L’impact de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) peut constituer une étincelle qui allume le feu de l’innovation et de l’investissement en Afrique, a souligné la directrice régionale de Microsoft 4Afrika, Amrote Abdella.
“L’Afrique est confrontée à de nombreux défis sur le chemin qui la mènera à devenir un concurrent économique mondial. L’impact de la pandémie de covid-19 sur le développement de l’Afrique peut soit constituer un obstacle massif au progrès, soit être l’étincelle qui allume le feu de l’innovation et de l’investissement sur tout le continent”, a écrit Mme Abdella dans un article de contribution sur “comment l’investissement dans les infrastructures numériques peut aider à la reprise économique de l’Afrique”.
Elle a, dans ce sens, indiqué que le covid-19 a fait progresser l’adoption du numérique à pas de géant en très peu de temps dans la plupart des pays du monde, ajoutant que cette pandémie a également mis en évidence les disparités des infrastructures en Afrique, ainsi que les lacunes en matière d’adoption et de politique.
Et de poursuivre: “C’est maintenant une nécessité, plutôt qu’un luxe, d’accélérer l’adoption de la technologie. En augmentant la productivité et en facilitant l’innovation, la technologie est un secteur clé pour le développement économique de tout pays, et ceux qui se sont lancés dans leur voyage de transformation numérique sont mieux équipés pour faire face aux obstacles qui se présentent”.
Citant un récent rapport de McKinsey & Company sur l’Afrique dans le sillage du Covid-19, la directrice régionale de Microsoft 4Afrika suggère que, pour faciliter la reprise économique de l’Afrique au-delà de la pandémie, le continent devra accélérer sa transformation numérique, notant que ce rapport exhorte les gouvernements et les institutions du secteur social à élargir et à multiplier les offres numériques, à favoriser un environnement propice à une numérisation rapide et à accélérer les investissements dans les infrastructures, entre autres choses.
L’accès est d’une importance primordiale
Mme Abdella a, en outre, soulevé l’absence de haut débit qui est un problème central. “De nombreux pays n’ont pas atteint la masse critique de 20% nécessaire pour améliorer l’efficacité et les flux d’information en vue de la croissance économique et de l’innovation. La demande des consommateurs pour la connectivité sans fil est en pleine croissance et le spectre est une source limitée”, a-t-elle expliqué, préconisant un partage intensif des bandes de fréquences sous-utilisées.
“Alors que le covid-19 a introduit une distanciation sociale et des ordres de confinement sur tout le continent, le besoin de connectivité numérique est plus essentiel que jamais. Et comme la pandémie se propage au-delà des grandes villes vers les zones périurbaines et rurales, les populations non connectées ou sous-connectées risquent de devenir plus vulnérables et isolées car elles n’ont pas les moyens numériques d’accéder aux services essentiels”, a fait remarquer la directrice régionale de Microsoft 4Afrika, estimant que les points d’accès Wifi peuvent fournir des solutions de connectivité efficaces aux stations de test de covid-19 et aux hôpitaux de campagne et peuvent soutenir le travail et l’apprentissage à distance.
Elle a, à cet effet, rappelé que depuis le lancement du projet pilote de Mawingu, partenaire de 4Afrika, en 2013, Microsoft soutient l’utilisation des zones blanches de télévision (TWVS), qui se base sur les portions inutilisées des fréquences pour la diffusion télévisuelle afin d’apporter des solutions à haut débit et connectées à Internet aux communautés éloignées et mal desservies, à un coût abordable.
La nature durable de ce type d’utilisation du spectre rend sa mise en œuvre très rentable, ce qui est extrêmement bénéfique pour les zones rurales, mal desservies et en développement. Grâce aux TVWS, les gens peuvent désormais accéder à l’internet pour moins de 5 % du revenu moyen des ménages.
Au Kenya, le projet Mawingu relie les écoles, le bureau gouvernemental du comté de Laikipia, la bibliothèque publique de Laikipia, la Croix-Rouge et le dispensaire de santé de Burguret. Avec le soutien du fonds d’intervention covid-19 de l’Airband et du département du développement international, Mawingu connecte 85 cliniques de santé publique non desservies dans le comté de Laikipia. Les 24 premières cliniques devraient être connectées d’ici la fin de ce mois.
Faisant désormais partie de l’initiative Microsoft Airband, Microsoft a également l’intention d’étendre et de commercialiser chacun de ses projets pilotes de zones blanches de télévision (TVWS) afin que davantage de personnes puissent accéder à Internet à un prix abordable dans toute l’Afrique. Dans l’est du Ghana, un autre partenaire de l’initiative Airband, Bluetown, fournit un accès à haut débit à un prix abordable, avec 440.000 personnes couvertes dans les zones rurales. Grâce à des technologies comme le TVWS, Bluetown permet aux entreprises et aux écoles locales d’accéder à des services numériques, et si l’on inclut le projet occidental, le nombre de personnes couvertes devrait atteindre près de deux millions.
L’efficacité de la technologie TVWS a été prouvée et son déploiement commercial est en cours après l’achèvement de son cadre réglementaire dans de nombreux pays du monde. En tant que membre de la Dynamic Spectrum Alliance (DSA), 4Afrika a également participé récemment à des consultations publiques au Nigeria afin de participer au déploiement de la technologie TVWS dans le pays.
“Grâce à ce partenariat et à d’autres, nous avons démontré comment les nouvelles technologies, les modèles commerciaux et les approches réglementaires élargissent l’accès à l’internet et soutiennent les objectifs des politiques publiques en matière d’éducation, de soins de santé, d’administration en ligne et d’autres priorités”, s’est félicitée Mme Abdella, relevant que cela incite les gouvernements, à leur tour, à adopter davantage de réglementations ouvrant l’accès aux fréquences des zones blanches de télévision.
Le développement des compétences est un élément crucial de l’infrastructure numérique
“Bien que nous parlions de la nécessité pour les TIC d’investir massivement dans les infrastructures et la technologie pour soutenir l’engagement de l’Afrique dans la 4e révolution industrielle (4IR), cela ne se fera pas sans l’infrastructure humaine nécessaire pour soutenir cette technologie”, a-t-elle jugé. Pour que l’Afrique profite pleinement des possibilités offertes par la transformation numérique et la 4e révolution industrielle, il est essentiel que nous disposions de solides compétences en matière de TIC, a recommandé Mme Abdella.
Et de soutenir: “Nous appelons cela avoir «l’intensité technologique», c’est-à-dire la capacité de ne pas seulement adopter les technologies émergentes, mais aussi de développer les capacités nécessaires pour les utiliser efficacement. Le développement des compétences a un rôle crucial à jouer, à la fois dans la qualification de nouvelles ressources – nos jeunes – et dans l’amélioration des compétences de notre main-d’œuvre actuelle afin qu’elle puisse jouer son rôle dans le soutien au développement des infrastructures TIC”.
Avec la population la plus jeune du monde, l’Afrique peut fournir la future main-d’œuvre mondiale. Mais plus de 50 % des jeunes d’Afrique subsaharienne n’ont pas accès à une éducation formelle et seulement 2% de la main-d’œuvre possède des compétences en informatique.
Microsoft poursuit ses initiatives de développement des compétences, notamment avec un partenariat avec la Banque africaine de développement visant à améliorer les compétences de 50 millions de jeunes et à créer 25 millions d’emplois d’ici 2025. Les SkillsLabs, dirigés par le partenaire 4Afrika, et le programme Interns4Afrika (stages) offrent aux jeunes diplômés un accès aux compétences et à la certification afin qu’ils soient prêts à travailler à la fin de leurs programmes. “Notre initiative Enterprise Skilling travaille avec les employeurs pour offrir des possibilités de perfectionnement et de recyclage aux travailleurs actuels qui souhaitent améliorer leurs compétences et accéder à des postes 4IR”, indique Mme Abdella.
“Le développement des compétences pour remplir ces nouveaux emplois reste une priorité pour nous. Quel que soit l’âge, qu’il s’agisse d’étudiants, de jeunes à l’université ou de professionnels des technologies de l’information, notre mission est de donner à chaque individu les moyens d’en faire plus en le qualifiant, en le perfectionnant et en le recyclant pour lui permettre d’avoir une meilleure qualité de vie. Grâce à des initiatives telles que la Cloud Society, l’AI Business School et des partenariats avec des ONG, des gouvernements, des universités et des entreprises, nous contribuons à créer une réserve de talents numériques pour nos partenaires et nos clients”, a-t-elle ajouté.
L’ingéniosité et la détermination peuvent aider à résoudre les problèmes africains
La directrice régionale de Microsoft 4Africa a relevé l’existence d’une abondance de talents et d’ingéniosité affichés par les startups et les entrepreneurs à travers le continent. Y investir est aussi important que tout autre investissement dans les TIC.
Au-delà de la future main-d’œuvre, les talents numériques soutiendront également davantage d’innovation locale, car les développeurs et les entrepreneurs sont habilités à créer des solutions pertinentes au niveau local qui répondent le mieux aux défis et aux besoins dans les soins de santé, l’agriculture, les services financiers, les services gouvernementaux et l’éducation, a-t-elle fait valoir. “À titre d’exemple, nos partenariats avec des organisations comme FirstBank au Nigeria, MTN et Liquid Telecom aident à étendre les services de cloud aux PME, en soutenant leur croissance et en favorisant les économies dans lesquelles elles opèrent”.
Les partenariats public-privé sont nécessaires
Mme Abdella a aussi mis l’accent sur l’importance d’un effort concerté entre les industries et les secteurs pour stimuler l’investissement numérique en Afrique, faisant savoir que dans une recherche récemment menée par Microsoft et EY, les entreprises citent le manque de directives réglementaires parmi leurs trois principaux défis à la mise en œuvre de l’AI (intelligence artificielle).
Elle a également relevé que les gouvernements africains ont un rôle important à jouer dans l’élaboration de politiques numériques solides et d’environnements réglementaires harmonisés stables qui permettent aux personnes et aux entreprises de participer pleinement à l’économie numérique mondiale.”Nous sommes engagés à soutenir l’élaboration et la mise en œuvre de politiques numériques dans toute l’Afrique, en travaillant avec les gouvernements à la création de politiques numériques solides qui permettent aux personnes et aux entreprises de participer pleinement à l’économie numérique mondiale”.
Et de conclure: “Aujourd’hui plus que jamais, nous devons être très attentifs à la manière dont les organisations se transforment sur le plan numérique, aux changements auxquels elles sont confrontées pour acquérir de nouvelles technologies et le haut débit, et aux défis quotidiens qu’elles peuvent rencontrer dans le domaine du développement des compétences numériques. Si les gouvernements africains, en collaboration avec des partenaires et des organisations privés, peuvent investir dans ces domaines en soutenant l’innovation des jeunes pousses, en contribuant au développement des compétences et dans de nombreux autres secteurs, cela permettra de réaliser des gains significatifs en vue de libérer le potentiel dynamique de l’Afrique”.
LR/MAP