Situé dans la région du Gharb, près de la ville de Mechraa Belksiri, à 65 km au nord de Kénitra, Banasa est un site archéologique qui puise, selon les historiens, dans une longue période allant du VI siècle avant J.C jusqu’à sa colonisation par les Roumains.
D’anciennes fouilles archéologiques ont permis la découverte, dans ce site antique, d’un ensemble d’outils de pierre de Silex taillée, révélant que la plus ancienne colonisation du site date de l’époque préhistorique.
Quelques fragments d’amphores et de céramique peinte de type Cruz et Negro, des lampes à deux becs et des bijoux de tradition phénicienne laissent supposer l’existence de relations commerciales entre Banasa et les cités influencées par l’arrivée des marins phéniciens plus carthaginois.
Dans une déclaration à la MAP, le conservateur du site, Rachid Agharbi, explique que Banasa, un des sites historiques les plus importants de la région du Gharb, remonte à la période maurétanienne, tout comme les sites de Thamusida et Rirha.
Les fouilles effectuées dans ce site entre 1930 et 1956 ont permis la découverte de plusieurs constructions datant de l’époque roumaine, dont des installations publiques telles que l’esplanade de Forum, le temple roumain et plusieurs bâtiments et maisons comprenant des piliers dans leurs cours, qui furent, jadis, richement décorées par des mosaïques, ainsi que plusieurs thermes aux murs peints, qui constituent d’importants monuments du Maroc antique.
M. Agharbi, qui a supervisé les opérations de fouilles entreprises récemment par l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine avec le Centre de la recherche scientifique à Paris, a indiqué que Banasa, en tant que cité maurétanienne, est l’une des colonies roumaines établies au Maroc antique entre l’an 33 avant j.c et 27 avant j.c.
Banasa a perduré comme cité roumaine jusqu’à la fin du troisième siècle, a-t-il ajouté, notant que ce site était aussi connu pour ses importants aspects maurétaniens, à travers les anciennes fouilles qui y ont été opérées, notamment dans les quartiers sud et nord et dans quelques salles du temple.
“Ces fouilles et les objets trouvés montrent que le site date du troisième siècle”, a affirmé M. Agharbi, soulignant que ces découvertes confirment l’existence de liens avec d’autres sites du bassin de la Méditerranée, dont Zilil, Laqouas et Lixus au nord du Maroc et ceux situés dans le sud de l’Andalousie.
Les fouilles entreprises dans le quartier sud du site ont permis, a-t-il précisé, de distinguer plusieurs fours qui datent du quatrième siècle avant j.c, ainsi qu’un ensemble d’ustensiles en poterie, en plus de données confirmant l’existence du métier de la poterie dans cette époque.
De nombreuses pièces archéologiques découvertes à Banasa sont exposées au Musée de l’histoire et des civilisations de Rabat, a fait savoir M. Agharbi, soulignant que d’autres objets trouvés seront exposés au Centre de valorisation du patrimoine à Kénitra, outre des pièces archéologiques qui ont été choisies pour être exposées au Musée national d’archéologie et des sciences de la terre à Rabat.
De son côté, le professeur d’histoire antique à la faculté des lettres et des sciences humaines à Rabat, El Bidaouia Belkamel, a indiqué, dans une déclaration similaire, en marge d’une visite scientifique effectuée sur le site, que ses connaissances académiques sur Banasa remontent aux années 80, quand elle travaillait sur la mosaïque de la cité qui daterait de la période d’avant les Romains, à savoir du sixième siècle avant J.C, d’après les sources archéologiques, au moment où les sources littéraires parlent, en revanche, du 1er siècle.
“Le site Banasa est aussi précieux que ceux du Loukkos, Thamousida, Chellah ou Oualili”, a estimé la chercheuse, soulignant la nécessité de réhabiliter un musée sur le site, qui constituera un levier de développement du domaine du Gharb.
Protégée par un rempart urbain du IIème siècle, la cité romaine de Banasa s’organise autour d’un forum bordé, des côtés est et ouest, de portiques, d’un temple à six salles au sud et d’une basilique au nord. Le quartier sud, construit selon une orientation différente, renferme, outre des bâtiments à vocation artisanale, des monuments publics notamment un grenier et un temple.
Dans le quartier ouest, traversé par l’avenue principale, les maisons à péristyle, notamment la maison de Vénus, étaient richement décorées de mosaïques et plusieurs boutiques et bâtiments à vocation artisanale bordent la voie principale jusqu’au quartier central. Au nord du forum, les îlots, organisés selon une trame orthogonale, renferment des bâtiments à vocation artisanale, notamment des boulangeries et huileries. Les maisons du quartier du nord à péristyles, dont la plus importante est celle du quartier dit “macellum”, étaient ornées de mosaïques polychromes.
Les thermes publics de Banasa présentent un plan parfaitement classique et lisible dont l’architecture s’assimilent à celles des thermes romains. Ces thermes aux fresques, richement décorés de mosaïques et de peintures murales, représentent l’une des caractéristiques de la cité.
Le mobilier archéologique provenant de fouilles de Banasa, constitué de documents épigraphiques en particulier sur plaque de bronze, de céramiques, de bijoux et de statues, constitue une part importante de la collection du musée archéologiques de Rabat. Les récentes fouilles effectuées dans le quartier sud ont exhumé des vestiges d’atelier de potiers et d’habitat en briques crues d’époque maurétanienne et un mobilier très riche constitué de céramiques achromes et peintes et d’amphores datant entre le VIème et le Ier siècle avant J.-C.
Avec MAP