusieurs domaines liés, afin d’aboutir à une plus étroite intégration économique. C’est là qu’intervient d’ailleurs cette notion tant relatée par les responsables rencontrés à Bruxelles: «More for more» (Plus pour plus), en ce sens qu’à mesure que le Maroc va avancer sur cette voie des réformes, l’Europe continuera de le soutenir, l’incitant ainsi à accélérer sa marche vers le développement et la démocratie. Estimant que le Maroc, qui avance bien, dispose des moyens pour accélérer la cadence des réformes démocratiques, l’UE réclame, entre autres, l’opérationnalisation de la nouvelle Constitution, la réforme de la justice par le biais d’une stratégie définie clairement avec un agenda précis, la bonne gouvernance, l’intégration régionale, ainsi que la lutte contre le chômage et en particulier celui des femmes et des jeunes… Des chantiers sur lesquels le Maroc est déjà à pied d’œuvre mais qu’il faudra encore dynamiser. Donc, faire plus pour avoir plus. C’est du «donnant-donnant» en quelque sorte qui fera gagner le Maroc en notoriété et surtout en stabilité, élément vivement recherché par l’UE dans sa politique de voisinage et de l’élargissement.

 


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