Agressée par de si jeunes délinquants…

Houria, 40 ans, est comptable et célibataire. Cette jeune femme a été brutalisée dans la rue par une horde de gamins. A peine croyable…

«D’où sortent-ils, ces nombreux adolescents et enfants qui, en milieu de semaine, circulent par groupes dans le centre des villes? Y habitent-ils? Qui sont leurs parents? En ont-ils? Quelle est la raison de cette vacuité d’emploi du temps, surtout en période scolaire? Sont-ils élèves au moins, parce qu’ils sont encore tous jeunes? Ces questions me tracassent vraiment. Ce n’est pas pour rien que je me les pose. Tout récemment, en une seule journée, j’ai été leur cible à deux reprises. J’en ai été toute retournée et je le suis encore.

Alors que je revenais chez moi pour la pause déjeuner,  j’ai cru bon de passer à la «souika» de mon quartier, un marché informel qui rend service à un grand nombre d’habitants des environs. En ce qui me concerne, disons les choses  franchement: c’est un petit geste de solidarité envers ces jeunes, pères ou mères de familles, qui tentent de survivre au chômage. Et puis, la marchandise qui s’y écoule est fraîche, sans parler des prix. Ici, ils défient toute concurrence. Pour 150 dirhams, mes paniers débordent de légumes et de fruits pour la semaine. D’ailleurs, je ne sais pas pour combien de temps encore nous savourerons cette bénédiction. Selon une dame retraitée que je rencontre tout le temps sur place, ce petit marché va disparaître. Sur un ton mi-figue mi-raisin, elle m’a confié que, d’ici peu, elle se verrait dans l’obligation de se nourrir à prix d’or chez ces «pharmaciens»,  désignant les boutiques de fruits et de légumes du coin.  Elle continua, affirmant que les siens pleureraient à chaudes larmes le régime «vegan» qu’elle leur accommodait.

Ce jour-là, pendant que mon fournisseur habituel soupesait quelques légumes de saison, une valse de jeunes venaient m’offrir leur aide à porter. C’était assez inhabituel. En jours de semaine, normalement, il n’apparaissait qu’un ou deux petits vagabonds qui n’insistaient jamais. Je fus bien agacée, parce que ces nouveaux venus étaient un peu plus vieux, de surprenants gaillards! Leur apparence n’avait rien de réconfortant. Le dernier à qui j’avais dit non de la main resta figé, m’adressant un regard noir.  Mon vendeur, irrité de le voir ainsi posté, lui fit signe de déguerpir. Mais nonchalamment, il se déplaça de quelques mètres, puis se mit à m’insulter de tous les noms. Les gros mots étaient outrageusement crus pour toutes les oreilles, ce qui sema une grande pagaille. J’étais terrorisée à l’idée de bouger de ma place. Tous les marchands, gênés dans leurs transactions, le firent dégager et non sans violence. Il était clair que ce gars avait tenté l’intimidation pour que je lui verse le dirham. Peut-être avait-il une mauvaise intention. Je fus obligée, sous escorte, de héler un petit taxi, pour rentrer chez moi saine et sauve.  Ce maudit vaurien, pour une misérable pièce de monnaie, m’avait littéralement déstabilisée.  Et ce ne fut pas la dernière de mes peines de la journée.

Mon malheur est que je manque de confiance en moi !

En fin d’après midi, je reçus un appel de ma cousine qui souhaitait ma présence pour le choix d’un présent destiné à une de ses collègues récemment jeune maman. Ma mésaventure de la matinée me fit prendre ma voiture que je garais, pour me lancer confiante à destination dudit rendez-vous. J’étais à mille lieues d’imaginer ce qui allait se produire sur le trottoir. Une bande de 6 ou 7 jeunes enfants arrivaient en face de moi. De but en blanc, ils me barrèrent la route, amorçant une ronde autour de moi. Ils débitaient un insoutenable flot de mots incroyablement crus et grossiers. L’un d’eux, le plus âgé ou le plus grand de taille, sortit de sa sacoche un énorme couteau, m’indiquant avec la pointe mon sac à main. Un autre s’agrippa à mon bras pour me retirer ma montre. Prise au dépourvu,  je n’eus même pas le temps de crier pour qu’on vienne à mon secours. Et puis, ces jeunes voyous s’en sont pris à mes jambes pour me faire perdre mon équilibre. 

Heureusement pour moi, j’ai été délivrée par deux hommes qui traversaient la chaussée. Apercevant la scène, ils leur sont tombés dessus à coups de baffes. Cette petite racaille a lâché mon sac et mon bras pour décamper. Je n’avais jamais vu, de toute ma vie, une course à pied aussi rapide. Tel l’éclair,  ils se sont évaporés dans le décor. Complètement estomaquée, j’eus beaucoup de peine à me remettre de mes émotions. Des policiers au loin, alertés par les cris des passants, volèrent à mon secours pour me relever. Après m’avoir écoutée, en prenant note de l’incident, ils m’aidèrent à monter dans ma voiture. Selon quelques témoignages, ces jeunes n’étaient sûrement que de passage dans le coin. Mais de nombreuses personnes de la foule qui s’était formée autour de moi affirmaient en avoir vu souvent ailleurs. Un curieux phénomène! Et ont rapporté qu’ils vandalisaient, à coup de cris et d’insultes lancés dans le vent, tout ce qui se trouvait sur leur passage: bus, voitures, vitrines, poteaux, arbres et même des bennes à ordures. Quelqu’un racontait dans le détail en avoir surpris plusieurs également sur l’asphalte, tirant sur des rondelles de bouche d’égout en fonte.

Ces horaires scolaires me tuent…

Sur le chemin du retour, les nerfs en ébullition,  ma mésaventure défilait dans ma tête tel un film d’horreur. Ces petits voleurs n’avaient pas l’air d’être des vagabonds: ils étaient plutôt propres sur eux. Leur âge était plus qu’inquiétant: tout juste 7 ou 8 ans, pas plus! Je n’arrivais pas à comprendre comment il était possible que de si jeunes enfants pouvaient être aussi sauvages et orduriers. Ce qui reste néanmoins certain, c’est que ce genre d’énergumènes doit forcément vivre dans la proximité d’aînés sur qui ils prennent exemple. Sûrement dans le genre de celui à qui j’ai eu affaire le matin. Cette espèce de petite crapule qui avait une sale gueule! Ce que j’espère de tout cœur, c’est que ces enfants soient urgemment localisés, afin que secours leur soit porté.  Ils sont trop jeunes pour être irrécupérables. Auquel cas, une masse d’une terrifiante espèce deviendrait un réel danger pour tout tranquille citoyen ou citoyenne».

Mariem Bennani 

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