La direction régionale de la Santé (DRS) de Béni Mellal-Khénifra a mis en place une cellule d’aide psychologique dédiée au soutien moral et psychologique du personnel soignant du circuit Covid-19, sur la ligne de front de la lutte contre le nouveau coronavirus.
Cette cellule d’aide psychologique, qui a pour vocation d’accompagner le personnel soignant opérant dans le circuit Covid-19 du Centre hospitalier régional (CHR) de Béni Mellal, intervient dans le cadre des mesures initiées par la DRS pour freiner la propagation du nouveau coronavirus et accompagner le personnel médical et paramédical en situation de détresse et d’épuisement.
Les médecins et le personnel infirmier, paramédical et technicien, dans les premières lignes du combat contre le Covid-19, sont sollicités quotidiennement, de jour comme de nuit, et ont par conséquent besoin d’un accompagnement de bout en bout, indique dans une déclaration à la MAP, le psychiatre au CHR de Béni Mellal, Driss Tahiri Alaoui, relevant que l’effet de surprise augmente le niveau d’anxiété et de peur chez le personnel soignant qui finalement, lui aussi, a peur d’être infecté et de contaminer ses proches et ses enfants, d’où l’utilité d’un soutien moral pour les professionnels en souffrance.
Le Covid-19 s’est drastiquement transformé en source d’inquiétude, d’anxiété et de peur pour les prestataires de soins car ils se sont trouvés dans une situation de guerre contre un mal inconnu qui a été terni par une médiatisation excessive et des informations erronées, a dit le psychiatre.
Le CHR s’est organisé depuis le déclenchement du Covid-19 de manière à prendre en charge les sinistrés psychologiques de tout genre et le personnel soignant “émotionnellement affecté” par l’effet de surprise, et c’est la raison pour laquelle l’organisation de cette action dans le cadre de la prise en charge des patients Covid-19 a été de mettre en place dans l’immédiat une équipe multidisciplinaire composée des plusieurs spécialités directement concernées par cette question.
La place de la prise en charge psychiatrique s’est vite faite ressentie parmi le personnel soignant qui avait à faire à une épidémie à plusieurs inconnus ayant pris tout le monde au dépourvu, explique Tahiri Alaoui.
Pourtant, les patients et les médecins étaient face à une maladie source de beaucoup de questions de par sa gravité, la nature du virus en cause et la grande médiatisation dont elle a fait objet avec des conséquences néfastes des fake news sur la santé morale de nombre de professionnels de la santé.
Par ailleurs, l’accompagnement psychologique dans les situations de catastrophes a suscité beaucoup de débats dans l’histoire récente de la psychiatrie de catastrophe, précise Tahiri, notant que plusieurs courants de pensée ont évoqué la nécessité d’un bebrifing dans l’immédiat en post-catastrophe comme lors de la seconde guerre mondiale mais cette attitude a été vite abandonnée vu les dégâts psychologiques qu’elle a provoqué.
En effet, tous ceux qui vivent une catastrophe ne feront pas de problèmes psychiatriques fort heureusement et donc n’ont pas besoin de prise en charge, a poursuivi le médecin, relevant que l’attitude d’expectative laisser venir les souffrances à post épidémie a également vite démontré ses limites et ses insuffisances, puisque beaucoup de personnes en souffrance dans l’immédiat peuvent voir leurs symptômes disparaître si une prise en charge a été instaurée à temps.
Finalement, enchaîne le docteur, l’attitude adoptée actuellement à l’unanimité et par tous les courants de pensée psychiatrique est celle selon laquelle il faut se mettre à la disposition de tout le monde dans le cadre d’une écoute active en groupe ou en individuel pour repérer les gens qui présentent des symptômes qui peuvent prédire à une souffrance immédiate ou ultérieure et de les accompagner dans le cadre d’un suivi plus structuré.
Nous avons adopté cette dernière attitude au sein de l’Hôpital, ce qui nous a permis de repérer un certain nombre de personnes que nous avons prises en charge tant chez les soignants que chez les soignés, s’est félicité Tahiri Alaoui, soulignant que cette approche est à même de motiver le personnel soignant et de le rassurer quant à son indispensable et noble mission au service de l’humanité.
Le nouveau coronavirus a suscité un certain nombre de réactions psychologiques et c’est la raison pour laquelle le soutien psychologique est devenu une condition sine qua non pour tout hôpital, a-t-il conclu.
LR/MAP