A deux mois des élections régionales, communales et législatives, prévues mercredi 8 septembre 2021, le citoyen est sollicité de toutes parts. Objectif, sensibiliser les Marocains en âge de voter, à l’importance des élections.
L’Intérieur multiplie les initiatives
Le ministère de l’Intérieur a mené tout au long des dernières semaines, une vaste campagne de communication et de sensibilisation en direction des électeurs, notamment les jeunes, pour les inciter à s’inscrire sur les listes électorales générales. Le département dirigé par Abdelouafi Laftit a aussi mis en place un site électronique dédié (listeselectorales.ma). Ce portail offre plusieurs services électroniques. En quelques clics, il est possible de formuler une demande d’inscription sur les listes électorales générales, demander le transfert d’inscription et vérifier son inscription sur les listes électorales arrêtées aux 31 mars 2021. Tous ces efforts sont louables et indispensables. Néanmoins, ce qui peut réellement convaincre les électeurs d’aller voter le 8 septembre prochain, c’est de voir du concret. En d’autres termes, avoir affaire à des responsables locaux qui soient véritablement préoccupés de la qualité de vie au niveau des régions, communes, provinces et préfectures dont ils ont la charge. Des responsables et élus locaux qui soient sincères envers leurs concitoyens.
Au moment où le Maroc, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, est engagé dans des réformes structurantes sociales et économiques en dépit du contexte sévère marqué par la propagation de la pandémie due au nouveau Coronavirus, force est de constater que la majeure partie des responsables et élus locaux continuent de prendre le citoyen pour ce qu’il n’est pas. L’amère et triste réalité est qu’il y a peu si ce n’est aucun signe de remord ni de sursaut de conscience dans les cercles des décideurs au niveau local. C’est à croire que leur seule préoccupation, en cette période pré-électorale, se résume à une seule chose: obtenir un maximum de voix pour s’assurer un siège dans une région, une commune ou, mieux encore, briguer un mandat à la Chambre des représentants. Au fil des décennies, les postes de responsabilités sont devenus de véritables tremplins pour préparer sa retraite au soleil, après avoir servi ses intérêts personnels au détriment de ceux des citoyens.
À quoi servent encore nos élus locaux?
Ce qui se passe actuellement à Casablanca rend compte du manque de responsabilité et de l’hypocrisie dont font preuve certains élus et responsables de la gestion locale, qui restent invisibles tout au long de leurs mandats. Ce n’est qu’à la veille des élections qu’ils décident enfin de pointer le bout de leur nez, incarnant ainsi un populisme à l’état pur qui, il faut bien le souligner, n’impressionne plus grand monde.
Ce que les Marocains attendent aujourd’hui, c’est que leurs villes soient prises sérieusement en main, que les travaux de réhabilitation soient menés de manière continuelle, tout au long de l’année, avec compétence et célérité. Or, on remarque non sans désolation, que plusieurs chantiers d’envergure avancent très lentement, quand d’autres sont bloqués pour des raisons encore inconnues. Et que dire des opérations de destruction des carrelages de trottoirs alors qu’ils sont toujours en bon état et de déracinement des arbres à Casablanca? Nombreux sont les Casablancais qui sont convaincus que l’explication à tout cela est d’ordre budgétaire.
Cet avis rejoint celui exprimé par plusieurs associatifs qui estiment que l’argent du contribuable qu’on utilise dans la réalisation de travaux inutiles, pourrait très bien servir à mettre en place des infrastructures qui faciliteraient les déplacements des personnes à besoins spécifiques à travers les quartiers les plus prisés à Casablanca, sans parler de l’accès aux transports en commun (bus, taxis, tramway), qui constituent pour cette catégorie de citoyens, un véritable chemin de croix, un calvaire au vrai sens du terme.
Plus grave encore, plusieurs projets inscrits à l’ordre du jour du Conseil de la ville de Casablanca, dont certains ont fait l’objet d’engagements pris devant Sa Majesté le Roi, tardent à voir le jour. La trémie des Almohades en est l’exemple flagrant. Sur un tracé linéaire de 2.270 mètres dont 1.817 mètres en souterrain, aménagé en 2×2 voies, cette trémie urbaine est considérée comme la plus longue sur le continent africain. Elle a été inaugurée samedi 26 juin 2021 en grande pompe par les responsables de la ville de Casablanca, après des années d’attente. Comme par magie, ce chantier a lui pris fin à moins de deux mois des élections régionales, communales et législatives. Bien entendu, il vaut mieux tard que jamais. Toutefois, en adoptant la politique du laisser-aller, on ne peut pas compter sur les citoyens pour voter et donner leur voix à des candidats en lesquels ils n’ont plus aucune confiance. Et puis, il faut arrêter de gaspiller l’argent de la collectivité pour se montrer et se maintenir en poste.
Les Marocains doivent prendre leur destin en main
Enfin, la question que beaucoup de citoyens et d’électeurs se posent est celle de savoir, au regard de tout ce qui précède, si le ministère de l’Intérieur ne doit pas intervenir pour remettre les choses à leurs places et veiller à prioriser les chantiers urbains et ruraux, sachant que le département dispose d’agents d’autorité dotés d’une autorité d’intervention générale, dans la mesure où ils interviennent pratiquement dans tous les domaines. Ses champs d’action englobent les domaines politique, social, économique, culturel et écologique.
Le 8 septembre 2021, les Marocains devront décider du choix de leurs représentants aux instances communales, régionales et centrales. Un choix qui sera décisif pour leur avenir et celui du Royaume, au regard des larges prérogatives accordées par la Constitution, au gouvernement, et celles dont jouissent les Conseils de Régions et collectivités locales et territoriales, en vertu des Lois Organiques y afférentes. Ces institutions sont les seules responsables de la qualité de vie et des services que réclament les citoyens.
Mohcine Lourhzal