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Femmes Maroc

Les femmes au Maroc ont plusieurs acquis, mais il reste encore beaucoup à faire…

Il est vrai qu’au Maroc, nous jouissons, en tant que femmes, de nombreux acquis: nous conduisons nos voitures nous-mêmes, nous votons et créons nos entreprises sans l’accord préalable de nos conjoints, etc. Il est vrai aussi que le Code de la famille a apporté plusieurs réformes, comme les restrictions à l’égard de la polygamie, l’élévation de l’âge du mariage, l’abolition de la tutelle matrimoniale…

Il y a eu aussi la réforme de l’article 6 du Code de la nationalité, lequel donne à l’enfant né de père étranger et de mère marocaine le droit à la nationalité marocaine en lui conférant automatiquement tous les autres droits comme celui de s’inscrire dans un établissement d’enseignement public ou encore celui de postuler à un poste dans l’administration publique. Et récemment, il y a eu la révision de l’article 475 du Code pénal qui apporte une autre réforme à saluer. En effet, la Chambre des représentants a abrogé à l’unanimité, le 22 janvier 2014, le paragraphe de l’article relatif au mariage d’un mineur avec son violeur… Mais encore, plus que tout cela, il y a la Constitution qui confère un souffle d’espoir pour les femmes marocaines.
Or, malgré tout, il reste encore beaucoup à faire. Les militants de la société civile et des organisations de droit de l’homme constatent que les femmes sont plus pauvres et leur participation à la vie économique et politique demeure plus réduite que celle de l’autre composante de la société, les hommes. Elles subissent toujours la violence de l’homme, particulièrement celle du conjoint; une violence basée sur le genre. En un mot, il y a même une régression enregistrée dans le domaine des droits humains de la femme. C’est ce que nous explique Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes (LDDF).
«Le constat, c’est qu’on recule. Il suffit de voir les indicateurs. On avait espéré qu’avec la Constitution, personne ne puisse remettre en cause les droits des femmes et qu’on soit protégé contre les discriminations. Mais c’est le contraire qui se produit. Le mariage des mineurs augmente d’une année à l’autre pour arriver à plus de 12% de l’ensemble des mariages», affirme Fouzia Assouli.
Sur le plan économique, la présidente de la LDDF estime que le rendement des femmes actives est en baisse (30% en 2000, 25% maintenant). De même, le taux de chômage chez les femmes diplômées dépasse les 50%, se désole Fouzia Assouli. Autre reproche formulé par la présidente de la FLDDF: le fait que chaque 22 février, le ministère de la Justice publiait un rapport sur la situation de la femme et ce, jusqu’à 2011. «C’est ce qui s’est fait à l’époque de feu Me Bouzoubaâ, puis de feu Me Naciri. Mais avec ce gouvernement, les rapports de 2012 et de 2013 n’ont pas été publiés», rappelle Fouzia Assouli. «Et si la Constitution reconnaît la société civile comme partie prenante des politiques publiques, les tribunaux refusent de nous donner ces rapports, alors que par le passé, on arrivait à les avoir». précise-t-elle.
La liste des remontrances ne se termine pas là. La présidente de la Ligue de défense des droits de la femme (LDDF) cite également une circulaire du ministère de l’Intérieur pour la jouissance des «soulaliates» qui reste inapplicable dans plusieurs ville comme Béni Mellal , Khouribga, Settat… Une frustration qui pousse la société civile à changer de ton. «Nous avons contacté à plusieurs reprises les responsables, mais sans aucune réponse. Ce qui nous pousse à lancer un appel à une alliance civile pour la mise en œuvre de la constitution», souligne-t-elle
Apparemment, le chemin est encore long pour protéger réellement les acquis des femmes et espérer améliorer leur quotidien en optimisant les clauses du nouveau Code de la famille et en renforçant l’arsenal juridique relatif à la femme par la mise en place des mesures et dispositions susceptibles de garantir la protection de la cellule familiale. Parce que l’épanouissement de la femme et, à travers elle, de la famille passe automatiquement par la réforme de la Justice et une élite juridique consciente. Un sujet qui est plus que jamais d’actualité.

«Pas de société démocratique sans l’égalité des sexes»

Bouchra Elkhadir

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