Austérité | Et la période des vaches maigres est arrivée !

Austérité | Et la période des vaches maigres est arrivée !

Le marché du travail au Maroc a été fortement impacté par la crise sanitaire due au nouveau Coronavirus (Covid-19) avec des conséquences graves sur le tissu économique national. Et la cerise sur le gâteau, c’est que la situation ne va pas s’améliorer de sitôt, surtout que pour la première fois de l’histoire moderne du Royaume, la fonction publique paie à son tour, les pots cassés de cette crise inédite.

Dans l’inconscient collectif, intégrer la fonction publique est synonyme de stabilité. En général, un fonctionnaire est assuré de la pérennité de son emploi jusqu’à la retraite, sauf en cas de manquement grave à ses obligations. Par contre, cette stabilité n’est pas toujours au rendez-vous dans le secteur privé. C’est la raison pour laquelle, la fonction publique suscite tant l’engouement des citoyens, même les plus jeunes d’entre eux.  Seulement voilà, la Covid-19 et la crise qui s’en est suivie sont passés par là.  Plusieurs secteurs économiques font face à des difficultés importantes en raison de la pandémie de la Covid-19.  Dans ce contexte difficile et sans précédent, les travailleurs marocains sont exposés à des pertes de revenus, voire au licenciement. Jusque-là considérée comme une soupape de sécurité, la fonction publique n’échappe pas à la crise. 

Un coup de massue qui tombe mal

Austérité | Et la période des vaches maigres est arrivée !

Alors que les Marocains s’attendaient à des jours meilleurs après plus de trois mois de confinement, voilà que le Chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani, est venu pour ôter tout espoir d’un avenir radieux.  Mercredi 1er  juillet 2020, El Othmani a adressé une circulaire (n° 2020/9), aux ministres et ministres délégués, aux hauts commissaires et au Commissaire général, dans laquelle il leur a été demandé d’actualiser leurs propositions relatives à la programmation de leurs budgets pour les trois années à venir (2021-2023). Il est précisé dans le document qu’«en raison des circonstances économiques particulières causées par la crise sanitaire du nouveau Coronavirus, la priorité du gouvernement se tournera principalement vers les secteurs stratégiques à savoir, les départements de la santé et de l’enseignement, outre ceux de l’Intérieur et de la Défense. Les consignes du Chef de l’Exécutif sont sans équivoque. Pour El Othmani, les dépenses de fonctionnement doivent, tout au long des trois années à venir, se limiter aux dépenses nécessaires et indispensables. Elles doivent également être rationnalisées au maximum et optimisées, en tenant compte des contraintes et imprévus de la crise sanitaire que traverse le Royaume. Par ailleurs et s’agissant des budgets dits d’investissement, la priorité selon le Chef de gouvernement, doit être accordée dorénavant, aux projets en cours de réalisation, ainsi que les projets dont le financement est international, tout en privilégiant les projets exécutés par des entreprises nationales, utilisant des moyens locaux. Pour faire face aux nouvelles restrictions budgétaires, El Othmani appelle à recourir à des modes alternatifs de financement, notamment dans le cadre de partenariats institutionnels ou ceux entre les secteurs public et privé (PPP). La circulaire émise par le chef de gouvernement, dans laquelle il est appelé à la non-programmation de postes budgétaires dans la plupart des secteurs, au terme de l’année budgétaire 2021, risque de conduire à une aggravation du chômage. A fin septembre 2019, le nombre de candidats inscrits sur le portail «Emploi-public.ma», dédié aux concours et aux appels à candidature dans la fonction publique au Maroc, se chiffrait à 4.800 candidats.

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Un marché du travail en souffrance

Dans une note d’information relative à la situation du marché du travail au Maroc au premier trimestre de l’année 2020, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a fait savoir que le nombre total de chômeurs a augmenté de 208.000 personnes au niveau national, s’établissant à 1.292.000 chômeurs. Le taux de chômage est ainsi passé de 9,1% à 10,5% au niveau national, de 13,3% à 15,1% en milieu urbain et de 3,1% à 3,9% en milieu rural. Ce taux reste relativement élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans avec 26,8%, les femmes (14,3%) et les diplômés (17,8%). Le HCP a indiqué dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail au niveau national, qu’avec une hausse de 208.000 chômeurs, résultant d’une augmentation de 165.000 en milieu urbain et de 43.000 en milieu rural, la population active en chômage est passée, entre le premier trimestre de l’année 2019 et celui de 2020, de 1.084.000 à 1.292.000 chômeurs, enregistrant une hausse du volume global du chômage au niveau national de 19,1%. Le taux de chômage est ainsi passé  de 9,1% à 10,5%, de 13,3% à 15,1% en milieu urbain et de 3,1% à 3,9% en milieu rural. Les hausses les plus importantes du taux de chômage ont été relevées parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (3,9 points), les personnes âgées de 25 à 34 ans (2,3 points), les personnes disposant d’un diplôme (1,9 points) et les hommes (1,6 points). Les taux de chômage les plus élevés sont relevés, en particulier, parmi les femmes (14,3% contre 9,3% parmi les hommes), les jeunes âgés de 15 à 24 ans (26,8% contre 8,2% parmi les personnes âgées de 25 ans et plus) et les détenteurs d’un diplôme (17,8% contre 3,6% parmi les personnes n’ayant aucun diplôme).

Quelles sont les régions les plus touchées?

Cinq régions abritent 72% de l’ensemble des actifs âgés de 15 ans et plus. La région de Casablanca-Settat vient en première position avec 22,7% d’actifs, suivie de Marrakech-Safi (13,4%), de Rabat-Salé-Kénitra (13,4%), de Fès-Meknès (11,4%) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,2%). D’autre part, trois régions affichent des taux d’activité plus élevés que la moyenne nationale. Il s’agit de  Casablanca-Settat avec 49,7%, Tanger-Tétouan-Al Hoceima (48,6%) et Marrakech-Safi (47,8%). En revanche, les taux les plus bas sont enregistrés dans les régions de Fès-Meknès avec 42,7%, de l’Oriental (42,8%) et de la région de Souss-Massa (43%). Au Maroc, près des trois quarts des chômeurs (75,3%) sont concentrés dans cinq régions du Royaume. Casablanca-Settat vient en  première  position  avec 26,6% de chômeurs, suivie de Rabat-Salé-Kénitra (14,9%), de Fès-Meknès (12,8%), de l’Oriental (11,6%) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,5%). Les taux de chômage les plus élevés sont observés dans la région de l’Oriental (18,8%) et des régions du Sud (16,7%). Avec moins d’acuité, trois autres régions dépassent la moyenne nationale (10,5%) à savoir Casablanca-Settat (12,4%), Fès-Meknès (11,8%) et Rabat-Salé-Kénitra (11,8%). En revanche, les régions de Marrakech-Safi, de Béni Mellal- Khénifra et de Drâa-Tafilalet enregistrent les taux les plus bas avec respectivement 5,4%, 6% et 6,5%.

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Mohcine Lourhzal

Postes budgétaires

L’opposition accuse la majorité de manœuvres

La déprogrammation des postes budgétaires par la Primature sonne-t-elle le coup d’envoi d’une campagne électorale qui ne dit pas son nom ? C’est du moins ce qui ressort du débat animé par les partis de l’opposition qui, depuis quelques temps, crient au loup alors que du côté des frères (Ikhwanes) et de la Primature, il ne s’agirait que d’une simulation à laquelle se prêtent les partis de l’opposition pour atteindre la crédibilité de la majorité, en prévision des prochaines élections électorales qui semblent, d’ores et déjà, pointer du nez.

Pour la majorité, la dite déprogrammation ne concerne en réalité que 10% des postes budgétaires prévus en 2021, sachant que les 90% restants et de surcroît programmés concernent quatre secteurs stratégiques, en tête l’enseignement, la santé et la sécurité nationale qui ne souffriraient d’aucun changement.

«Pour sa part, nous confie un député de l’opposition, libre à la majorité de vouloir nous servir un plat réchauffé mais qu’elle sache que nous ne mordrons pas à l’appât et nous continuerons de critiquer cette décision du chef du Gouvernement de ne pas programmer de nouveaux postes budgétaires.

La Primature, pense-t-elle nous berner par cet appel lancé aux différents ministères d’annuler la programmation de nouveaux postes budgétaires alors que cette décision intervient après que la Primature a inondé les ministères comme les administrations de cadres du Parti (PJD) et d’autres proches ou sympathisants, en éloignant ou marginalisant les cadres sans appartenance politique.

Le patron du PPS (Parti du Progrès et du Socialisme), Nabil Benabdellah, ne s’est pas empêché de voir en cette décision de non programmation de postes budgétaires une attitude bizarre et dangereuse.

En plus d’appeler le Gouvernement à revenir sur sa décision de suspendre le recrutement et d’arrêter de vouloir faire passer la non programmation de postes budgétaires pour une mesure d’austérité dictée par le contexte actuel, l’opposition estime que la situation actuelle exige de l’exécutif qu’il s’attèle à aller au-devant des solutions ambitieuses à même de faire front aux problèmes issus de la crise sanitaire «Coronavirus» qui perdure et qui pourrait même prendre l’allure d’une deuxième vague qui menacerait du pire.

Mohammed Nafaa

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