Ouvrir des canaux d’échange entre les pays de l’Atlantique. Tel était l’objectif tracé par les organisateurs d’«Atlantic Dialogues», un rendez-vous dont la 5ème édition s’est déroulée à Marrakech.
Cet événement, qui a duré 3 jours (du 14 au 17 décembre 2016), a permis de mettre le doigt sur les principaux défis auxquels chaque pays de l’océan l’Atlantique fait face.
L’Afrique, levier de croissance
Lors de la première journée d’«Atlantic Dialogues», qui a connu une affluence de plus de 300 participants venant de 49 pays, les intervenants ont discuté des tendances économiques et des conséquences régionales liées à la globalisation. Les panelistes ont rappelé que la zone de l’atlantique dans sa dimension africaine regorge d’opportunités convoitées par les économies avancées et émergentes qui y trouvent un nouveau relais de croissance, devant l’essoufflement de leurs modèles économiques.
Selon les intervenants, les taux de croissance les plus élevés à l’échelle mondiale ont été observés en Afrique subsaharienne, d’où l’importance accordée par les pays dits développés aux pays du Sud de l’océan Atlantique. Atlantic Dialogues a également été l’occasion de mettre en exergue l’importance de mettre en place des politiques permettant de jeter la lumière sur la richesse des échanges culturels, intellectuels et économiques qui composent l’espace atlantique et connaissent aujourd’hui une réelle métamorphose due à la croissante interconnexion mondiale. Les intervenants ont tous été d’accord pour dire que, de nos jours, il est plus question de politiques et de discours intégrés que de division entre les pays du Nord et ceux du Sud.
En effet, ces dernières années ont connu un nombre sans précédent d’échanges Sud-Sud et d’échanges entrecroisés Nord-Sud. Ces échanges englobent notamment les biens, les services et la main-d’œuvre.
Parmi les points débattus lors des journées «Atlantic Dialogues», le rôle prépondérant que joue le Maroc pour le développement du continent africain. Ainsi, Youssef Amrani, Chargé de mission au Cabinet royal, a rappelé que la politique africaine du Maroc s’inscrit dans une dynamique régionale nouvelle qui ambitionne d’anticiper les enjeux qui dessineront l’Afrique de demain. De son coté, Amina Benkhadra, Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), a souligné que la politique du Maroc vise à permettre une nouvelle approche en matière de développement des pays de l’Atlantic, notamment ceux du continent africain. Elle a cité les projets énergétiques lancés par le Royaume qui permettront, in fine, au pays et à toute la région de se développer à pas de géant et à faire valoir leurs compétences au niveau mondial.
Le développement par la sécurité
Le panel «Sécurité dans l’Atlantique: risques, fragilité et voies de résilience» a été rythmé par les interventions d’éminentes personnalités, comme Bernardino Leon, ancien émissaire de l’ONU pour la Libye, Michael Franken, vice-amiral commandant en chef des opérations militaires de l’AFRICOM , Erika Ferrer, ambassadrice de Suède au Maroc et Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet royal. Durant cet échange, les intervenants ont fait le lien entre Hard et Soft Power. Ils sont tombés d’accord sur le fait que le «Hard Power», à lui seul, ne peut suffire à régler les problèmes liés à la sécurité et que ce n’est qu’en l’associant au «Soft Power» dans toute sa dimension (éducation, parité homme/femme, micro-finance…) que l’on pourra arriver à un résultat en matière de sécurité dans le bassin atlantique et dans le monde. Les panelistes ont souligné que le facteur de la pauvreté n’est pas le seul à pousser certains jeunes à adhérer au terrorisme. Ils ont souligné que c’est plus la question d’identité -et non de condition sociale- qui est privilégiée dans le souci de compréhension de ce phénomène.
Concernant l’Afrique, les panélistes se sont accordés sur la multiplicité des défis que le continent devra relever. Ils ont salué le rôle du Maroc dans la lutte contre le terrorisme. Les actions du Maroc en faveur du continent visent, selon-eux, à instaurer une dynamique de partenariat Maroc-Afrique au service du développement du capital humain et s’inscrivent dans un contexte des interdépendances et des complémentarités.
Le Brexit s’invite à Marrakech
Les participants à «Atlantic Dialogues» n’ont pas manqué de traiter des développements que connaît le monde, aussi bien dans le domaine économique qu’en politique. Ainsi, un débat a été organisé autour du thème «L’Europe après le Brexit». Certains intervenants ont modéré l’impact de cette rupture avec l’économie de l’Union européenne, alors que d’autres l’ont vue comme un séisme qui va au-delà des intérêts économiques, car elle remet en question l’existence même de cette Union. Pour ces derniers, la rupture du Royaume-Uni avec l’Europe est fortement émotionnelle, car elle a ébranlé les valeurs et l’identité commune que les gouvernements et les citoyens ont construites depuis la création de l’UE. La crise financière que connaît l’Europe n’arrange pas les choses, parce qu’elle offre un terrain favorable aux partis d’extrême droite «allergiques» à cette Union et qui profitent de cette phase de doute pour influencer la mentalité des populations, surtout celle de la classe ouvrière qui ne croit plus à la mondialisation et aux discours des partis favorables à l’Union européenne. Les inquiétudes sont, de ce fait, encore plus vives au vu de ce populisme montant dans les pays européens, lequel non seulement divise les populations, mais crée un flou autour du lien réel qui unit les Européens. La question de l’immigration illustre parfaitement cette division et cette distance constitue une menace certaine pour l’avenir de l’Union. Les intervenants ont exprimé leurs inquiétudes car, selon eux, si les gouvernements actuels ne corrigent pas le système européen, ce dernier ira vers sa fin.
«Atlantic Dialogues» a réussi à mettre en évidence les liens qui unissent les pays de l’espace atlantique. L’objectif escompté a été la mise en place des stratégies permettant le renforcement du dialogue et de la coopération entre les pays de l’Atlantic, le tout en vue de construire un espace atlantique unifié et de collaboration.
A rappeler qu’«Atlantic Dialogues» a été organisé par OCP Policy Center et GMF (The German Marshall Fund of the Inited States).
Mohcine Lourhzal