C’est un discours qui a remis en question le rôle de médiation que jouaient les Etats-Unis, dans le cadre du processus de paix au Proche-Orient. En annonçant, mercredi 6 décembre, qu’il reconnaissait Al-Qods comme capitale d’Israël, le président américain, Donald Trump, a fait fi du principe de neutralité dont s’enorgueillissaient les USA dans la gestion de ce dossier encore irrésolu.
Ce 6 décembre 2017, tous les yeux étaient rivés sur Washington. Et pour cause, le 45ème président des Etats-Unis allait prononcer un discours annonciateur d’un changement radical de la position US dans le processus de paix au Proche-Orient. Ainsi, ce jour-là, Donald Trump a officiellement reconnu Al-Qods comme capitale d’Israël, en prélude au transfert de l’ambassade américaine dans cette ville sainte.
L’arrogance a un nom: Trump
Prévue à 18h GMT, l’allocution présidentielle a finalement été diffusée avec plusieurs minutes de retard. Debout devant un portrait de George Washington et vêtu aux couleurs du drapeau israélien (chemise blanche et cravate bleu ciel), Donald Trump a entamé son discours en promettant de poursuivre les efforts pour parvenir à un accord de paix durable et mutuellement accepté par les Palestiniens et les Israéliens. «J’ai l’intention de faire de mon mieux pour faire avancer les choses au Proche-Orient», a-t-il promis, avant de défendre la position de son pays en tant que médiateur dans le processus de paix au Proche-Orient. Rôle que de nombreux observateurs remettent aujourd’hui en question, après la décision américaine au sujet d’Al-Qods.
Après avoir longuement fustigé ses prédécesseurs, le président de la première puissance mondiale a expliqué que la reconnaissance d’Al-Qods comme capitale d’Israël «est une décision qui aurait dû être prise depuis fort longtemps». Donald Trump a ajouté que, sur cette base, «j’annonce la reconnaissance officielle, par les Etats-Unis, de Jérusalem comme capitale d’Israël». Après avoir lancé cette bombe à la figure de la communauté arabo-musulmane et internationale, il a pris place dans un petit bureau aménagé pour la circonstance, pour parafer le document contenant la décision présidentielle qui a suscité une vague d’indignation et de dénonciations dans le monde arabe, mais aussi occidental.
La politique de la sourde oreille
Avant même l’annonce de la nouvelle position américaine au sujet de la ville sainte, SM le Roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, a mis en garde le président américain contre les conséquences dramatiques de la reconnaissance d’Al-Qods comme capitale d’Israël. Dans un message adressé à Donald Trump, le Souverain a attiré l’attention sur le fait qu’une telle démarche est de nature à embraser le Proche-Orient et porter atteinte aux sentiments de l’ensemble des musulmans à travers le monde.
La riposte s’organise
Au lendemain de l’annonce de la décision américaine, des manifestations monstres ont en effet été organisées partout dans le monde arabe. A Rabat, pas moins de 100.000 personnes ont marché dans les principales artères de la capitale du Royaume, pour dénoncer la politique du fait accompli prônée par Trump et son administration. Dans la capitale égyptienne, Le Caire, une réunion d’urgence s’est tenue samedi 9 décembre 2017, au niveau des ministres arabes des Affaires étrangères. Les ministres ont convenu de convoquer une session extraordinaire du Sommet arabe, dans un délai d’un mois, pour décider des moyens de riposte contre la décision de Donald Trump qui, de l’avis d’un grand nombre d’analystes, passe outre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mohcine Lourhzal