Un cargo s’échoue et c’est tout le commerce maritime international qui prend du plomb dans l’aile. Cette voie maritime longue de 193 kilomètres voit passer 1,1 milliard de tonnes de marchandises par an, soit 10 % du commerce maritime mondial.
Route commerciale clé entre l’Europe et l’Asie, son blocage pourrait porter un coup considérable aux approvisionnements dans les jours, voire dans les semaines à venir.
Les conséquences économiques découlant du blocage du canal de Suez rappellent l’importance stratégique d’un tel passage. Si l’on ne peut le traverser, quelle alternative s’offre au commerce international ? Le cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud du continent africain, semble le plus évident. « Vous vous épargnez les frais de passage du canal, qui sont de 500 000 dollars par passage, mais vous mettez une semaine supplémentaire et consommez une semaine de pétrole en plus », explique Paul Touret.
Dans tous les cas, précise-t-il, cela dépend de la rapidité avec laquelle l’Ever Given » sera dégagé. « Si le bateau est là pour trois semaines parce qu’il faut faire venir des moyens maritimes lourds, cela vaut peut-être le coup de faire le tour de l’Afrique pour ne pas perdre de temps sur les liaisons est-ouest ». Autres options: l’avion, ou le ferroviaire par la Russie. « On l’a vu pendant Fukushima, alors que le nord du Japon produisait les pompes des moteurs des voitures en Europe », détaille le directeur de l’Isemar, évoquant la possibilité de remplir des trains qui, en onze jours, pourraient acheminer les marchandises en Europe depuis la Chine, via la Russie.
La solution pourrait être aussi de passer par le canal de Panama. « La terre à l’avantage d’être ronde, donc on peut aussi tourner dans l’autre sens », ajoute Paul Tourret. « On prend un 10 000 tonnes, il part de Shanghai, en treize jours il est à Panama et dix jours plus tard, il est à Rotterdam ». Les conséquences de cette perturbation pourraient également être considérables pour l’Égypte, les recettes engrangées par le canal de Suez représentant la deuxième source de richesse du pays avec 5,5 milliards de dollars par an. « C’est la deuxième recette derrière le tourisme ; et comme le tourisme est mal en point, c’est forcément très important aujourd’hui pour l’Égypte, d’où la nécessité d’accélérer le doublement de la voie sud », détaille Paul Tourret.
P. Zehr