Mohamed El Yazghi, ancien Premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP)

«Benkirane a eu une chance inouïe»

El Yazghi USFP

Le Parti de l’Istiqlal a finalement mis à exécution sa décision de se retirer de la majorité. Quel est votre commentaire?

Avec la démission des ministres istiqlaliens, on peut dire que les choses sont bien avancées. Elles sont même plus claires: reconstituer une nouvelle majorité ou bien aller aux élections législatives anticipées. Ce sont là les deux scénarii qui peuvent avoir lieu. Le parti au pouvoir semble très divisé là-dessus. Mais la décision est entre les mains du chef de gouvernement, lequel doit reconstituer maintenant une autre majorité en consultant d’autres partenaires que l’Istiqlal.

Aurait-on pu éviter cette crise politique?

Le chef de gouvernement, Abdelillah Benkirane, avait l’air de ne pas prendre la décision de l’Istiqlal très au sérieux. S’il était motivé par la situation économique, il aurait dû ouvrir immédiatement les discussions avec l’Istiqlal. Mais il ne l’a pas fait. Cela fait deux mois ou même beaucoup plus, depuis l’élection du nouveau SG de l’Istiqlal en janvier dernier, que l’Istiqlal avait alerté le chef de gouvernement qu’il allait se retirer de la majorité. Mais le chef de gouvernement semblait minimiser la chose.

Finalement, après tout cela, Hamid Chabat avait-il raison quand il avait invoqué l’article 42?

Hamid Chabat a fait référence à l’article 42 parce que le Roi était à l’étranger. Le Roi a demandé au SG de l’Istiqlal de rester dans le gouvernement jusqu’à son retour. C’est ce qui a été fait. Et après son retour, le Roi a reçu Hamid Chabat qui lui a remis le mémorandum du Parti de l’Istiqlal. Aujourd’hui, avec la démission des ministres de l’Istiqlal, on peut dire que les choses reviennent à l’état normal.

Le coup de grâce

Maintenant que l’Istiqlal est dans l’opposition, cela va-t-il changer la donne?

L’opposition est là. Elle est diverse, c’est certain. On ne demande jamais à une opposition d’être d’accord sur tout. Il est certain que l’opposition de l’USFP est une opposition social-démocrate. Ce n’est donc pas une opposition libérale comme chez les deux autres parties. Si l’Istiqlal revient à l’opposition, évidemment, cela va certainement changer la donne. D’autant plus que l’Istiqlal et l’USFP sont les deux partis historiques de la Koutla démocratique.

Les leaders des deux partis ont tenu récemment des rencontres…

Les rencontres n’ont jamais cessé entre l’Istiqlal et l’USFP. Mais il se trouvait qu’avant, l’Istiqlal faisait partie de la majorité et l’USFP était dans l’opposition. Qu’aujourd’hui l’Istiqlal revienne dans l’opposition, cela change beaucoup de choses. Et rien n’empêche les deux partis de se consulter et de coordonner entre eux.

Selon vous, qu’est-ce qui a provoqué la crise entre le PJD et l’Istiqlal? Comment évaluez-vous la manière dont a été dirigé le gouvernement jusqu’à aujourd’hui?

Benkirane a eu une chance inouïe. Il a eu tous les effets positifs et tous les résultats positifs du «20 février». Le PJD est devenu le premier parti sur la carte politique de la Chambre des représentants. Et Benkirane est chef de gouvernement dans le cadre d’une nouvelle Constitution qui lui donne beaucoup de pouvoirs. Je pense que, dans ce gouvernement, Benkirane ne se comportait pas comme un chef de gouvernement. Il se comportait toujours en tant que chef d’un parti. Et puis, avec ses alliés, il se comportait comme un parti qui, à lui seul, a presque toute la majorité. C’est ce qui a provoqué la crise avec l’Istiqlal. Le PJD veut peut-être gagner le cœur des Marocains en se présentant comme victime. Mais le chef de gouvernement a tous les pouvoirs que lui donne la nouvelle Constitution. Il parle de réformes, mais quelles réformes? On n’a encore annoncé aucune réforme. On parle de lutte contre la corruption et le «fassade». Mais cela n’a pas pour autant dérangé ceux qui s’adonnent effectivement à cette pratique. En fait, ceux qui ont peur de cette campagne, ce sont plutôt les fonctionnaires honnêtes. Mais ceux qui sont corrompus, n’ont pas été touchés. Dans son gouvernement II, le chef de gouvernement va-t-il se reprendre? En tout cas, je le souhaite et pour lui et pour le pays.

Parlement : Fin de la course au perchoir

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