Des interventions policières impliquant des autochtones, au Canada, ont fait réagir les organisations de défense des droits des “Premières nations” qui dénoncent le racisme systémiques envers cette minorité, et somment les autorités à passer de la parole aux actes.
Fait très symbolique, des groupes autochtones ont organisé samedi des “marches de guérison” dans les provinces du Nouveau-Brunswick et de Colombie-Britannique en l’honneur d’une jeune autochtone, tuée début juin par un policier.
Des centaines de manifestants ont marché pacifiquement dans des villes comme Moncton, Edmundston, Fredericton et Halifax, pour rendre hommage à Chantel Moore abattue par un policier envoyé à son domicile vérifier son état de santé à la demande d’un proche.
Initialement organisées pour honorer la mémoire de Chantel Moore, ces manifestations ont été l’occasion de dénoncer la mort, vendredi soir d’un membre de la Première Nation Micmaque du Nouveau-Brunswick lors d’une intervention de la police fédérale à Miramichi.
Une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances de cet incident, indique le Bureau québécois des enquêtes indépendantes (BEI), en charge de l’affaire.
“Nous marcherons à la fois dans le silence et les chants pour honorer nos émotions. Nos châles rouges seront un symbole pour toues les femmes et filles autochtones disparues ou tuées et leurs familles”, ont indiqué les organisateurs.
“L’assassinat de membres de nos peuples par ceux qui ont le devoir de protéger, doit cesser”, avait lancé de son côté Perry Bellegarde, chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), suite à la mort de la jeune autochtone.
Il a plaidé pour une enquête “impartiale afin de déterminer pourquoi une force mortelle a été utilisée et si la race de la jeune femme a joué un rôle dans la décision des policiers”.
De même, le Congrès des peuples autochtones (CPA) avait appelé à une enquête sur “les circonstances de sa mort et sur la discrimination et le racisme systémiques envers les peuples autochtones par les services policiers et le système de justice”.
“Le meurtre tragique de Chantel Moore démontre à nouveau que les peuples autochtones canadiens font face à des circonstances très différentes lorsqu’ils interagissent avec les services policiers et le système de justice”, avait déclaré le chef national du CPA, Robert Bertrand dans un communiqué.
Dans une lettre adressée au ministre canadien des Services aux Autochtones, Marc Miller, des organisations travaillant en faveur des femmes autochtones au Québec ont fait part de leur indignation et lui ont demandé d’agir face aux nombreux événements violents impliquant des femmes autochtones et la police au pays.
“Combien de personnes autochtones doivent être harcelées, agressées ou tuées avant que la police et les gouvernements aux niveaux municipal, provincial et fédéral ne s’engagent à rendre des comptes? “, se sont interrogés les organismes Femmes autochtones du Québec (FAQ), le Native Women’s Shelter of Montreal et le Conseil des femmes élues de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL).
Le ministre, qui a condamné lors d’un point de presse les incidents impliquant les forces policières, a qualifié de tels actes de “gestes disgracieux et honteux”.
“On se doit, en tant que pays démocratique, d’avoir une révision indépendante des gestes de ceux qui doivent protéger les Canadiens”, a-t-il dit, avant d’ajouter : “Je n’arrive pas à comprendre comment quelqu’un peut mourir durant une vérification pour son bien-être”.
Plusieurs manifestations contre le racisme et la violence policière ont été organisées au Canada à la suite de la mort de George Floyd aux Etats-Unis. Le Premier ministre Justin Trudeau avait en effet participé à un rassemblement devant le parlement à Ottawa pour dénoncer la discrimination au Canada et soutenir les manifestations aux Etats Unis.
Après avoir mis en doute lors d’une série d’interviews l’existence d’un racisme “systémique” au sein du corps policier, la cheffe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, a reconnu qu’il y a bel et bien du racisme systémique dans les rangs de la GRC.
“J’ai admis que dans notre organisation comme dans d’autres, il y avait du racisme, mais je n’ai pas affirmé formellement que le racisme systémique existe à la GRC. J’aurais dû le faire”, a-t-elle souligné dans un communiqué publié vendredi.
Sur le même registre, M. Trudeau a appelé vendredi à une enquête “indépendante et transparente” sur l’arrestation musclée d’un chef de la Première Nation chipewyanne en Alberta (ouest), Allan Adam, en réaction à une vidéo largement diffusée sur cette opération qui a eu lieu en mars dernier.
LR