La chancelière allemande sait que sa réélection dépend de la perception par les électeurs de sa gestion de la crise des migrants. Accusée de générosité irresponsable, elle tente de limiter le flux à venir sans se déjuger.
Stabiliser la Libye et endiguer l’afflux de migrants par la Méditerranée, ces deux thèmes, profondément liés et cruciaux pour l’UE, ont dominé la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, au Caire et à Tunis. Mais c’est bien la Libye, située entre ces deux pays, plongée dans le chaos depuis 2011 et tête de pont pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe, qui a été au cœur des discussions de la chancelière avec le président égyptien, Abdel Fatah Al-Sissi et le président tunisien, Béji Caïd Essebsi.
«Sans stabilisation politique de la Libye, nous ne pourrons pas faire cesser les activités des passeurs et trafiquants (d’êtres humains) qui travaillent depuis la Libye» vers l’Italie, a indiqué Mme Merkel. «L’Egypte, en tant qu’institution régionale et puissance régionale, joue ici un grand rôle, tout comme l’Algérie et la Tunisie», a-t-elle ajouté. La fermeture des routes migratoires en Afrique vers la Libye, dont les frontières échappent à tout contrôle, devrait en particulier être étudiée. Mme Merkel, qui a porté ce message à l’automne au Mali et au Niger, avait prévu d’en faire autant en février à Alger, avant l’annulation de sa visite en raison de l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika.
Patrice Zehr