Roni Alsheich, avec son aspect rondouillard et sa moustache à la Charlie Chaplin, était, pour Benjamin Netanyahu, le candidat idéal au poste de commandant national de la police, une maréchaussée alors secouée par des scandales à répétition de harcèlement sexuel.
Nommé pour trois ans avec la promesse de devenir ensuite le patron du Shin Beth, le nouveau grand flic allait y mettre de l’ordre et cesser d’enquêter sur les affaires sensibles des hommes politiques. La fameuse brigade Lahav 433, dont c’était le champ d’action, allait pouvoir se reposer. Issu d’une famille on ne peut plus juive orientale, avec des parents d’origine yéménite et marocaine, Roni Alsheich a grandi à Kyriat Arba, une colonie proche de Hébron. Brillant élève d’une école religieuse, il a son bac à 16 ans, puis étudie, dans la grande école talmudique Yeshivat Harav, l’alma mater du mouvement de colonisation. Au lieu de museler les enquêteurs, Roni Alsheich leur a donné l’ordre de redoubler d’efforts. Résultat: le député du Likoud, David Bitan, chef de la coalition parlementaire que l’on croyait intouchable, est aujourd’hui soupçonné de corruption aggravée. Il a dû démissionner de son poste et passe des heures sous les projecteurs de Lahav 433. Et mardi 13 février, il recommande à la justice d’inculper le Premier ministre en personne pour corruption, fraude et abus de confiance.
C’est un peu la malédiction du Likoud. Le parti a souvent propulsé à des positions clés des hauts fonctionnaires apparemment dévoués à la droite. Et a découvert, au fil des ans, qu’ils ne faisaient aucun cadeau à ceux qui les avaient nommés…
Patrice Zehr