La justice algérienne a condamné, mardi, à quatre ans de prison ferme Amira Bouraoui, une figure de proue du mouvement de protestation en Algérie, selon le Comité National pour la Libération des Détenus (CNLD).
Mme Amira Bouraoui a été condamnée deux fois par le tribunal de Cheraga (Alger) à une peine de deux ans de prison ferme dans deux affaires distinctes, a précisé le Comité dans une publication sur le réseau social Facebook.
La première condamnation à une peine de deux ans de prison ferme a été prononcée dans le cadre de poursuites pour “outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions”, “atteinte à la personne du président de la république”, et “diffusion d’informations susceptibles d’attenter à l’ordre public”.
Le parquet avait requis une peine de trois ans de prison et une amende de 300.000 dinars dans le cadre de ces poursuites.
La deuxième condamnation, également à une peine de deux ans de prison ferme, a été prononcée dans le cadre d’une poursuite pour “atteinte aux préceptes de l’islam et au prophète”, pour laquelle le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison ferme et une amende de 50.000 dinars.
Le procès de Mme Bouraoui s’est déroulé le 27 avril dernier, après les renvois du 13 avril et du 30 mars derniers au tribunal de Cheraga d’Alger, rappelle le CNLD.
Au cours des dernières semaines, plusieurs organisations algériennes et internationales ont exprimé leurs inquiétudes quant à la répression du droit à la liberté d’expression dans ce pays maghrébin.
Dans ce sens, un grand nombre d’eurodéputés ont interpellé le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, sur les intimidations et les abus en tous genres que subissent toujours les activistes du Hirak.
Dans une lettre adressée à M. Borell, ces eurodéputés, toutes tendances politiques confondues, affirment que plusieurs rapports d’ONG, internationales et nationales, “font état d’une répression continue des militants pacifiques” du mouvement populaire.
Selon eux, ces rapports ont dévoilé plusieurs cas de “tortures et d’abus contre les détenus d’opinion”.
Les eurodéputés estiment qu’il est “impératif” que ces violences fassent “l’objet d’une enquête indépendante” pour identifier les responsables, rappelant la récente résolution du Parlement européen “sur la détérioration de la situation des droits humains en Algérie” et qui exige le lancement d’investigations sur ces violations répétées du droit à la liberté d’expression au pays.
Parmi ces rapports figure celui du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), une organisation algérienne de défense des droits de l’Homme, qui a dénoncé le recours du pouvoir en Algérie à “la répression pour tenter d’empêcher les manifestations pacifiques”.
Dans un communiqué, le RAJ a dénoncé “le harcèlement sécuritaire et le recours à la répression et l’arrestation de dizaines de manifestants pour tenter d’empêcher les manifestations pacifiques”.
Amnesty International a dénoncé, quant à elle, “une stratégie délibérée des autorités algériennes visant à écraser la dissidence”.
Il s’agit d’”une stratégie qui vient contredire leurs promesses en matière de respect des droits humains”, a constaté Amnesty International.
De son côté, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a invité le gouvernement à “immédiatement libérer tous ceux détenus pour avoir participé pacifiquement à des manifestations”.
LR/MAP