Bac: quelles sanctions, quelle loi ?

Vous pouvez brandir toutes les menaces que vous voulez, il se trouvera toujours des candidats au Bac qui tenteront leur chance du côté de la fraude ! Cela s’est vérifié, encore une fois, lors de cette 1ère session 2013… Et pas seulement au Maroc !
Mais restons quand même dans nos frontières pour méditer ce qu’il s’est passé le premier jour de l’épreuve et souligner deux aberrations en particulier.
Dès le mardi 11 juin, donc, premier jour des examens du Baccalauréat (qui devaient se dérouler les 11, 12 et 13 juin), les fraudeurs sont entrés en action, donnant lieu à dix arrestations ! Parfaitement ! Dix incarcérations !
Le ministère de l’éducation nationale (MEN) avait prévenu que tous les moyens seraient mis en œuvre pour traquer et sanctionner sévèrement les fraudeurs et il a tenu parole.

De grands moyens ont été mis en œuvre. La police et la gendarmerie y ont été associées. Aussi, lorsque, dès les premières minutes qui ont suivi la distribution des sujets aux candidats, les questions et les premières ébauches de réponse ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, les experts en nouvelles technologie de la police ont activé leur système de repérage et le candidat fraudeur a été pris en flagrant délit. Ainsi que ceux qui, à l’extérieur des salles d’examen, avaient relayé son message. On n’arrête pas le progrès…
Or, ce sont précisément ces bandes qui font commerce de fraude au Bac qui ont poussé le ministère à durcir la loi, incluant dans les sanctions… L’incarcération !!
C’est la première aberration.
Car, si des bandes organisées cherchent à commercialiser la fraude en proposant leurs services à des candidats au Bac qui s’en trouvent encouragés à tricher pour réussir, au lieu d’étudier, il est normal que les sanctions à leur encontre soient des plus sévères et qu’ils finissent même derrière les barreaux.
En revanche, comment concevoir que de simples élèves qui auraient triché aux épreuves du Bac se retrouvent en prison ? Comment peut-on songer un seul instant à jeter dans ces prisons –que les citoyens appellent «les écoles du crime»- de jeunes élèves, certes petits délinquants, puisqu’ils ont voulu tricher, mais des élèves de ce niveau d’instruction et cela, au commencement de leur vie ?!
Les sanctions ne manquent pas pour les candidats fraudeurs. Elles ont cours dans toutes les démocraties. Il y a l’avertissement de la commission disciplinaire, la note éliminatoire, la suspension d’examen pour une période donnée, voire même l’interdiction définitive en cas de récidive… Mais la prison ?!
Ejecter un jeune qui n’a pas 20 ans –à cet âge-là, qui n’a pas fait d’erreurs ?- de son banc d’examen vers une cellule à partager avec des criminels, c’est le condamner à en devenir un… C’est donc tout simplement détruire sa vie. La sanction n’est-elle pas totalement disproportionnée ? Surtout quand on sait combien de vrais criminels courent les rues.
Personne n’avait encore réellement réagi à cette sanction d’incarcération, prévue par le ministère, parce que le projet de loi la préconisant, bien qu’adopté en conseil de gouvernement, n’avait pas encore été débattu au parlement.
Pourtant –et c’est là la deuxième aberration- les fraudeurs de cette année se voient déjà appliquer ce qui n’est qu’un projet de loi… Et qui n’est donc pas une loi opposable à tous ! Ils sont en prison en vertu d’un texte qui n’est pas encore définitivement entériné. Réveillez-vous, les avocats !
Et ceux qui persistent à vouloir embastiller de jeunes élèves, pour «crime» de triche à l’examen, sont-ils sûrs que leurs rejetons ne succomberont jamais à la tentation d’un «petit copiage» ?

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