Le décès du président déchu Ben Ali suscite peu d’émotion dans les rues de Tunis. Dans des cafés, les radios et télévisions sont branchées en boucle sur les chaînes d’information continu, mais les élections en cours dans le pays prennent beaucoup plus de place sur les écrans et dans les esprits que cette nouvelle.
En exil en Arabie Saoudite depuis le 14 janvier 2011, il était sorti des radars. Cette date a d’ailleurs été choisie pour marquer les cérémonies officielles de la révolution. Seules les dernières photos diffusés par ses proches au mariage de sa fille, avaient fait le buzz et suscité plus de commentaires sur son physique que sur le fond. On le disait malade et, depuis quelques jours, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait ouvert la porte à son retour sur le territoire tunisien. Une option à laquelle les Tunisiens n’étaient pas tous favorables.
Ben Ali était un autocrate vieillissant débordé par son épouse, il a été répressif mais n’était certes pas un Mugabe. Le régime de Ben Ali n’avait pas grand-chose d’original. Comme dans toute autocratie, le débat public était interdit. Toute forme de discussion politique, même les plus informelles, était traquée. Bref, on avait rendu le peuple tunisien si paranoïaque que la censure était devenue inutile. Son image reste largement négative mais le temps passant les jugements sont moins sévères au regard de la situation parfois de la Tunisie actuelle.
Patrice Zehr