La perspective du retrait des forces alliées d’Afghanistan en 2014 affole Moscou. Le ministre de la Défense, Sergueï Shoïgou, a sans fard transmis ses inquiétudes à son homologue français, Jean-Yves le Drian, en visite dans la capitale russe. «N’abandonnez pas le pays», a exhorté le chef de l’armée russe le ministre français. L’appel, dont la vigueur a plutôt surpris Paris, s’adresse plus largement aux forces de l’OTAN.
En clair: ne répétez pas les erreurs des troupes soviétiques qui, le 15 février 1989, dix ans après avoir traversé la frontière en direction du Sud, la repassaient dans l’autre sens, laissant Kaboul et sa province aux mains des seigneurs de guerre, puis au chaos. Moscou craint que l’histoire ne se répète, avec cette fois une extension du conflit en Asie centrale, directement aux portes de la Russie. Un risque majeur de déstabilisation régionale. L’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe six anciens pays soviétiques, dont la Russie et trois républiques d’Asie centrale (29.000 militaires), redoute une contamination, par les forces talibanes, des mouvements islamistes radicaux qui prospèrent déjà de manière autonome en Ouzbékistan ou au Kirghizstan.