L’Afrique du Sud est dans le viseur après avoir laissé le président soudanais, poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), tranquillement assister au 25ème sommet de l’Union africaine (UA) à Johannesburg, du 13 au 15 juin, puis repartir du pays. Et ce, alors qu’un tribunal sud-africain avait interdit à Omar El-Béchir de quitter le territoire jusqu’à une décision de justice définitive. Pis, le gouvernement sud-africain est soupçonné d’avoir participé à son exfiltration.
Selon le «Sunday Times», qui cite des sources haut placées, un plan aurait été préparé d’avance par les ministres de la Défense, de la Police, de la Sécurité d’Etat, de la Présidence et des Affaires étrangères, pour que M. El-Béchir ne soit pas inquiété. Ce que Pretoria dément catégoriquement. «Le gouvernement dément catégoriquement qu’une réunion secrète des ministres chargés de la sécurité (…) ait eu lieu. Le gouvernement veut régler cette affaire devant la justice. Il doit fournir au tribunal un rapport expliquant comment le président El-Béchir a quitté le pays», a ajouté le gouvernement dans un communiqué relayé par l’AFP.
Omar El-Béchir, au pouvoir depuis 1989, fait l’objet de deux mandats d’arrêt émis par la CPI en 2009 et 2010. Il est inculpé de sept chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ainsi que de trois chefs de génocide. Concrètement, le dirigeant de 71 ans est soupçonné d’avoir contribué, en tant que «président de l’Etat du Soudan et commandant en chef des Forces armées soudanaises», aux «meurtres, exterminations, tortures, transferts forcés, viols, attaques contre des civils et pillages au Darfour», région située dans l’ouest du Soudan, en proie à une guerre civile depuis 2003. L’Afrique du Sud entretient un contingent de 850 hommes au Darfour dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’Union africaine et des Nations Unies (Minuad).
Patrice Zehr