La décision vient de tomber: la Confédération africaine de football (CAF) a décidé de mettre le Maroc «hors-jeu» sur toute la ligne. Détails.
Fin du bras de fer entre la CAF et le Maroc. Réuni au Caire, le Comité exécutif de la Confédération a décidé que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) n’ait pas lieu au Maroc. Le comité a également annoncé que l’équipe nationale marocaine est disqualifiée de la compétition. Le Maroc, qui devait être le pays organisateur, avait demandé à plusieurs reprises à la CAF le report en 2016 de la CAN à cause de l’épidémie d’Ebola. Face à l’entêtement de la CAF de maintenir la CAN aux dates initialement prévues, le Maroc n’a pas reculé. Au contraire, il a confirmé, le 8 septembre, le maintien de sa position. «Le Royaume du Maroc maintient sa demande de report de la CAN Orange 2015 à 2016», a déclaré Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports. Rabat n’a pas plié devant les injonctions de l’instance suprême du foot africain, ni renoncé de son propre chef. Il a au contraire réaffirmé sa position en continuant d’évoquer un cas de force majeure strictement sanitaire et une décision prise après mûre réflexion.
Par ailleurs, la CAF annoncera «sous peu» le pays choisi pour accueillir la compétition à la place du Maroc, précisant qu’elle avait reçu «quelques candidatures». La Confédération africaine assure qu’elle veut que l’épreuve se déroule comme prévu du 17 janvier au 8 février et a même ouvert le processus d’accréditation pour les médias la semaine dernière. Le Comité a également confirmé le maintien des journées éliminatoires qui auront lieu au courant du mois de novembre, permettant la qualification des 15 équipes qui se joindront à la sélection nationale du pays hôte.
Sanctions financières et sportives
Le Comité exécutif de la CAF a décidé de s’acharner sur le Maroc en disqualifiant l’équipe nationale marocaine de la compétition. La CAF a également laissé entendre qu’elle pourrait décider de sanctions ultérieures contre le Maroc. «La commission d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations Orange appliquera ultérieurement les dispositions règlementaires qui s’imposent, suite au non-respect par la Fédération Royale Marocaine de Football des clauses règlementaires et contractuelles», lit-on dans le communiqué de la CAF. Il faut dire que le Maroc s’expose à différentes sanctions en cas d’annulation. Selon les textes de la CAF (article 90 du règlement de la compétition), il lui serait infligé une amende à laquelle s’ajouterait la réparation des préjudices moraux, car la compétition doit avoir lieu dans moins de six mois. «Retrait notifié moins de six mois avant la date du tournoi final: amende de cinquante mille (50.000) dollars. Ce pays s’acquittera, également, de la réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés à la CAF et aux participants», relève-t-on dans le règlement de la CAN. Une amende sera fixée en fonction des contrats de sponsoring qui seront annulés, en plus du manque à gagner sur les droits TV et autres contrats publicitaires. L’article 90 évoque également des sanctions disciplinaires.
Acharnement contre le Maroc
Depuis le début de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, en décembre 2013, une dizaine d’événements ont été annulés sur le continent. Tour du Faso, sommet de l’Union africaine sur l’emploi, visite de l’équipe américaine de basketball… Tous ces événements devaient avoir lieu à Conakry, Ouagadougou ou Dakar. Ils ont finalement été annulés par les autorités des pays concernés, préoccupés par l’avancée de l’épidémie d’Ebola. Actuellement, le virus continue de se propager. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a livré cette semaine des informations chiffrées assez alarmantes à propos de la propagation du virus Ebola sur le continent. Non seulement le bilan des victimes est en forte hausse (plus de 4.400 morts désormais pour près de 9.000 malades au total), mais les prévisions sont de 5.000 à 10.000 nouveaux cas d’Ebola par semaine en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone en décembre. La maladie n’a donc pas encore atteint son pic depuis son apparition en Guinée fin 2013. De quoi comprendre les réticences exprimées par le Maroc. Mais la CAF en a jugé autrement. D’abord, elle a refusé sèchement la demande du report de la compétition africaine. Puis, elle a décidé d’écarter la sélection marocaine de la CAN. Même si la fédération marocaine doit (encore) s’attendre à de lourdes sanctions de la part de la CAF, il faut dire que la position du Maroc est salutaire. La santé passe avant le sport, tout de même!
Anas Hassy
Liste des événements internationaux en Afrique victimes d’Ebola Depuis le début de l’épidémie d’Ebola en décembre 2013, une dizaine d’événements ont été annulés sur le continent. La Guinée a été le premier pays où un événement a dû être annulé à cause de la maladie. Le concert de l’artiste sénégalais Youssou Ndour, prévu le 30 mars 2014, n’a pas pu se tenir à Conakry en raison des premiers cas d’Ebola détectés dans le pays. En août dernier, l’équipe américaine de basketball a également dû renoncer à son voyage au Sénégal, suite à l’apparition d’un premier cas importé par un jeune Guinéen à Dakar. Début septembre, c’est au tour du Burkina Faso de faire une croix sur le sommet extraordinaire de l’Union africaine et le Salon international du tourisme et de l’hôtellerie. La Guinée a également été victime d’Ebola avec l’annulation de plusieurs concerts prévus lors de la fête de l’Aïd El Kébir. Pour sa part, la Côte d’Ivoire a déprogrammé la Conférence stratégique de l’Union postale universelle qui devait s’ouvrir du 14 au 15 octobre dernier à Abidjan. Autre événement sportif victime d’Ebola, le célèbre Tour du Faso prévu au Burkina du 23 octobre au 2 novembre 2014, annulé en raison des risques liés à la maladie. Le pays a également dû reporter l’organisation du Salon de l’artisanat, ainsi que le Forum national de recherche scientifique et de l’innovation technique. Pour sa part, le Tchad a été obligé de reporter la Coupe d’Afrique militaire de football. A Dakar, la tenue du Sommet de l’Organisation Internationale de la francophonie, prévue fin novembre, reste en suspens. Les autorités sénégalaises craignent l’entrée du virus dans le pays et envisageraient de reporter le rendez-vous. Une nouvelle fois, le Burkina Faso a dû remettre à une date ultérieure le festival panafricain du cinéma et de la télévision d’Ouagadougou. Prévu du 28 février au 3 mars 2015, celui-ci risque de subir le même sort que le Tour du Faso. Enfin, le Maroc ne devrait également pas accueillir la première édition du Championnat d’Afrique de Cyclisme prévue durant ce mois de novembre. |
Ils ont déclaré…
Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des Sports
«Le Maroc, tout en restant attaché à l’organisation et en maintenant le report, ne s’est pas soustrait à ses engagements quant à l’organisation de la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football. Le Maroc n’a pas refusé l’organisation de cette compétition, mais en a demandé le report pour des motifs pertinents. Cette demande de report est due à la propagation d’une épidémie que le monde peine à endiguer. L’essentiel est de peser le pour et le contre de l’organisation ou non de cette compétition. L’intérêt du Maroc et des Marocains prime sur toute autre considération. Nous ne voulons ni précéder les événements, ni juger les intentions, en attente de ce que va faire la CAF. S’agissant de l’élimination de la sélection nationale, ce sera normal, puisque la compétition ne se tiendra pas au Maroc».
Badou Zaki, entraîneur de la sélection nationale
«La sélection nationale est prête pour le match amical contre le Bénin. On va essayer de faire un bon match. Au sujet de la demande formulée par le Maroc quant au report de la prochaine CAN à cause de l’épidémie d’Ebola, ceci n’affectera en rien notre programme que nous tâchons d’appliquer correctement, car nous sommes convaincus de la justesse du choix pris par le Maroc».
Constant Omari, membre du Comité exécutif de la CAF
«Sur les plans sportif, marketing et financier et même sur le plan de l’existence de la CAF, nous avons développé un argumentaire suffisant pour justifier que cette compétition n’a jamais été reportée depuis 1957. Il en va de la survie même de la confédération».