Au Maroc, les parents d’élèves souffrent, à chaque rentrée scolaire, de la flambée des prix des fournitures scolaires et de la cherté des frais d’inscription dans les écoles privées. Ils espèrent que le gouvernement prenne des mesures de nature à alléger le coût des rentrées scolaires.
Après le Ramadan et ses dépenses faramineuses, les parents d’élèves ont fait face aux vacances, selon leurs moyens financiers, afin que leur progéniture se ressource et change d’air. Mais ce n’est pas tout: maintenant que c’est la rentrée scolaire, ils doivent également en supporter le coût. Aussi bien les familles qui ont leurs enfants dans le public que celles qui les placent dans les écoles privées, toutes estiment que ce coût est très élevé.
La rentrée scolaire, un vrai gouffre financier
Pour les élèves scolarisés dans le public, il faut compter au moins 600 DH pour le primaire, 1.000 DH pour le collège et 1.300 DH pour le lycée, relève Nabil, un père et chef de famille. «Les frais d’inscriptions de mes quatre enfants, ainsi que les dépenses dues à l’achat des fournitures scolaires sont très lourdes. Personnellement, je dois à chaque fois me démener pour leur assurer tout cela. Mais il n’y a pas que ça: je dois aussi leur acheter leurs cartables, leurs habits et les tenues de sport. Leur mère et moi, nous nous organisons comme nous pouvons pour chaque rentrée scolaire et, malgré la cherté de la vie, nous essayons de faire une petite épargne pour ces circonstances. Mais ce qu’on remarque surtout, c’est que, chaque année, il y a une augmentation des prix et des manuels et des fournitures scolaires», souligne Nabil. Selon lui, les parents peuvent moduler leurs dépenses selon leurs moyens financiers. Ils peuvent ne pas acheter des fournitures scolaires cher, car il y en a pour toutes les bourses. Certains parents dans le besoin peuvent bénéficier de la solidarité des familles, du quartier ou des associations de bienfaisance qui s’activent durant cette période.
Mais les élèves placés dans les écoles privées «reviennent» trop cher à leurs parents. Ces derniers peuvent dépenser de 2.500 jusqu’à 12.000 DH à l’occasion de la rentrée des classes, suivant l’âge et le niveau scolaire de leur enfant.
«Pour un seul enfant en maternelle, il faut dépenser au moins 2.700 DH. Cela englobe les frais d’inscription et ceux des fournitures scolaires. J’ai une autre enfant qui étudie au CE2. J’ai dû payer, rien que pour ses fournitures scolaires, presque 3.000 DH et je cherche toujours des manuels que je ne trouve pas encore. Quant aux frais d’inscription, dont le paiement du mois de septembre, c’est 1.800 DH. Bien sûr, je ne prends pas en compte les autres dépenses. Il faut savoir que j’habite tout près de l’école, nous ne recourons pas au transport scolaire et mon enfant mange chez ma mère. Je trouve que la scolarité dans le privé est difficile à supporter. Heureusement que nous, les parents, nous nous entraidons parce que des charges, comme celles subies par un seul père de famille, c’est difficile à supporter. Et puis, il y a les primes de la rentrée scolaire accordées par nos employeurs, mais qui reste très symbolique puisque tout est cher», témoigne Najia, mère de deux filles.
Des manuels chaque année différents et plus chers
Quant à Naïma, mère de deux garçons, elle s’explique: «J’ai deux enfants inscrits dans un établissement privé et, chaque année, c’est un gouffre financier, malgré les économies que nous faisons spécialement pour cette occasion. Nous avons payé 12.000 DH pour la rentrée des classes. Les livres et les fournitures scolaires sont très chers, c’est un fait. Mais ce que je ne comprends pas du tout, c’est que chaque année, on découvre que les mêmes livres ou les mêmes manuels sont vendus à des prix très différents dans les différentes librairies. Les libraires mettent, chaque fois, des étiquettes blanches sur lesquelles ils inscrivent les prix qu’ils veulent appliquer. Je pose toujours cette question: est-ce qu’il n’y a pas de contrôle? Et puis, il y a cette importante question que je veux aussi soulever: pourquoi change-t-on à chaque fois les manuels? Si on ne les changeait pas annuellement, cela pourrait aider les parents à économiser d’importantes sommes d’argent».
Pour que la rentrée scolaire ne pompe pas totalement leur budget, certains parents recourent à certaines astuces. Par exemple, à la fin de chaque année scolaire, ils revendent les manuels aux bouquinistes et, en même temps, ils leurs soumettent la liste des manuels dont leurs enfants auront besoin l’année suivante. De cette façon, ils arrivent à remplir le cartable de leurs enfants à moindres frais, selon Naïma.
Des fournitures fantaisistes
«Les enseignants du privé recommandent annuellement à leurs élèves des listes de fournitures scolaires fantaisistes. Par exemple, ma fille est en CE2. Je lui ai acheté 22 cahiers de 200 pages chacun, sans oublier les autres cahiers et les manuels. Je lui ai acheté même des fournitures dont elle n’aura pas besoin pendant toute l’année scolaire. C’est vraiment du gaspillage! Nous les parents, nous devons aussi supporter les caprices de nos gosses, parce qu’ils sont exigeants et réclament des fournitures et des cartables trop chers. À notre époque, les choses se passaient de façon très simple. Moi et mes semblables, nous n’étions pas exigeants et cela ne nous a pas empêchés de bien travailler à l’école», estime Mohammed, père de deux filles. Et d’ajouter que «les dépenses allouées aux fournitures scolaires représentent à elles seules 60% des dépenses de la rentrée. Et encore, je ne parle pas de l’habillement. Les prix augmentent toujours et les enseignes s’ingénient dans la production de fournitures scolaires chic et de très bonne qualité. Et c’est toujours nous qui payons le prix».
La flambée des prix des fournitures scolaires et la cherté des frais de scolarité dans l’enseignement privé posent ainsi tant de difficultés aux ménages. Cette situation que vivent les familles marocaines, chaque année et à chaque nouvelle saison scolaire, est un vrai calvaire. Les parents espèrent donc que le gouvernement prenne des mesures à caractère économique et social pour alléger le coût des rentrées scolaires. Surtout qu’il se doit d’encourager la scolarisation et non pas d’en faire un lourd fardeau.
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