Les marocains ont toujours été tentés par le travail à l’étranger principalement pour se garantir une meilleure qualité de vie, une meilleure évolution de carrière et un meilleur environnement de travail. Depuis que le nouveau Coronavirus (Covid-19) a envahi le monde, on assiste à une immigration inversée. Des Marocains établis en Europe, principalement en Espagne, en France et en Italie, n’ont qu’une idée en tête: regagner le Maroc quitte à le faire à bord de pateras, moyennant le paiement de sommes parfois exorbitantes pour fuir le Covid-19.
Tentant de fuir l’épidémie et voulant à tout prix regagné la mère patrie, un grand nombre de Marocains qui avaient émigrés en Espagne, font aujourd’hui le choix de faire le chemin inverse qui consiste à regagner les côtes marocaines par n’importe quel moyen. Les éléments de la gendarmerie royale ont récemment décrété l’état d’alerte maximale dans la région de Larache suite à des informations faisant état de nouvelles vagues migratoires, tenez-vous bien, en provenance d’Espagne. Les efforts des autorités marocaines ont été payants et ont permis de sauver des dizaines de jeunes marocains revenus d’Espagne à bord de canots pneumatiques après avoir été piégés par la houle, outre l’arrestation d’un individu de nationalité marocaine, originaire de la ville de Larache, soupçonné d’être l’organisateur desdites opérations d’immigration clandestine. Les recherches sont en cours dans des douars relevant de la province de Kenitra, afin de s’assurer que les immigrés clandestins qui ont réussi à passer à travers les mailles du filet, ne sont pas porteurs du Coronavirus. Ironie du sort, ces opérations d’immigration clandestine des côtes espagnoles vers les plages marocains coûteraient entre 30.000 et 60.000DH.
Il y a parfois du courage à fuire…
En Espagne, le nombre de décès causés par le Covid-19 a franchi la barre des 10.000 jeudi 2 avril 2020. Le total de contaminations au Coronavirus dans ce pays, est passé à 110.238. Cette situation a fait qu’un grand nombre de Marocains établis en Espagne, de manière régulière ou clandestine, sont aujourd’hui en proie au chômage dû à l’arrêt de plusieurs activités et la fermeture d’un grand nombre de commerces. Face à cette situation, beaucoup d’entre eux souhaitent rentrer au pays advienne que pourra.C’est ce qu’explique au Reporter, cette jeune marocaine établie en Espagne depuis une dizaine d’année. «Je vis en Espagne depuis 2010. C’est en scellant un mariage blanc avec un espagnol que j’ai pu immigrer. Depuis que le Covid-19 est là, je vis un véritable enfer. Je donnerai tout pour retourner dans mon pays, le Maroc. Ici, des dizaines de Marocains vivent la peur au ventre. Ils craignent d’être contaminés par le Covid-19. Ce qui les terrorise davantage, c’est de savoir qu’ils risquent (La Qaddar Allah), d’être enterrés loin de leur pays natal, le Royaume du Maroc», affirme Salwa E, 28 ans, mère d’un garçon de 8 ans. Les Marocains qui vivent en Espagne ne sont pas les seuls à vouloir regagner leur pays natal. En Italie comme en France, la diaspora marocaine se sent comme dans une boîte, prise au piège. En dépit des efforts déployés par les différents Consulats du Royaume pour venir en aide aux Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) dans ces moments difficiles, nombreux sont les MRE qui ne pensent qu’à une seule chose, regagner le Maroc le plus tôt possible. C’est le cas pour Mourad, jeune trentenaire originaire de Casablanca qui réside de manière irrégulière en Italie, depuis presque deux ans. «Je suis arrivé en Italie en 2018. Comme tous les jeunes de mon âge, je rêvais d’une vie meilleure et un travail décent qui me permettrait de fonder une famille. Qu’est-ce que je peux vous dire si ce n’est que la chance ne m’a pas du tout été de mon côté. Je me retrouve aujourd’hui obligé de rester enfermé dans un petit studio que je loue avec un autre ami italien. À cause du Covid-19, je souhaite vraiment retourner dans mon pays, le Maroc. En Italie, le Covid-19 a causé la mort de milliers de personnes et ce n’est pas fini. Malheureusement les liaisons aériennes ont été suspendues, sinon j’aurais sauté dans le premier avion pour le Maroc», dit ce jeune Marocain.
En attendant des lendemains meilleurs
De plus en plus de MRE expriment leur volonté de rentrer au bercail en ces temps de Covid-19. Certes, le Maroc n’a jamais abandonné ses enfants. Néanmoins, il s’agit aujourd’hui d’une pandémie qui n’épargne personne et qui a obligé tous les pays du monde à fermer leurs frontières terrestres et espaces aériens au trafic passagers. Il faut dire que les risques sont immenses, sachant que le temps d’incubation du nouveau Coronavirus (Covid-19), peut s’étendre jusqu’à 14 jours. En attendant, la meilleure manière de lutter contre ce mal, c’est rester chez soi et prendre son mal en patience. Demain sera meilleur.
ML