L’appel au boycott lancé le 20 avril 2018 sur les réseaux sociaux, contre de grandes marques marocaines (Centrale Danone, Sidi Ali et Afriquia), ont suscité des réactions diverses de la part de la classe politique. Membres du gouvernement et chefs de parti se sont ainsi exprimés à ce sujet.
Mohamed Boussaid
En réponse à une question orale à la Chambre des conseillers, mardi 24 avril 2018, le ministre de l’Economie et des Finances a déclaré qu’il est nécessaire d’«encourager les produits marocains, pas comme ce que font certains «Mdaouikhs» (étourdis) qui appellent à boycotter des entreprises nationales, lesquelles sont pourtant structurées, emploient des citoyens et paient leurs impôts». (Le terme «Mdaouikhs» utilisé par Boussaid a soulevé une vague de critiques et d’indignation sur les réseaux sociaux).
Aziz Akhannouch
Présidant, le 25 avril 2018, la cérémonie de lancement du programme «Fellah Bladi», initié par le Groupe Centrale Danone, à l’occasion de la tenue du Salon Internationale de l’Agriculture au Maroc (SIAM), le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, a saisi cette occasion pour réagir à la campagne lancée sur Facebook et appelant à boycotter 3 produits de grande consommation. Pour le ministre, «Internet ne peut en aucun cas stopper l’activité de 450.000 éleveurs qui travaillent dans le secteur laitier».
Mohamed Yatim
Dans une déclaration au Reporter, le ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle a estimé que «cette campagne reflète une certaine vitalité de la société marocaine». Et le responsable d’ajouter: «Il est difficile de contrôler internet et encore moins les réseaux sociaux. Le PJD a, lui aussi, souffert des campagnes de dénigrement sur la toile», a-t-il argumenté.
Nizar Baraka
Invité d’une émission radio, vendredi 27 avril 2018, le Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, Nizar Baraka, a expliqué que la campagne de boycott, qui sévit depuis plusieurs jours au Maroc et vise 3 marques de grande consommation, «reflète la souffrance des citoyens face à la cherté de la vie». Pour celui qui occupe également le poste de président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), «le gouvernement doit saisir le message véhiculé par cette campagne».
K.B
Centrale Danone sort de son silence Dans un communiqué publié mercredi 2 mai 2018, le Groupe Centrale Danone a démenti toute augmentation du prix du lait. La marque des produits laitiers a également présenté ses excuses aux consommateurs quant à la réaction d’un de ses cadres qui a tenu des propos excessifs, qualifiant le boycott de trahison à la nation. «Centrale Danone présente ses excuses à tous les citoyens qui se sont sentis offensés par de tels propos qui ne reflètent pas la position de l’entreprise», pouvait-on lire dans le communiqué, ajoutant que ces propos ont été «tenus dans l’émotion».
Bon à savoir
L’appel au Boycott: ce que dit la loi
Rien n’interdit dans la loi de boycotter un ou plusieurs produits à la fois. Les choses ne sont pas si simples, lorsqu’il s’agit d’un appel au boycott venant d’entreprises concurrentes. L’article 184 de la loi 17-97 de la loi relative à la protection de la propriété industrielle est clair là-dessus. Il interdit «les allégations fausses dans l’exercice du commerce de nature à discréditer l’établissement, les produits ou l’activité industrielle ou commerciale d’un concurrent». Reste à savoir si c’est bel et bien des entreprises concurrentes qui se cachent derrière l’appel au boycott de trois grandes marques (Central Laitière, Sidi Ali et les stations-service Afriquia)…