Suite à l’étude sur les leviers de la compétitivité des entreprises, la CGEM a révélé 29 mesures prioritaires pour dynamiser l’industrie et les PME au Maroc.
La Confédération générale des entreprises au Maroc (CGEM) dévoile son ordonnance visant à stimuler l’industrie et les petites et moyennes entreprises (PME). En effet, le représentant des entreprises sur l’ensemble du territoire marocain a exposé les conclusions de l’étude sur les leviers de la compétitivité des entreprises marocaines, vendredi 28 mars dernier. «Nous avons fait de la compétitivité un axe paradoxal de notre programme. C’est une urgence qui passe par une vision économique forte en rendant à l’industrialisation sa place et spécialement l’industrialisation des PME», a déclaré Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM, lors de la présentation de ladite étude.
Actuellement, l’industrialisation du Maroc est une urgence, surtout que «40% des importations du Royaume sont constitués de produits finis de consommation», selon la présidente du patronat. Il est temps d’avoir une stratégie pour toute l’industrie parce qu’elle représente une garantie de stabilité économique pour le royaume, un facteur de création d’emplois et un régulateur à l’accroissement excessif des importations. «Nous allons dans la bonne direction, mais pas à la bonne vitesse», a cependant précisé Miriem Bensalah-Chaqroun. La priorité est donc d’accélérer le rythme de la mise en œuvre. Il faut dire que le problème de la compétitivité nationale est également illustré à travers le classement du rapport du Forum économique mondial (WEF) 2013-2014 où le Maroc se positionne à la 77ème place sur 148 économies mondiales en termes de compétitivité.
Améliorer la compétitivité nationale
L’étude a porté sur trois principaux volets, notamment l’état des lieux des écosystèmes de la compétitivité, un benchmark avec des pays à développement similaire et des recommandations concrètes. Effectuée auprès de douze fédérations professionnelles dans quatre régions du pays, cette étude a nécessité huit mois de travail au cabinet de conseil marocain, Valyans Consulting. Ainsi, quelque 100 mesures ont été identifiées, dont 29 ont été retenues comme prioritaires afin d’améliorer la compétitivité des entreprises marocaines. Il s’agit, entre autres, de mettre l’industrie au cœur de la stratégie de développement, d’utiliser l’outil fiscal pour rendre l’investissement attractif dans l’industrie, de renforcer l’investissement dans des solutions d’efficacité énergétique pour alléger les coûts de l’énergie pour les entreprises, de consolider l’implication du secteur privé en amont des politiques publiques, de poursuivre le dialogue social avec les partenaires sociaux de l’entreprise pour favoriser un meilleur partenariat employeurs/employés et d’améliorer l’accès au financement bancaire, spécialement pour les PME.
A cela s’ajoutent le développement de la coopération entre grandes et petites entreprises marocaines et la facilitation de l’accès au foncier pour les industriels, ainsi que le renforcement du label «made in Morocco» à travers une meilleure distribution et un meilleur marketing au Maroc et à l’étranger. «L’ensemble de ces mesures a été élaboré selon deux critères, à savoir leur impact sur la compétitivité et la facilité de leur mise en œuvre», a déclaré Mohamed Fikrat, président de la commission investissement, compétitivité et émergence industrielle de la CGEM.
En conclusion, il est urgent de baser la croissance du Maroc sur une industrie solide, portée par le tissu des PME et pas seulement orientée vers les exportations. «Il est impératif aujourd’hui d’accélérer le rythme des réalisations et de réhabiliter l’investissement axé sur le développement des PME et de leur compétitivité en s’inscrivant dans une vision globale public-privé pour bâtir le modèle économique marocain», a expliqué Miriem Bensalah-Chaqroun.
La CGEM défend l’entreprise et le capital humain
Depuis le début de sa mission, la CGEM a basé sa réflexion et ses actions sur l’industrialisation du Maroc, la compétitivité de l’économie, le développement des PME et l’approche sociale et responsable. A cet effet, le patronat a procédé au lancement de l’observatoire de la PME pour pouvoir adapter les politiques économiques aux problèmes rencontrés par les entreprises, à la simplification de l’accès des PME aux mécanismes d’aide publics (Imtiaz et Moussanada) et à la promotion de la responsabilité sociale de l’entreprise à travers le label RSE. En addition, la Confédération a mis en place le mécanisme de remboursement des arriérés de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la réforme de la loi sur les délais de paiement. «L’équipe dirigeante de la CGEM a dès le départ mis l’industrialisation, la compétitivité et les PME marocaines au cœur de son programme. Elle y a d’ailleurs dédié plusieurs commissions à part entière», a précisé la présidente de la CGEM.
Il est à noter que l’étude de la CGEM sur les leviers de la compétitivité des entreprises marocaines est intervenue à quelques jours des Assises de l’industrie qui se sont tenues mercredi 2 avril, durant lesquelles le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, a exposé devant le Roi la stratégie industrielle du royaume pour la période 2014-2020.
Anas Hassy
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Ils ont déclaré…
Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM
«Les réformes qui sont proposées aujourd’hui à travers cette étude vont permettre de créer un climat qui vise à accompagner la compétitivité nationale et surtout d’avoir un fort tissu économique. La volonté de la CGEM derrière cette étude est de pouvoir bâtir avec l’administration publique, le privé et les partenaires sociaux une forte vision économique partagée et plus précisément le modèle économique marocain. Actuellement, on a besoin de ce modèle qui agrège toutes les différentes politiques sectorielles et régionales à thématiques spécifiques. Ledit modèle marocain nous donnera plus de visibilité tout en faisant valoir toutes les compétences que nous possédons et les forces vives qui constituent le tissu économique de notre pays».
Mohammed Fikrat, président de la Commission investissement, compétitivité et émergence industrielle de la CGEM
«Cette étude approfondie, qui nous a pris plusieurs mois de recherches, est extrêmement importante. En effet, elle est basée sur une approche de concertation et de consultation. Elle nous a permis de conforter les prédictions qu’on avait auparavant, notamment l’importance de l’industrialisation et du développement des PME. A cela s’ajoutent la nécessité et l’urgence de travailler avec l’administration avec un esprit de partenariat et d’harmonie, d’une manière générale».
Propos recueillis par Anas Hassy