Au lendemain d’une manifestation historique, le président conservateur du Chili, Sebastian Pinera, a annoncé, le 26 octobre 2019, un vaste remaniement de son gouvernement et la levée de l’état d’urgence «si les circonstances le permettent». L’armée a pour sa part suspendu le couvre-feu dans la capitale Santiago.
Ces concessions suffiront-elles à calmer la rue? Depuis le début des protestations au Chili, le chef de l’Etat, élu en 2017, a été critiqué pour ne pas avoir pris la mesure de la crise. En décidant de déclarer l’état d’urgence dès les premières violences, le 18 octobre 2019, avec à la clé des milliers de militaires dans les rues, le président chilien s’est attiré les foudres des protestataires, dans un pays encore très marqué par une dictature qui a fait 3.200 morts et disparus.
Retraites décentes, santé et éducation abordables, baisse des prix des médicaments, mais aussi démission du président conservateur ou nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de l’ère Pinochet (1973-1990). La liste des revendications de la population chilienne ne cesse de s’allonger. Après plusieurs jours d’affrontements avec les forces de l’ordre et des centaines de pillages, les manifestations ont culminé vendredi 25 octobre 2019, avec près d’un million de personnes dans les rues de Santiago, alors que le pays ne compte que 18 millions d’habitants.
Malgré les tentatives du président d’apaiser la rue, les manifestations se poursuivent. Les heurts se concentraient non loin du palais de La Moneda, alors qu’un rassemblement pacifique de plusieurs dizaines de milliers de personnes a eu lieu sur la Plaza Italia, devenue l’épicentre des manifestations depuis le début de la contestation sociale. Des affrontements ont également été rapportés par les médias locaux dans les villes de Concepcion et Valparaiso, où se trouve le siège du Parlement. Au total, le bilan de la crise chilienne a dépassé les 18 morts, dont un enfant.
ML