En marge de la 11ème Conférence mondiale du Réseau des organismes de promotion du Commerce, Le Reporter a rencontré Arrancha Gonzalez, Directrice exécutive du Directrice exécutive du Centre du Commerce International (CCI), qui présente l’action du Centre et ses différentes interventions, dans le cadre du soutien du développement des OPC, notamment en Afrique.
Tout d’abord, en organisant cette 11ème Conférence mondiale du Réseau des organismes de promotion du Commerce au Maroc, vous avez voulu transmettre un message bien particulier. Quel est ce message?
Nous vivons dans un monde qui subit des changements majeurs sur le plan économique. Ce sont des bouleversements des manières de faire et des manières dont l’économie fonctionne. La question aujourd’hui est comment être gagnant dans tous ces bouleversements, d’autant plus que ces mutations s’opèrent avec une rapidité époustouflante. Et les gagnants vont devoir faire trois choses. D’abord, identifier les forces et les faiblesses qu’ils ont pour naviguer sur ces vagues de changements. Ensuite, mettre en place des plans d’action précis et concrets pour pouvoir ajuster et aider cette action, surtout les PME qui représentent 95% du tissu économique de n’importe quel pays. Enfin, il faut travailler pour être en mesure d’évaluer les résultats. Parce que ce sont ces résultats qui sécurisent les gens quelque part et montrent aussi que toutes ces actions servent à quelque chose.
Un message simple paraît dès lors. Dans le commerce international, l’identification des forces et des faiblesses veut l’identification des secteurs dans lesquels les pays ont un potentiel d’exportation et de diversification et avoir des plans d’action pour les réaliser, avec une action qui se focalise surtout sur les PME, avec un chapitre particulier: la femme-entrepreneur qui, à mon sens, n’est pas une question de droit de l’Homme, mais plutôt une question économique fondamentale. La moitié des ressources d’un pays reste quand même inexploitée. Je ne crois pas que ce soit une bonne recette pour une croissance plus forte. Et mesurer les résultats. C’est que nous avons commencé à mesurer les résultats des OPC (Organisme de Promotion du Commerce), à leur demande d’ailleurs et nous avons constaté qu’aujourd’hui, à chaque dollar qu’on investit dans un OPC, on génère 87 dollars en exportations additionnelles et 384 dollars en croissance domestique (PIB). Tout ceci est important, parce que les gouvernements doivent décider combien investir dans les organismes qui font la promotion du commerce et des investissements et se poser la question sur l’utilité de ces investissements. Donc, dans tout le travail que nous faisons, cette démarche est nécessaire: priorités, plan d’action, mesure des résultats.
Que fait concrètement le CCI pour aider le développement et accompagner les OPC en Afrique?
Il s’agit aussi d’un agenda particulier qui consiste à positionner l’Afrique dans le monde du commerce international. J’ai voulu, en organisant cette session au Maroc, donner une place dans les discussions sur le commerce et les investissements à l’international, donner une place à un continent qui s’appelle l’Afrique et le faire à travers un grand partenaire en Afrique qui est Maroc Export. Celui-ci, depuis un moment, regarde plus vers le Sud et même un peu plus qu’il ne le faisait avant en s’orientant plutôt vers le Nord. Une vision sur ce continent qui a une croissance beaucoup plus rapide que d’autres parties du monde…
Il faut aussi signaler que 75% de ce que nous faisons est réalisé en Afrique. Voilà la plus claire des priorités. C’est-à-dire que 75% de notre action et 75% de nos dépenses sont sur l’Afrique. Ce n’est cependant pas un hasard. Le fait est que nous travaillons là où les marchés ne suffisent pas à connecter les PMI et les PME au commerce international. Les opportunités des accords commerciaux se traduisent par l’ouverture d’une porte aux opérateurs d’un pays donné. L’OPC est ainsi l’entité qui aide la PME à passer par cette porte. Ainsi, la mission principale de cet organisme de promotion est de fournir des services d’intelligence commerciale et un accompagnement à l’export. Dans un monde où internet est devenu l’un des principaux moyens de communication et d’interaction, l’un des plus grands défis des OPC est de permettre aux entreprises d’intégrer des plates-formes internationales de vente en ligne. L’autre mission de ce type d’entité publique est d’aider les entreprises à accroître la valeur ajoutée de leurs produits, tout en leur permettant d’améliorer l’image de marque de leur offre exportable. Du côté d’ITC, nous nous réjouissons du fait que Maroc Export a su faire la différence à ce niveau.
Et que faut-il faire, selon vous, pour réussir un positionnement à l’international?
Aujourd’hui, la tendance générale est le retour au protectionnisme. Il faut cependant garder en vue que la Chine (première puissance commerciale) et l’Inde sont devenus des nations émergentes grâce, partiellement, aux dividendes du commerce international, lesquels ont sensiblement boosté leurs économies. C’est dire que la libéralisation commerciale offre nécessairement des opportunités. D’où tout l’enjeu pour les OPC et les Etats, notamment les pays du Sud, d’en tirer profit. Du coté d’ITC, nous estimons que l’Accord de libre-échange (ALE), signé par le Maroc et les USA, n’a de sens pour les PME marocaines que si elles en profitent. Ce qui suppose au préalable l’amélioration de leur compétitivité, la mise en conformité aux standards américains, l’accès plus aisé au financement pour l’export et l’usage de la possibilité de recourir au marché américain pour exporter au Canada, sachant qu’il existe un ALE qui lie ces deux pays d’Amérique du Nord.
En clair, les pays qui sortiront gagnants de la compétition internationale ne seront autres que ceux qui procèdent en interne aux ajustements nécessaires, dans l’optique de mieux positionner leurs entreprises à l’international
Propos recueillis par Hamid Dades