Le chef d’état-major de l’armée algérienne, désormais de facto homme fort du pays, a assuré mercredi n’avoir « aucune ambition politique », quelques jours après avoir insisté sur la tenue nécessaire de la présidentielle du 4 juillet, rejetée par le mouvement de contestation.
« Je me suis engagé personnellement à maintes reprises (…) à accompagner le peuple algérien, de manière rationnelle, sincère et franche, dans ses manifestations pacifiques et matures, ainsi que les efforts des institutions de l’Etat et de l’appareil de justice », a déclaré le général Ahmed Gaïd Salah, dans un troisième discours en trois jours.
« Et que tout le monde sache (…) que nous n’avons aucune ambition politique mis à part servir notre pays conformément à nos missions constitutionnelles », a assuré le général Gaïd Salah, selon le texte du discours, prononcé lors d’une visite sur le terrain, dont l’AFP a reçu copie.
L’armée appuie la tenue le 4 juillet d’une présidentielle convoquée par le pouvoir intérimaire pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, mais rejetée par le mouvement de contestation inédit dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février.
La contribution décisive de l’armée dans la démission, le 2 avril, après 20 ans de pouvoir, du président Abdelaziz Bouteflika, a replacé l’armée au centre du pouvoir et fait de son chef d’état-major l’homme fort du pays.
Le général Gaïd Salah multiplie depuis les discours à ses troupes qui, sur le ton de demandes ou de conseils, donnent le « la », selon les observateurs, dont certains s’interrogent sur un possible scénario à la « Sissi », en référence au général égyptien Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée qui s’est fait élire président de l’Egypte après un coup d’Etat militaire en 2013 contre le président élu Mohamed Morsi.
Peu après le coup d’Etat, le général al-Sissi avait assuré que l’armée « resterait éloignée de la politique ».
L’armée algérienne joue un rôle central au sein du pouvoir algérien depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962. Elle était considérée comme le véritable détenteur du pouvoir jusqu’à l’élection du président Bouteflika en 1999.
Choisi par le haut commandement militaire, celui-ci s’était peu à peu défait de son influence, en écartant les principaux hauts gradés et s’est assuré durant 15 ans la fidélité sans faille du général Gaïd Salah en le nommant en 2004 chef d’état-major.
Avec AFP