Profitant de l’aisance financière du Trésor, les taux des bons du Trésor poursuivent leur baisse entamée au début de l’année en cours.
La courbe des taux poursuit sa tendance baissière. Cette tendance s’explique par l’amélioration de la situation des finances publiques qui dégage des excédents de l’ordre de 18 milliards de dirhams (MMDH) en moyenne quotidienne. A cela s’ajoute la décompensation des prix des produits pétroliers qui a permis au Trésor d’emprunter moins d’argent sur le marché domestique. En effet, la levée mensuelle moyenne sur ces trois derniers mois s’est établie à 3 MMDH, alors que les besoins annoncés s’élevaient à 7 MMDH mensuellement. Lors d’une séance d’adjudication, le Trésor s’est contenté de lever 500 millions de dirhams (MDH) face à une demande qui lui était adressée de 4,2 MMDH. Concrètement, le taux de la maturité 26 semaines a baissé de 8,8 points de base depuis le début de l’année, à 2,85% lors de la séance d’adjudication du mardi 25 novembre. Les échéances 2 ans et 10 ans ont reculé de 1,5 point chacune pour s’établir respectivement à 3,45% et 4,55%. Pour sa part, la ligne 20 ans a vu son taux se contracter de 1,3 point, se situant à 5,65%.
Le marché primaire des bons du Trésor a été marqué au cours du troisième trimestre 2014 par la poursuite du faible recours du Trésor à ce marché, selon le ministère de l’Economie et des Finances. Ainsi, les levées brutes du Trésor se sont contractées par rapport au deuxième trimestre 2014 de 17,1% à 16,3 milliards de dirhams. Quant aux levées nettes, elles ont été négatives de 8,7 milliards, ce qui traduit l’orientation du Trésor vers le désendettement sur le marché intérieur. Au terme des neuf premiers mois de 2014, les levées brutes du Trésor ont reculé, en glissement annuel, de 34,5% à 85,7 milliards de dirhams, orientées principalement vers le long terme dont la part s’est raffermie, passant de 7,7% à 63,2%. Quant aux remboursements du Trésor, ils ont baissé de 5,9% à 78,8 milliards de dirhams.
Compte tenu de ces évolutions, l’encours des bons du Trésor, à fin septembre 2014, a poursuivi sa tendance baissière pour le quatrième mois consécutif, enregistrant un recul de 2% par rapport à fin juin 2014, tandis qu’il demeure en hausse de 1,7% par rapport à fin décembre 2013 pour s’établir à 419,8 milliards de dirhams. Concernant l’évolution des taux moyens pondérés primaires des bons du Trésor, comparativement au deuxième trimestre, ils ont poursuivi globalement leur baisse, toutefois en atténuation, enregistrant des replis compris entre 9 et 11 points de base.
Il faut savoir que le Trésor a réorienté son endettement au profit des maturités moyenne et longue, favorisé par les perspectives d’amélioration des finances publiques. Additionnée à la forte demande des investisseurs, la réorientation du Trésor a pour conséquence une baisse des taux courts, ce qui favorise un repositionnement des investisseurs sur les segments moyen et long termes. Les besoins du Trésor étant cette fois-ci maîtrisés, les investisseurs devront baisser également leurs exigences sur ces maturités. La conséquence est une détente générale des taux des bons du Trésor.
Impact sur les placements
La tendance baissière de la courbe des taux a un impact sur le rendement d’autres placements financiers. La baisse des taux des bons du Trésor augmente la valeur des anciens bons du Trésor détenus en stock. Cela se traduit par une appréciation de la valeur des actifs des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) obligataires. Autrement dit, la valeur liquidative des OPCVM obligataires court terme et moyen et long termes augmentera consécutivement à la baisse des taux et générera par conséquent des plus-values aux investisseurs. Sur le marché, les OPCVM obligations moyen et long termes affichent une excellente performance depuis le second semestre de l’année dernière, période à partir de laquelle le Trésor a limité son recours au marché domestique de la dette, suite à l’amélioration des finances publiques. D’ailleurs, les analystes recommandent de se positionner d’abord sur les OPCVM obligations de moyen et long termes. Il est même prévu que la performance sur ce segment s’établisse aux alentours de 9% à fin 2014. Toutefois, cette configuration serait moins favorable aux OPCVM monétaires, car ces derniers seraient investis dans des actifs moins rémunérateurs que ceux détenus en 2013.
La rémunération de certains produits de placement bancaires subira également des changements suite à la baisse des taux obligataires. Il s’agit des comptes sur carnet ouverts auprès des banques dont la rémunération est indexée sur le taux moyen pondéré des bons du Trésor à 52 semaines durant le semestre précédent, diminué de 50 points de base. Les livrets d’épargne ouverts auprès de la Caisse d’épargne nationale sont également concernés, car leur taux de rémunération est indexé sur le taux moyen pondéré des bons du Trésor à 5 ans durant le semestre précédent, diminué de 200 points de base. Calculés semestriellement, les taux de ces produits n’ont subi cette baisse qu’à partir du second semestre de cette année. Les actions ont profité de cette tendance baissière de la courbe des taux. Sur la place casablancaise, l’ensemble des fonds actions ont réalisé une performance appréciable. Actuellement, le marché boursier affiche une performance de 10% depuis le début de l’année. Les indices phares de la place sont sur un trend haussier depuis avril dernier, avec toutefois quelques phases baissières. Même la volumétrie s’améliore progressivement d’un trimestre à l’autre.
Anas Hassy
Les professionnels prévoient une stagnation des taux en 2015 La baisse des taux des bons du Trésor impactera positivement le développement du marché de la dette privée. Les émetteurs devraient augmenter leur recours au marché de la dette privée, car le taux d’émission est indexé sur le taux primaire des bons du Trésor. Ce dernier a subi une baisse considérable qui, conjuguée au resserrement des conditions de financement auprès des banques, devrait propulser les émissions. D’ici la fin de l’année, les analystes s’attendent à une stagnation des taux à leurs niveaux actuels. Malgré la hausse habituelle des besoins de financement du Trésor en vue de boucler l’année budgétaire, les taux ne devraient pas augmenter sensiblement. |