Les banques marocaines sortent à l’international. Répondre aux besoins de liquidités, financer leur plan de développement, ou profiter des conditions favorables octroyées dernièrement au Trésor marocain? Éclairage.
Attijariwafa Bank et BMCE Bank sortent sur le marché financier international. Une petite longueur d’avance pour la banque d’Othman Benjelloun qui est bien partie sur son projet.
En effet, alors qu’on disait, début mai dernier, que BMCE Bank envisageait de lever près de 500 millions de dollars sur les marchés financiers internationaux, les actionnaires viennent de donner leur accord pour la première émission obligataire en devises étrangères de la banque sur les marchés financiers internationaux. Celle-ci est estimée à 500 millions de dollars. «L’Assemblée Générale Ordinaire des Actionnaires de BMCE Bank, réunie extraordinairement le mardi 4 juin 2013, a autorisé l’émission de cet emprunt obligataire à taux fixe, de 5 ans d’échéance, prévu d’être coté à la Bourse du Luxembourg», a annoncé un communiqué de BMCE. Cette dernière a été conseillée par Barclays, Citibank et de BNP Paribas.
Pourquoi une sortie à l’international?
Déjà, lors de la présentation des résultats annuels 2012 de BMCE, Brahim Benjelloun avait soulevé la question mais sans trop donner de détails sur les visées de cette sortie à l’international. Sortie dont l’objectif est aujourd’hui clair puisqu’il s’agit de diversifier les ressources stables de la banque afin d’améliorer sa liquidité, mais aussi de lui permettre d’accompagner ses besoins de développement futur au Maroc et à l’international. Parmi les développements à l’international, il y a lieu de citer l’ambition africaine, «très optimiste » d’Othman Benjelloun quant au futur de la Bank Of Africa (BOA), et son objectif de voir la banque présente dans «chaque pays africain, sans exception». «Que cela prenne 10, 15 ou 20 ans, la banque finira par être présente dans chaque pays africain…», disait d’ailleurs, à cet effet, le président Bejelloun.
Positionnée déjà en pionnière, BMCE Bank conforte sa position. Il y a lieu de rappeler «ce qu’elle avait entrepris, au lendemain de la privatisation, en conduisant l’opération d’émission des GDR – Global Depositary Receipts- ou Certificats d’Actions Dépositaires, auprès des investisseurs d’Amérique, d’Europe et d’Asie», lit-on encore dans le communiqué.
Il est notamment à préciser que cette solide enveloppe est destinée à renforcer les fonds propres de la banque et à accompagner ses projets de conquête de nouveaux marchés sur le continent africain.
Rappelons que la BMCE détient 59,4% du capital de la Bank of Africa qui siège dans pas moins de 15 pays d’Afrique dont le Sénégal, le Burkina-Faso, la Côte d’ivoire, le Ghana et le Bénin. La BOA, fondée en 1982 au Mali, a été rachetée par la banque marocaine en 2010 et compte aujourd’hui près de 350 agences à travers tout le continent.
Le road show pour la BMCE est prévu à la fin de la semaine et annonce une opération séduction prometteuse vu les performances positives du groupe publiées fin mars dernier. Effectivement, l’exercice 2012 avait affiché un résultat net part du groupe de 923 millions de dirhams soit en augmentation de 9% par rapport à 2011.
Attijariwafa Bank vise aussi grand
À l’instar de BMCE Bank et surtout du Trésor et de sa dernière sortie à l’international, deuxième en l’espace de six mois et à des conditions avantageuses, Attijariwafa Bank (AWB), est aussi convaincue par la nécessaire sortie sur les marchés étrangers. En effet, AWB compte mobiliser près de 8 MMDH dont une partie à l’étranger d’ici 2017 pour financer son expansion au Maroc et sur le continent. Elle envisage de couvrir l’ensemble des pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et de la partie centrale du continent à l’horizon 2015. Ainsi, et après avoir emprunté dernièrement 1,25 MMDH sur le marché national, AWB va émettre 500 millions de dollars à l’international. Ces émissions font partie d’un programme d’émission d’obligation des 8 MMDH. La sortie sur les marchés financiers internationaux, a été annoncée par Mohamed El Kettani, PDG du groupe en marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Le groupe a en effet eu le feu vert de son assemblée générale pour émettre un emprunt de 500 millions de dollars à l’international et c’est au conseil d’administration d’en déterminer les conditions et le timing.
AWB qui bénéficie d’une assise financière solide a ainsi toute la latitude pour se faire financer à l’étranger dans des conditions très favorables, voire avantageuses. D’autant plus qu’il a les faveurs des agences de notation, notamment Standard & Poor’s. De plus, le potentiel de développement du groupe demeure important.
À travers cette levée, AWB veut ainsi mobiliser les financements qu’il faut pour continuer la mise en place de sa stratégie de croissance au Maroc et à l’étranger. Elle vise l’accroissement de certaines de ses activités au niveau national, par le biais, bien sûr, du développement de la bancarisation et du financement des grands projets du pays. Au-delà, c’est au niveau du Maghreb, de l’Afrique centrale et occidentale qu’AWB veut profiter des opportunités d’affaires qui y sont offertes. L’ambition de la banque est bien de s’implanter dans l’ensemble des pays d’Afrique du Nord, de l’Ouest et centrale, d’ici 2015, avec une attention particulière pour les zones CEMAC et UEMOA. El Kettani n’a d’ailleurs pas cessé de relater cette ambition et de louer les opportunités qu’offrent ces zones ainsi que tous les avantages dont peut profiter sa banque en réussissant son implantation. Une banque qui se démarque d’ailleurs bien, en dépit de la crise puisqu’en 2012, elle affichait un résultat net part du groupe de 1,2 MMDH, en hausse de 47% par rapport à celui de 2011et un produit net bancaire qui a évolué de 13% pour atteindre 4,6 MMDH.
L’assèchement des liquidités sur le marché financier marocain ne laisse ainsi d’autre choix aux banques marocaines que d’aller se ressourcer ailleurs, surtout que Bank Al-Maghrib recommande cette option pour ce faire.
BMCE serait ainsi la première banque marocaine à se conformer de la Banque centrale du Maroc.
Pour sa part, AWB qui conserve son statut d’assidu du secteur sur le plan prudentiel, veut maintenir son assise financière aux meilleurs standards internationaux. De plus, elle doit se conformer aux nouvelles exigences de BAM en matière de ratio de solvabilité et de Tiers one (noyau dur des fonds propres). BAM a en effet fixé au 30 juin 2013 le relèvement de ces ratios par les banques (12% pour la solvabilité et 9% pour le Tiers one).
BCP
La Banque centrale populaire (BCP) vient de signer un accord de partenariat avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Il vise à renforcer l’accompagnement bancaire des entreprises marocaines en matière de commerce international, leur permettant ainsi de rehausser leur niveau de contribution au développement économique du Maroc. Selon un communiqué de la BERD, l’accord porte sur la création d’une facilité de financement des échanges de l’ordre de 426 MDH, sur des durées pouvant aller jusqu’à trois ans pour les garanties et 12 mois pour les avances de fonds. |