Depuis l’éclatement du conflit armé russo-ukrainien, en février 2022, la communauté internationale n’a d’yeux que pour Kiev contre Moscou. En témoignent les aides militaires et financières auxquelles a droit la partie ukrainienne et qui se comptent en milliards d’euros.
L’histoire ne ment pas. La communauté internationale a rarement fait preuve d’autant de solidarité envers un pays en situation de guerre comme elle le fait actuellement avec l’Ukraine. En témoigne, la pluie de milliards qui s’abat sur Kiev, depuis le début du conflit armé qui l’oppose à la Russie en février 2022. Le dernier rapport de l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale (Kiel Institute for the World Economy) a livré des données chiffrées qui dénotent l’élan de générosité des dirigeants occidentaux envers l’Ukraine. Une générosité, il faut bien le dire, qui n’a pas toujours été au rendez-vous lors d’autres crises ou guerres encore plus dévastatrices et où l’injustice battait son plein.
Les milliards coulent à flots
Les pays occidentaux qui soutiennent le président ukrainien Volodymyr Zelensky contre Vladimir Poutine auraient versé près de 65 milliards d’euros en aide financière et militaire au profit de l’Ukraine, précise le think-tank allemand dans son rapport rendu public mi-mai 2022. 13 milliards d’euros, est le montant du soutien qui aurait été fourni par les pays du G7 et de l’Union Européenne (UE) à la partie ukrainienne depuis le début du conflit armé qui oppose l’Ukraine à la Russie, à ce jour (1er juin 2022). Selon l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale, les Etats-Unis arrivent en tête des pays ayant débloqué le plus de fonds en faveur de l’Ukraine, avec un soutien estimé à près de 8 milliards d’euros, dont plus de la moitié composée de matériaux militaires. Viennent ensuite la Pologne avec 963 millions d’euros, le Royaume-Uni qui aurait selon ledit Institut, déboursé 721 millions d’euros, l’Allemagne (492 millions d’euros), la France (416 millions d’euros) et l’Italie (260 millions d’euros). Le rapport du Kiel Institute for the World Economy, ajoute que les aides financières accordées par les Etats membres de l’Union Européenne à l’Ukraine, représentent au total 2,9 milliards d’euros. S’ajoutent à cette somme 1,4 milliard d’euros d’engagements de la Commission et du Conseil de l’UE, dont un milliard d’euros au titre de l’instrument «Facilité européenne pour la paix», ainsi que 2 milliards d’euros débloqués par la Banque Européenne d’Investissement.
Dans son rapport intitulé «Quels pays ont le plus aidé l’Ukraine», l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale prévient qu’il convient de rapporter le montant des aides financières fournies à l’Ukraine au Produit Intérieur Brut (PIB) de chaque pays pour avoir une idée plus exacte des fonds mobilisés par chacun en faveur de l’Ukraine. Avec un soutien équivalent à 0,8% de son revenu national consacré, l’Estonie est le pays qui a fourni l’effort le plus important, devant la Pologne (0,18%), la Lituanie (0,06%), la Slovaquie (0,05%), la Suède (0,04%) et les Etats-Unis (0,04%), précise le document, tout en rappelant que le 11 mai 2022, le Congrès américain validait une enveloppe de 40 milliards de dollars pour l’Ukraine. Au sein de ce grand paquet d’aide américaine à Kiev, 6 milliards de dollars étaient destinés à équiper l’armée ukrainienne en blindés et renforcer sa défense anti-aérienne. Près de 9 milliards de dollars, étaient également prévus pour assurer ce que la partie américaine considère comme étant un effort nécessaire pour assurer «la continuité des institutions démocratiques ukrainiennes». Les auteurs du rapport réalisé par l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale au sujet des aides financières et militaires apportées à l’Ukraine par les pays occidentaux prévient que les données qu’il contient peuvent présenter certaines limites, dans la mesure où l’Institut estime qu’il lui est impossible à l’heure actuelle, de comptabiliser les dons privés et les aides financières fournies à des Organisations Non Gouvernementales ukrainiennes (ONG). De même, le rapport ne semble pas prendre en compte l’accueil des réfugiés qui représenterait selon plusieurs observateurs, un effort financier important pour les pays limitrophes de l’Ukraine. Donnant la Pologne et la Roumanie comme exemples, le rapport de l’Institut Kiel pour l’Economie Internationale estime que Varsovie a accueilli plus de 3 millions de réfugiés ukrainiens, tandis que Bucarest en a accueilli 919.000.
…Selon les situations !
Il apparaît clairement que les pays occidentaux ont réalisé un effort substantiel pour venir en aide à l’Ukraine, aussi bien financièrement que militairement. Cette bienveillance de la part de la communauté internationale, est quasi-absente dès lors qu’il s’agit de conflits qui embrasent certaines régions du monde considérée à tort comme «inutiles» par les faiseurs de décisions à l’échelle mondiale. Malgré tout cela, le président ukrainien veut plus. Selon Volodymyr Zelensky, son pays a besoin de 7 milliards de dollars par mois pour compenser les pertes économiques de la guerre sur son territoire. Des propos qui confirment ceux de responsables ukrainiens, qui avaient fait part au Fonds Monétaire International (FMI) d’un besoin de 5 milliards de dollars par mois pour continuer à faire fonctionner l’économie ukrainienne. Le FMI n’a pas tardé à réagir positivement à l’appel de Zelensky, en appelant à une mobilisation financière mondiale en faveur de l’Ukraine.
Mohcine Lourhzal
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Guerre en Ukraine
Jusqu’où ira l’aide militaire occidentale ?
Dans une contribution au New York Times, diffusée mardi 31 mai 2022 par le journal, le président américain Joe Biden a annoncé que les Etats-Unis allaient «fournir aux Ukrainiens des systèmes de missiles plus avancés et des munitions qui leur permettront de toucher plus précisément des objectifs-clé sur le champ de bataille en Ukraine». En grande difficulté dans le Donbass, Kiev réclamait de nouveaux moyens pour inverser le rapport de forces sur le terrain. Le Président Biden a insisté, dans cette tribune, sur le fait qu’il n’encourage pas et ne donne pas à l’Ukraine les moyens de frapper sur le territoire russe. Quoi qu’il en soit, ces équipements font partie d’un nouveau volet plus large d’assistance militaire américaine à l’Ukraine, de 700 millions de dollars au total.
Selon les données fournies par le rapport de l’Institut Kiel pour l’Economie Mondiale, les Etats-Unis ont fourni jusqu’à présent, 4,366 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine. L’Estonie arrive à deuxième (220 millions d’euros), suivie du Royaume-Uni (204 millions d’euros), de l’Italie (150 millions), de la Suède (126 millions) et de l’Allemagne (119 millions d’euros). Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, dans la mesure où certains pays se montrent discrets sur l’ampleur de leur soutien militaire à l’Ukraine. C’est le cas de la France par exemple qui a, dans un premier temps refusé de communiquer à ce sujet, avant que Florence Parly, alors ministre française de la Défense, ne vienne annoncer publiquement (13 avril 2022), que plus de cent millions d’euros d’équipements militaires avaient été livrés par la France à l’Ukraine.
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Union Européenne
Nouveau train de sanctions contre la Russie
L’Union européenne s’est accordée, lundi 30 mai 2022, pour exclure la principale banque russe, la «Sberbank», du système financier international Swift, dans le cadre de son sixième paquet de sanctions contre Moscou. En plus de l’accord trouvé autour d’un embargo sur le pétrole russe, les 27 de l’Union Européenne se sont mis d’accord sur d’autres sanctions contre la Russie. En négociation depuis plusieurs jours, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l’UE à une soixantaine de personnalités russes. L’Union Européenne s’est accordée, le 30 mai 2022, pour interdire plus des deux tiers des importations de pétrole russe vers l’Europe. Les dirigeants des 27 ont également approuvé l’octroi de 9 milliards d’euros au gouvernement ukrainien pour couvrir ses besoins immédiats en liquidités. Jusqu’à présent, sept établissements russes ont été privés d’accès à Swift, plateforme bancaire qui permet de réaliser certaines opérations comme des ordres de transferts de fonds à l’échelle internationale. La Sberbank a affirmé, mardi 31 mai 2022, que son exclusion du système Swift n’aura qu’un effet limité.