Ces personnes dont le marchandage me met hors de moi…

Dalila, 34 ans, gérante de magasin, est mariée et mère d’un enfant. Cette jeune femme exècre le marchandage des clients. Et ce n’est pas sans raison: elle le subit. Voici les explications de sa colère.

«Mon époux et moi avions toujours le désir de nous mettre à notre compte. Lorsque je l’avais épousé, nous travaillions chacun de notre côté comme vendeurs, lui pour le compte d’une parapharmacie et moi pour une solderie.  Nous n’avions pas eu l’opportunité ou la chance d’étudier. Tous les deux, nous n’avions pas eu de diplôme… Pas même le Bac. En plus, il nous avait fallu travailler -et très tôt- pour aider financièrement nos parents. Notre situation était quelque peu semblable. Malgré cela, lorsque nous nous sommes rencontrés, nous n’avons pas mis une éternité à nous décider à nous marier.

Il faut reconnaître aussi que nous étions assez murs pour prendre une telle décision. En ce qui me concerne, j’ai toujours eu les pieds sur terre. Je n’ai jamais attendu l’arrivée d’un prince charmant qui m’offrirait une vie de rêve. Et mon mari lorsqu’il s’était présenté à moi, il n’avait que son sérieux et son humour à me proposer. J’ai dit oui, sachant que nous démarrerions incontestablement à zéro. Tout a été facile. Même nos familles respectives ont été bienveillantes et n’ont pas fait d’histoires. Après, nous nous sommes installés dans une maison de location où résidaient plusieurs occupants, sans jamais perdre foi en un meilleur destin.

Honnêtement, vu notre condition de départ, il n’y a aucun doute sur le fait que c’est notre énergie positive à tous les deux qui nous a propulsée vers la réalisation de notre ambition. Parce qu’une fois ensemble, de nouveaux horizons s’étaient ouverts à nous. Nous avions changé de boulot ; et nous avions été embauchés dans des structures plus solides qui nous avaient beaucoup mieux rémunérés, avec des avantages sociaux considérables. Quoiqu’il en soit, ces heureux évènements n’ont pas modifié d’un iota notre façon de vivre. Nous économisions «un max» !

Nous sommes restés attachés à l’objectif que nous nous étions fixés. Qui n’était autre que celui de travailler un jour pour notre propre compte. C’est pourquoi, quand cela avait été possible, nous avions préféré l’acquisition à crédit d’un magasin dans une galerie, au lieu d’une maison. Nous y avons élu domicile pendant trois ans, alors que c’était interdit. Le soir et les weekends, nous vendions toutes sortes de babioles à deux sous, mais très utiles. Pendant ce temps, la galerie en question s’est muée en un lieu hyper achalandé. C’est comme ça que des preneurs très intéressés nous avaient séduits par une offre inespérée.

A peine ma mère adoptive enterrée, ils m’ont mise à la rue !

Les profits acquis par cette vente et nos économies nous ont guidés vers un autre local commercial dont la superficie couvrait tout le bas d’un immeuble. Le promoteur du projet nous l’avait cédé à un prix incroyablement bas pour régler de toute urgence ses graves problèmes bancaires. Mais, quand bien même, pour ce négoce, il nous a fallu ramer et risquer gros pour en faire ce qu’il est aujourd’hui. Au départ, mon mari n’avait pas quitté son travail, son salaire servait au règlement de traites. Moi, je me suis occupée de gérer notre magasin. Ce ne fut pas facile, mais nous avons réussi. Aujourd’hui, je ne vis pas dans le faste et je ne le désire pas. Je suis très heureuse de bosser pour moi, mais je n’oublie jamais ce par quoi nous sommes passés pour arriver à concrétiser notre vœu. 

Ce qui m’enrage au plus haut degré, bien plus que les factures très salées que je suis obligée de débourser, c’est ni plus ni moins le marchandage de certains clients, hommes ou femmes, une fois à la caisse. Pourtant nos prix sont affichés et ils sont très bas. Ces gens sont fichtrement culottés de solliciter encore du rabais. La file derrière eux, elle, peut attendre qu’ils terminent leur parlotte. Leur manière de vouloir grignoter un ou deux dirhams de moins, sur une marchandise déjà trois fois soldée, est sidérante. J’ai vraiment l’impression qu’ils s’imaginent que ce magasin et notre marchandise nous sont tombés du ciel, que nous n’avons aucune charge et que nos marges de bénéfices sont de l’ordre de 70 %. Trop,  c’est trop!

«J’en ai marre du sans-gêne des autres!»

Par expérience, je ne me trompe jamais sur leur profil. Dès qu’ils mettent les pieds chez nous, à leur allure, je sais que je vais devoir me les farcir 20 minutes pour baisser le prix d’une éponge. Et ce sont inévitablement toujours les mêmes perfides qui osent ce genre de balourde effronterie. A leur aspect, on voit bien qu’ils sont loin d’être dans le besoin, mais apparemment c’est quelque chose de maladivement ancré en eux. Une fois, une dame très chic m’avait saoulée près d’une demi-heure pour que je lui vende un article ménager au prix qu’elle avait fixé. Pour qu’elle comprenne que ce n’était pas possible, j’avais dû lui mettre sous les yeux la facture d’achat de cet article, mais aussi notre douloureuse facture d’électricité que je venais de payer. Elle m’avait toisée du regard et était partie sans l’appareil. Celle-là, elle ne me la refera pas deux fois. Je la reconnaitrais entre mille.

Je croyais être libérée de ces casse-pipes en mettant un panneau indiquant que nos prix étaient fixes. Pensez-vous!

Mon époux, lui, s’en tire à merveille. Il n’écoute pas ce qu’on lui est dit durant les transactions. Il ne fixe que la caisse en réclamant le total du prix des achats. J’ai tenté sa méthode, mais elle n’a pas fonctionné pour moi. Ce que je trouve d’absolument bizarre, c’est que ce sont les personnes qui sont les moins aisées qui achètent sans piper mot. Jamais de problèmes avec les personnes âgées, ni les jeunes non plus. Ils sont adorables. Eux, ne tourneront jamais en rond entre les étals pendant des heures pour se décider à prendre du coton carré ou rond. Heureusement pour nous qu’ils sont les plus nombreux, sinon, nous aurions mis la clé sous la porte, depuis longtemps !»

Mariem Bennani

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