L’actualité de ces derniers jours, au Maroc, a été marquée par deux événements sur lesquels restent braqués tous les projecteurs.
Il s’agit de l’incroyable programme de financement des jeunes porteurs de projets, citadins et ruraux, présenté sous l’intitulé officiel «Programme intégré d’appui et de financement des entreprises», dont la cérémonie de lancement a été présidée par SM Mohammed VI, le 27 janvier 2020 au Palais Royal de Rabat.
Et il s’agit de l’autre programme, qui porte, lui, le titre de «Programme de développement urbain de la ville d’Agadir (2020-2024)» ; et dont le lancement s’est effectué à son tour sous la Présidence de SM le Roi, mardi 4 février 2020, à Agadir.
Certes, il est indéniable que ce sont là deux programmes majeurs. Pas seulement parce qu’ils ont été présidés par le Roi et que c’est aussi le Roi qui en est l’initiateur, mais du fait-même de leur contenu.
Cependant, si tout a été dit, ces derniers jours, au sujet de ces deux programmes dont les contenus n’ont pas de lien direct, mais qui s’inscrivent -tous deux- dans la droite ligne d’une stratégie royale qui se dessine de plus en plus clairement… Il reste à s’arrêter sur cette stratégie qui semble intéressante à plus d’un titre.
Pas assez de recul pour en juger ? Sans doute. Mais essayons…
Il est vrai que le programme de financement des jeunes porteurs de projets est tellement inattendu, dans son montage, ses détails, les avantages qu’il présente aussi bien aux jeunes des villes qu’à ceux des campagnes (voir notre dossier de la semaine)… Que les médias, autant que l’opinion publique, en sont encore à en examiner les tenants et aboutissants !
Jamais, au Maroc, les jeunes n’ont eu pareille opportunité, pour se prendre en mains, créer leur propre entreprise et entrer dans la vie active accompagnés par tout un pays, sous la supervision de la plus haute autorité de l’Etat !
Car le Roi, qui a ajouté un Fonds de garantie de 2 milliards de Dirhams, via le Fonds Hassan II, aux 6 milliards initiaux, a exigé un Reporting mensuel de la mise en œuvre du programme. Mensuel ! C’est dire la vigilance côté supervision, la pression côté exécution… Et les 2 milliards sont dédiés aux jeunes en milieu rural. Exclusivement. Une première !
Il est également vrai que le programme de développement urbain de la ville d’Agadir, pour la période 2020-2024, impressionne par ses ambitieux objectifs d’infrastructure, socio-économiques et autres domaines d’intervention prévus… De même qu’il impressionne par les moyens qu’il met en avant pour les réaliser. Tout est prévu en grand, pour la ville et, par extension, pour l’ensemble de la région du Souss-Massa. L’objectif final étant le lien que cette région du Sud, appelée à en devenir une plaque tournante de par sa position stratégique, devra constituer entre la partie septentrionale du pays et sa partie méridionale.
Et si le programme n’en oublie pas pour autant «l’amélioration des indices de développement humain» ni «la promotion des conditions de vie des populations, notamment des habitants des quartiers sous-équipés», selon les termes utilisés lors de la présentation, ce ne semble pas être un hasard…
Ce qui ressort de tout cela, c’est que SM Mohammed VI a, de facto, lancé une stratégie de lutte contre les disparités, tant sociales que territoriales et de redistribution des richesses. Et cela, sans attendre les atermoiements du Gouvernement, que ce soit avant ou après les recommandations de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement.
Les disparités deviennent une véritable entrave. Tous les acteurs politiques et forces vives du pays le reconnaissent et le disent aujourd’hui.
Les décisions que prend le Roi et qui visent à combattre ces disparités, ou même à les atténuer, sont autant d’épines que le Souverain enlève du pied de ceux qui sont (et/ou seront en 2021) chargés d’exécuter la politique générale du pays.
Et les populations bénéficiaires s’en réjouissent. Il n’est que de voir la joie des jeunes cette semaine. Notamment celle des jeunes ruraux qui disent ne s’être jamais vu offrir une telle opportunité (obtenir un crédit pour financer un projet, au taux de 1,75 et sans apport, sans remboursement la 1ère année, etc).
La joie également des habitants d’Agadir qui voyaient avec envie Tanger se développer…
La lutte contre les disparités, qu’elles soient sociales ou territoriales, est sans conteste la priorité du Maroc. Et si le Roi s’y attaque, c’est que la priorité sera bel et bien une priorité. C’est cela le meilleur !
Bahia Amrani