Bank Al-Maghrib : Le taux directeur abaissé à un niveau inédit

Abdellatif jouahri bam

A l’issue de sa réunion trimestrielle, Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé d’abaisser son taux directeur à 2,75%. Détails.

«C’est la première fois dans l’histoire de la banque centrale que celle-ci abaisse son taux directeur au-dessous de 3%», a lancé d’emblée Abdellatif Jouahri, wali de BAM (photo). En effet, la banque centrale marocaine a abaissé le taux directeur de 3% à 2,75%. Cette décision intervient dans un contexte caractérisé par la persistance d’un faible rythme de croissance des activités non agricoles, une amélioration des réserves internationales et une prévision centrale de l’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. La baisse du taux directeur devrait encourager les banques à faciliter davantage les conditions d’octroi des crédits.
C’est donc un geste attendu pour la relance d’une croissance économique poussive. Cette relance s’est avérée d’autant nécessaire que la désinflation s’installe, faisant ressortir des taux d’intérêt réels plutôt élevés.
Durant le deuxième trimestre de l’année en cours, la conjoncture économique internationale a été marquée par une amélioration de la croissance aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dans la zone euro, avec une légère baisse du taux de chômage aux Etats-Unis et des cours des matières premières. Toutefois, l’ensemble de ces évolutions ne laissent pas indiquer de tensions inflationnistes d’origine externe à moyen terme, d’après Abdellatif Jouahri.

Croissance économique estimée à 2,5%

En tenant compte de l’évolution récente des indicateurs infra-annuels disponibles, le gouverneur de la banque centrale a estimé que la croissance économique avoisinerait 2,5% pour l’ensemble de l’année 2014. Le produit intérieur brut (PIB) non agricole devrait progresser d’environ 3%, tandis que la valeur ajoutée agricole devrait reculer de 2,5%. L’output gap non agricole serait négatif et devrait le rester au cours des prochains trimestres. Néanmoins, ce niveau de croissance est assez faible pour un pays en voie de développement qui a besoin d’un rythme entre 6% et 7%, pour résorber les déficits socio-économiques.
Pour ce qui est des comptes extérieurs, le déficit commercial des biens s’est allégé de 3,1% à fin août 2014, alors que les exportations ont enregistré une hausse de 7,1%. La croissance des exportations s’explique principalement par la forte progression des expéditions du secteur automobile et l’atténuation de la baisse de celles des phosphates et dérivés.
Malgré la progression de 32,2% des approvisionnements en blé, les importations ont enregistré une hausse limitée à 1,8% sous l’effet d’une baisse de 1,4% des achats des produits énergétiques et de 5,6% des acquisitions de biens d’équipement.
Pour sa part, l’encours des réserves internationales nettes a atteint 175,6 milliards de dirhams (MMDH) à fin août, ce qui correspond à l’équivalent de 4 mois et 29 jours d’importations de biens et services et devrait se maintenir à ce niveau d’ici fin 2014. Grâce à ces évolutions et aux entrées au titre de dons, le déficit du compte courant devrait revenir de 7,6% du PIB en 2013 à 6,7% au terme de l’année 2014.
S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire (hors privatisation) a atteint 42,5 MMDH à fin août 2014, contre 42,2 MMDH à la même période une année auparavant. «L’objectif d’un déficit de 4,9% du PIB à fin 2014 serait atteint», a précisé le wali de BAM.

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Stabilité des prix à la consommation

L’inflation, quant à elle, s’établirait à 0,7% en 2014 avec une balance de risques équilibrée, après la prise en compte des révisions des systèmes de tarification de l’eau et d’électricité opérées en août dernier. Suite à un accroissement de 0,4% en juillet (en glissement annuel), l’indice des prix à la consommation est resté stable en août grâce à l’accentuation de la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils, de 7,1% à 9,9%, ce qui a plus que compensé les hausses de 12,8% pour l’alimentation en eau et assainissement et de 6,5% pour l’électricité. Il faut savoir que l’inflation ressort à 0,3% et sa composante sous-jacente à 1,2% en moyenne. Ladite composante est revenue de 1,4% en juillet à 1% en août, en liaison avec la décélération de 1,4% à 0,8% du rythme d’accroissement des prix pour les biens échangeables et de 1,6% à 1% pour ceux non échangeables. En outre, les prix à la production industrielle ont poursuivi leur tendance baissière avec un nouveau fléchissement annuel de 2,1% en juillet, après celui de 1,9% en moyenne au cours du deuxième trimestre de l’année en cours. Sur la base de l’ensemble de ces évolutions, l’inflation s’établirait à 1,6% en moyenne sur les six prochains trimestres.

Recul des besoins de liquidité bancaire

BAM va veiller à la bonne transmission de ses décisions de politique monétaire par le système bancaire au profit des opérateurs économiques, à travers le suivi des conditions débitrices appliquées par les banques, d’après le wali de BAM. La baisse du taux directeur devrait encourager les banques à faciliter davantage les conditions d’octroi des crédits. Les besoins de liquidité bancaire ont reculé de 70 MMDH en 2013 à 50 MMDH durant l’année en cours. Cette performance s’explique par l’amélioration des avoirs extérieurs et des interventions du Trésor sur le marché monétaire. Sur le marché interbancaire, le taux moyen pondéré (TMP) s’est stabilisé à 3,01% en moyenne au cours des mois de juillet et d’août.

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Anas Hassy
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Il a déclaré…

Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib

«Dans la mesure où la croissance est atone, que l’objectif budgétaire devrait être tenu et que les réserves de change devraient se maintenir à près de cinq mois, il a été décidé d’abaisser le taux directeur de 3% à 2,75%. Il s’agit de la première baisse en deux ans, mais c’est surtout la première fois que le taux directeur est en deçà de 3%. Cette décision intervient dans un contexte caractérisé par la poursuite d’un faible rythme de croissance des activités non agricoles, une amélioration des réserves internationales et une prévision centrale de l’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. La banque centrale continuera de suivre de près l’ensemble de ces évolutions. Cette mesure, qui devrait pousser les banques à faciliter les conditions d’octroi des crédits et inciter les entreprises un peu attentistes à reprendre de l’activité vise à contribuer à soutenir un peu plus la croissance. D’autre part, le taux de croissance en 2014 devrait s’établir à 2,5%, du fait d’un recul d’environ 2,5% de la valeur ajoutée agricole. L’an prochain, elle est estimée autour de 4%, dans l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne. S’agissant du déficit public, l’objectif d’une réduction à 4,9% du PIB à fin 2014 sera tenu, grâce notamment à la maîtrise des dépenses de compensation. A fin août 2014, le coût de la Caisse de compensation est de 23 milliards de dirhams, contre 34 milliards de dirhams prévus dans la loi de Finances. La croissance économique avoisinerait 2,5% pour l’ensemble de l’année 2014, tenant compte de l’évolution récente des indicateurs infra-annuels disponibles, avec une progression de près de 3% du PIB non agricole et un repli d’environ 2,5% de la valeur ajoutée agricole».

 

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