Aziz Rebbah, ministre de l’Energie, des Mines et du Développement Durable

«Toute la région de l’Oriental a besoin d’un effort de marketing»

Aziz Rebbah, ministre de l’Energie, des Mines et du Développement Durable

Quelle sortie de crise à Jerada? Y a –t-il un plan d’urgence à même de répondre aux attentes des habitants?

Il y a quelques initiatives à caractère urgent. Mais la province a besoin d’un plan de développement socio-économique, pour trouver des réponses appropriées aux attentes des populations locales. C’est ce qui est en cours de préparation.

Pour les protestataires de Jerada, il y a beaucoup de choses qui doivent être faites pour la région, notamment sur le plan socio-économique. Des associatifs locaux estiment que c’est là une mission difficile pour le gouvernement, puisque aucune action n’est prévue pour cette province dans le cadre de la loi de Finances 2018…

Non. La répartition des crédits du budget général, prévu dans le cadre de la loi de Finances 2018, n’est pas un problème. On peut revoir la répartition de ce budget, comme on peut revoir quelques programmes. Sachant qu’il y a certains programmes qui sont déjà lancés dans la province de Jerada, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, le secteur sportif ou encore dans le domaine culturel. C’est en cours de réalisation. Certes, certains programmes présentent quelques retards, mais les autorités locales et les responsables sont en train d’y remédier. Disons que la province a besoin, aujourd’hui, d’un nouveau modèle de développement socio-économique. Lequel doit viser, en premier lieu, la création de l’emploi et, en deuxième lieu, l’amélioration de l’accès aux services sociaux. Ce sont là les deux grands axes qui nécessiteront une attention particulière dans les mois et les années à venir.

Des négociations ont eu lieu la semaine dernière avec les protestataires de Jerada. Quelles étaient leurs principales revendications?

J’ai eu l’occasion de rencontrer les différents acteurs et les représentants de l’autorité locale dans la province de Jerada, pour examiner les contraintes de développement dans la province et les moyens d’y remédier. Je dois dire qu’au cours de ces négociations, il y a eu des propositions, mais aussi des revendications. Il y a une analyse très profonde de ces différentes réclamations, lesquelles concernent certains projets qui sont en cours de réalisation ou qui sont programmés à court terme. D’autres revendications concernent, quant à elles, d’autres programmes à long terme. A noter qu’il y a également des réclamations concernant des questions qui n’étaient pas prévues dans ces programmes et qui peuvent être prises en considération. D’une manière générale, la province de Jerada -et pas uniquement la ville de Jerada- était développée grâce à la présence des mines. Mais le fait de fermer certaines mines de charbon et de plomb, cela a créé presque un ralentissement du développement de la zone. A savoir qu’il y avait beaucoup de tentatives et de programmes dédiés à la province. Il ne faut pas oublier que Sa Majesté a lancé, en 2009, un vaste programme de mise à niveau de toute la province, lequel consistait à développer les infrastructures de transport et socio-culturelles, ainsi que le développement urbain. C’est une enveloppe de presque 360 millions de DH. Mais si on prend en compte ce que l’Etat a mis en place, depuis 2003 et jusqu’à 2017, d’une manière globale, c’est un budget de 10 milliards de dirhams, dans le domaine de l’énergie qui emploie des centaines de personnes, dont la majorité sont issues de la province de Jerada. A cela s’ajoute un montant de 2, 5 milliards de dirhams qui concerne les infrastructures de transport et socio-culturelles et le développement urbain. C’est dire qu’il y avait des investissements réalisés dans la province de Jerada. Maintenant, le plus important, c’est surtout d’aller vers des investissements économiques à même de créer de l’emploi, remplacer le manque à gagner causé par la fermeture de certaines mines et aussi pour le développement des services (santé, éducation, etc.).

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Malgré les mesures annoncées par le gouvernement, pour sortir de la crise de Jerada, les manifestants n’ont pas manqué d’émettre certaines réserves quant à ces mesures…

D’abord, je dois dire que je suis très optimiste. Vu comment les choses vont aujourd’hui, c’est vraiment dans un climat très positif. Un climat très favorable à un vrai partenariat entre les différents acteurs locaux. C’est vrai qu’il y a des manifestations, mais il faut dire que ce sont des manifestations qui sont bien organisées. Les gens ont envoyé des signaux forts, en chantant l’hymne national, en portant le drapeau  national et les photos de Sa Majesté, pour dire qu’ils sont pour le développement socio-économique de la province. Ce ne sont pas des manifestations à caractère politique. Les manifestations étaient bien organisées, il n’y avait pas de dérapages et l’autorité est intervenue d’une manière très positive. Par ailleurs, il est à souligner que les négociations ont commencé avant même la mort des deux personnes. Le deuxième élément qui fait que je suis optimiste, c’est qu’il y a des potentialités énormes au niveau de la province de Jerada, notamment dans le domaine des mines. Il faut dire qu’il y a d’autres possibilités minières dans cette province. Dans le domaine de l’énergie, il y a aussi des projets structurants qui vont être lancés. Il s’agit notamment de la plate-forme solaire à Béni Mather et de la cinquième unité thermique à Jerada. Cette ville regorge aussi de potentialités dans le domaine agricole. En effet, il y a des terres qui sont très fertiles et des ressources hydriques. Dans certains endroits, la nappe phréatique est très favorable à un développement agricole au niveau de la province de Jerada. Et, sur le plan touristique, je dois dire que, là aussi, il y a des potentialités très importantes. Il y a des sites touristiques extraordinaires qui méritent d’être vus. Il y a lieu de souligner qu’il y a des forêts qui peuvent aussi être un gisement de développement économique très intéressant pour la ville de Jerada.

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On reproche aux responsables locaux de la région de l’Oriental d’attirer les investissements beaucoup plus vers la ville d’Oujda que vers Jerada ou d’autres villes de la région orientale…

Ce que je peux vous dire à ce sujet, c’est qu’à Oujda, il y a déjà peu d’investissements. En tant que responsable, j’estime que toute la région de l’Oriental a besoin d’un effort de marketing. Certes, il y a beaucoup d’infrastructures qui y sont développées par l’Etat (aéroports, ports, autoroute, chemin de fer, voies expresses, plates-formes industrielles, etc.). Mais je pense que toute la région a aujourd’hui besoin d’un effort de marketing à même de lui permettre de trouver sa vraie vocation. C’est ce que l’autorité, avec les différents secteurs, sont en train de mettre en place actuellement. Car, la région -où il y a quand même un déficit- a besoin d’avoir un focus particulier pour certaines provinces, en particulier celle de Jerada. Comme je l’ai souligné, il y a des réalisations dans la province, mais il y a encore du travail à faire. Si on arrive à trouver la formule adéquate pour encourager les gens à venir investir dans l’industrie, la logistique, le commerce, l’artisanat et l’agriculture et développer davantage les mines, les investisseurs vont être plus intéressés à venir. Concernant les mines, par exemple, on est en train de doter la province de Jerada d’une carte géologique, pour y explorer les potentialités minières. Ce qui va permettre par la suite de donner une visibilité aux investisseurs.

Propos recueillis par Naîma Cherii

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