Ce variant Delta va détruire le peu que mon mari a construit ?!

Touda, 23 ans, femme au foyer, est mariée et mère de deux enfants. Cette jeune femme s’alarme du danger que représente le coronavirus Delta. Voici sont récit.

«Pour nous, depuis quelques temps, la vie reprend enfin son cours normal et je tremble que les choses changent. Parce que ce qui m’inquiète sérieusement c’est cette explosion dans le monde du coronavirus variant indien dit Delta.

Au Maroc, nous avons appris par la presse qu’il y a quelques cas et qu’ils sont médicalement suivis et ce, de manière drastique. Ouf ! Il n’en reste pas moins que nous implorons le Seigneur qu’il n’y en ait pas plus. Je n’ose même pas m’étaler sur la question de peur de titiller le diable. Par contre, si l’on a besoin de moi pour faire la peau à ceux qui ont très vite oublié ce passé récent, je répondrai présent. Non mais sans blague, tous autant que nous sommes, nous venons à peine de souffler et les voilà qui nous mettent en danger avec leur imprudence…

Depuis des mois, dans notre foyer, nous avons supporté le chaos dans nos finances. Jamais nous ne l’aurions imaginée cette crise. Comme tout le monde, elle nous est tombée dessus sans crier gare. Des hauts et des bas au cours de

notre existence, nous en avions connu mais des comme ça, jamais. Mon époux qui n’est pas quelqu’un de faible, figurez- vous que je l’avais surpris à maintes reprises, caché en train de sangloter comme un enfant. Je n’avais alors même pas eu le courage de le réconforter, parce que moi aussi dans un autre coin, je laissais couler mon flot de larmes.

A ses débuts, mon mari était aide-vendeur chez un herboriste. Pour gagner plus, et toujours dans ce domaine, il avait décidé de se lancer seul, en installant un petit étal de fortune sur le trottoir à l’entrée du souk. Son humour et sa gentillesse attiraient beaucoup de ménagères, sa principale clientèle. A cette époque, il était célibataire et vivait avec d’autres gars dans une pièce qu’ils louaient ensemble pour quelques sous. Il s’en sortait pas mal, vu qu’il arrivait chaque année à venir passer l’Aïd El Kabir (Fête du mouton) chez ses parents au bled. Heureusement d’ailleurs, sinon nous n’aurions jamais été mariés. Mais avant qu’il puisse me ramener avec lui et qu’enfin nous nous installions en couple en ville, j’avais attendu longtemps.

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Un commerce prospère était l’ambition qui bouffait les tripes de mon époux, et elle lui avait fait entrevoir l’avantage de s’associer avec trois autres jeunes de notre même région. Avec leurs économies, ils avaient pu louer à bas prix un petit garage dans un quartier populaire de la périphérie. Ils s’y étaient installés pour s’activer dans leur business et aussi pour y crécher. Cependant, malgré tous les efforts déployés, le démarrage dans la vente d’épices et d’herbes et autres accessoires artisanaux domestiques n’était pas encourageant.

Dans ce coin, les gens avaient des habitudes pour s’approvisionner et il fallait attendre qu’ils se décident à les changer. Le miracle dans les ventes ne s’annonçait pas avant la période de préfêtes. Entretemps, il fallait à tout prix continuer de payer le loyer pour ne pas se retrouver en faillite, sans moyens et sans logement. Mon époux, s’était alors porté volontaire pour retourner à sa première place, là au moins sa clientèle l’attendait et où il ne divisait pas par trois ses bénéfices.

Il m’avait raconté que l’appât du gain l’avait conduit également à s’associer ailleurs avec d’autres personnes, les cousins des premiers. Malheureusement, une fois les affaires bien mises sur les rails, tous l’avaient évincé en lui remboursant sa chiche mise de départ. Une catastrophe pour lui qui espérait tant de ces investissements! Enfin, il comprenait qu’il n’avait pas été très futé de faire confiance et de n’avoir jamais rien couché sur papier.

Complètement dégouté, affecté de surcroît dans son amour propre, il avait abandonné carrément ce secteur d’activité pour autre chose. Tombait alors à pic la proposition d’un ami pour travailler avec lui en tant que serveur dans un café. Il l’avait saisi au vol. D’ailleurs, dans ce lieu hyper fréquenté, il avait retrouvé son équilibre tout en étant indemnisé par un salaire à la semaine, régulier. Ce qui le comblait le plus furent les pourboires de la clientèle qu’il ne partageait avec personne.

J’avais attendu quatre années avant qu’il se décide à me ramener avec lui en ville. Même que je m’imaginais qu’il ne le ferait jamais puisque par deux fois il n’était pas revenu comme à son habitude pour la fête. Ce n’est qu’une fois déclaré par son patron et avec des fiches de salaire réglos, que mon mari avait réussi à obtenir un prêt bancaire pour acheter un petit logement bâti dans un lotissement économique et une mobylette. Enfin, j’y avais été parachutée et j’y ai eu mes deux bambins. Tout juste deux ans auparavant, je me souviens combien l’euphorie de mon époux était énorme. Il avait passé l’épreuve du permis de conduire avec succès.

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Tout se passait relativement bien pour nous quatre, jusqu’à l’arrivée de cette foutue pandémie du coronavirus. Le café avait fermé ses portes et l’aide que l’on recevait était beaucoup trop insuffisante pour couvrir tous nos frais, même les plus essentiels. Nous nous sommes retrouvés dans une terrible situation de dèche. Il n’y a pas à redire, les pourboires étaient incontestablement une manne providentielle. Et puis pour tout vous dire des économies nous n’en avions pas. Quant au patron de mon époux lui-même devait faire face à sa nouvelle réalité. Il était criblé de dettes et ses employés ne pouvaient songer au moindre plus de sa part.

Pour ne pas voir nos bébés mourir de faim, mon époux s’était débrouillé pour me faire partir, avec eux, chez les parents au bled. Nous y sommes restés jusqu’à la levée du confinement et la reprise «normale» du travail. Heureusement pour nous que les enfants n’étaient pas encore scolarisés. L’état dans lequel j’avais retrouvé mon époux était un cauchemar. Il avait pris un sacré coup de vieux, sa maigreur cadavérique indiquait tout ce qu’il avait enduré. Mais, il semblait plus ou moins rassuré puisqu’il avait retrouvé son job.

Maintenant, en cette période estivale rafraichie par un vent de liberté récupérée, nous savourons le retour en force de la totalité du salaire de mon époux et des pourboires dans notre foyer. Laissez-moi vous dire que les vacanciers sont très

généreux. Peut-être que nous l’achèterons notre mouton pour la fête qui arrive, mais rien n’est encore sûr. Je terminerai en souhaitant longue vie et une santé de fer à notre bien aimé Souverain Mohamed VI, lui qui nous a permis la vaccination et les soins palliatifs gratuits contre ce fléau mondial qui ne cesse de muter. A nous maintenant, de prendre conscience qu’il est indispensable à tous les niveaux, pour le bien de tous, de continuer de rester vigilants en ne délaissant surtout pas les gestes barrières».

Mariem Bennani

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