Le grand défi du Maroc, pour 2015, est résumé par le ministre des Finances en une seule phrase: booster la relance et la croissance, tout en préservant les équilibres macro-économiques. Est-ce possible ?
Depuis que la Fondation Attijariwafa bank a lancé son cycle de conférences «Echanger pour mieux comprendre», la formule fait recette.
Il s’agit pour le groupe Attijariwafa bank de se pencher sur une question d’actualité brûlante pour l’économie du pays, mettant un responsable face à un parterre de décideurs, pour un débat faisantt le tour de la question.
Jeudi 29 janvier, pour sa 1ère conférence de l’année 2015 (et la 6ème du genre), c’est le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, qui s’exprimait sur le thème: «Nouveau cap économique: réformes, confiance et croissance».
Plantant le décor, le PDG du groupe Attijariwafa bank, Mohamed El Kettani, a résumé l’impression générale. «Il est vrai que la conjoncture de ce début d’année 2015 nous incite globalement à l’optimisme. La bonne pluviométrie enregistrée les deux derniers mois donne à espérer une très bonne campagne agricole.
De plus, la récente baisse des cours du pétrole devrait apporter une réelle bouffée d’oxygène à nos comptes extérieurs et au pouvoir d’achat des ménages», a-t-il dit, ajoutant que «c’est dans ce contexte favorable que le Gouvernement s’apprête à implémenter la loi de Finances 2015 visant à relever un double défi: stimuler la croissance et améliorer la répartition de ses fruits, tout en préservant les équilibres macroéconomiques».Ce même défi est celui que détaille le ministre des Finances, expliquant en quoi consiste le nouveau cap économique du Maroc. Il s’agit, martèle-t-il de réaliser un équilibre difficile.
D’une part, veiller scrupuleusement à préserver les grands équilibres. Le Maroc revient de loin. Son déficit budgétaire avait atteint la cote d’alerte (7% en 2012). Aujourd’hui, grâce aux réformes -notamment celle de la Caisse de compensation- et grâce aux éléments favorables du contexte international: baisse des prix des produits de base et appréciation du taux de change du dollar (baril : -50% , dollar: +15%), les indicateurs s’améliorent. Et ce, malgré la dégradation des perspectives économiques en zone euro et l’abaissement par le FMI des prévisions de croissance à 1,2% pour 2015. Le déficit n’est plus, en 2014 qu’à 4,9% du PIB et le compte courant qui avait atteint 9,7% en 2012 se situe en 2014 à 5,8. C’est un redressement, a insisté le ministre, qu’il faut absolument poursuivre. «Quand les investisseurs viennent dans un pays, ils regardent d’abord les équilibres macroéconomiques. S’ils sont déficitaires, ils savent que l’Etat compensera par la fiscalité et ils s’en vont», a-t-il expliqué.
D’autre part, tout en veillant aux grands équilibres, il faut stimuler la relance et la croissance. Une véritable gageure.
Pour Mohamed Boussaid, le nouveau cap peut tenir en un mot: diversification !
A l’intérieur du pays, diversifier en impulsant une politique basée sur une plus grande industrialisation de l’économie, d’où le plan d’accélération industrielle.
A l’extérieur du pays, diversifier les partenaires: ouverture sur l’Afrique subsaharienne, partenariat avec les pays émergents comme la Chine et la Russie (plusieurs dizaines d’accords ont été signés avec les uns et les autres).
Le tout, sans oublier le principal –que rappellent aussi bien le président El Kettani que le ministre Boussaid- faire en sorte que la croissance soit inclusive, profitant à toutes les classes sociales, en particulier aux plus défavorisées.
Tout cela est possible si le Maroc poursuit son trend de réformes structurelles et, assure le ministre, le gouvernement a bien l’intention d’y veiller.
BA