En une semaine, le président tchadien, Idriss Déby Itno, a fait plier son allié nigérian, Goodluck Jonathan qui, affaibli par les revers de son armée, a dû renoncer à la conduite des opérations régionales contre les islamistes de Boko Haram. L’Union africaine (UA) a entériné le transfert de l’état-major de la force régionale de lutte contre Boko Haram du Nigeria… à N’Djamena, décidé la veille (mardi 20 janvier) lors d’une réunion de crise à Niamey. Après des mois de dissensions entre les pays directement menacés par Boko Haram (Nigeria, Cameroun, Tchad, Niger) sur la conduite à tenir face aux islamistes, notamment après la chute de la ville nigériane de Baga sur les rives du lac Tchad, le président Déby a invoqué les «intérêts vitaux» du Tchad pour lancer son OPA sur la force régionale.
Le 14 janvier, le gouvernement tchadien s’est dit disposé à apporter au Cameroun, soumis à des raids meurtriers des islamistes, «un soutien actif dans la riposte courageuse et déterminée de ses forces armées aux actes criminels et terroristes de Boko Haram», en soulignant: «Face à cette situation qui menace dangereusement la sécurité et la stabilité du Tchad et porte atteinte à ses intérêts vitaux, le gouvernement tchadien ne saurait rester les bras croisés». Le 15 janvier au soir, le président camerounais, Paul Biya, a annoncé que N’Djamena a décidé d’envoyer un important contingent des forces armées tchadiennes pour venir en appui aux forces armées camerounaises. C’est cette même obsession de sécuriser les frontières pour étouffer dans l’œuf toute velléité de rébellion qui a amené le président tchadien à intervenir à plusieurs reprises en Centrafrique depuis plus d’une décennie. Aujourd’hui, le péril Boko Haram est plus grand pour son régime que ne l’ont jamais été les multiples rébellions centrafricaines (N’Djamena est à 50 km seulement des fiefs nigérians de Boko Haram).