Les Algériens ont manifesté massivement, vendredi 25 octobre 2019. Les rues du centre d’Alger étaient noires de monde pour ce 36ème vendredi consécutif de contestation contre le système et contre la présidentielle annoncée pour le 12 décembre prochain. «Il n’y aura pas de vote», ont scandé les manifestants. Depuis que Abdelaziz Bouteflika a annoncé, en février 2019, son intention de briguer un cinquième mandat, la rue est en ébullition.
Les manœuvres du chef d’état-major de l’armée algérienne, Gaïd Salah, faisant croire à une transition politique dans le pays, n’ont pas eu l’effet escompté. Au contraire, les protestations ont pris un rythme plus soutenu. Des milliers d’étudiants et de magistrats manifestent chaque mardi. Chaque vendredi, des centaines de milliers d’Algériens investissent les rues d’Alger pour exiger le départ de tous les symboles du régime.
À la fin du printemps 2019, Gaïd Salah dirigea ce qu’il qualifia de campagne anti-corruption. Alors qu’en réalité, il s’agissait d’une campagne aux allures de règlement de comptes. Plusieurs hommes d’affaires ont ainsi été arrêtés, outre l’incarcération de Saïd Bouteflika, frère cadet de l’ancien président déchu et d’anciens responsables de l’appareil sécuritaire du pays. En même temps, le régime a joué la carte de l’intimidation contre les manifestants. Dans ce cadre, plusieurs dizaines d’entre eux ont été arrêtés et jugés arbitrairement. Ce mois-ci, l’accès à YouTube et à Google a été bloqué. Une restriction qui tend à empêcher la population d’échanger avec le monde extérieur.
Au cours des dernières semaines, le pouvoir a violemment réprimé la contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis presque un an déjà. Aujourd’hui, le régime table sur une explosion de la violence dans le pays, ce qui permettrait à l’armée dirigée par Gaïd Salah, de justifier une répression sévère, comme elle l’a fait par le passé. Mais s’il y a une chose que les Algériens ont apprise au cours de presque 60 ans d’autoritarisme militaire, c’est qu’ils ne doivent en aucun cas, refaire confiance aux promesses du régime. Si les dirigeants de l’armée étaient effectivement favorables à un changement réel dans le pays, ils n’auraient pas ressenti le besoin d’arrêter des manifestants pourtant pacifiques, au cours des derniers mois. Aujourd’hui, les Algériens sont catégoriques pour dire que le pays a besoin d’un régime civil, au service des citoyens.
ML