Les Marocains n’hésitent plus à mettre la main à la poche pour améliorer leur apparence physique et renforcer leur estime de soi.
Comme partout ailleurs dans le monde, les desiderata de beauté ont beaucoup évolué au cours des dernières années, au Royaume. Remodeler sa silhouette, effacer ses rides, se refaire le nez, hausser les pommettes, augmenter sa poitrine… Autant d’interventions chirurgicales qui étaient impossibles, jusqu’à il y a quelques années, mais qui sont devenues assez fréquentes de nos jours.
Le diktat des apparences
L’engouement pour la chirurgie esthétique au Maroc, s’explique principalement par une augmentation du culte de l’apparence. «La multiplicité des médias, nationaux et internationaux, avec leur lot de stars parfaites incite les Marocains à ressembler à cet idéal. De plus, la démocratisation de ces pratiques, auparavant exclusives à une élite, favorise le recours à la chirurgie esthétique», indique le sociologue Fouad Bennour, dans une déclaration au Reporter, ajoutant que «lorsque le complexe physique est envahissant, au point d’impacter l’épanouissement social, affectif et professionnel du patient, la chirurgie esthétique a un rôle certain sur l’amélioration de la qualité de vie. Encore faut-il distinguer les complexes réels, amplifiés par le regard d’autrui, avec les complexes fictifs qui masquent parfois un trouble psychologique. A ce titre, le rôle du chirurgien esthétique est déterminant. Au cours de la première consultation, il doit analyser la demande du patient pour pouvoir lui apporter une réponse personnalisée et objective», ajoute notre interlocuteur.
La chirurgie esthétique séduit davantage de praticiens. Rien qu’à Casablanca, une dizaine de cliniques exercent dans ce domaine. Il est quasi impossible de joindre les médecins le matin. Ils sont soit dans le bloc opératoire soit en consultation. «Je reçois souvent des clients étrangers, mais aussi Marocains, hommes et femmes, toute catégorie d’âge confondues. Il m’arrive de recevoir des adolescents qui souffrent de complexe et qui veulent s’en débarrasser, comme je peux recevoir des quinquagénaires ou sexagénaires qui souhaitent effacer les traces du temps. Les interventions varient selon le besoin du patient (pose d’implants mammaires, greffe de cheveux, rhinoplastie, lifting…)», a affirmé Meryem Nazih, spécialiste en chirurgie plastique, dans une déclaration au Reporter. Et la spécialiste d’ajouter que «la liposuccion reste l’intervention la plus demandée, par les patientes au Maroc».
L’offre se banalise, l’engouement s’accélère
La chirurgie esthétique n’est plus une pratique réservée aux catégories aisées de la société marocaine. C’est devenu, une source de bien-être personnel, pour laquelle on est prêt à dépenser de coquettes sommes d’argent, et même de contracter des crédits bancaires. De plus, le recours à la chirurgie esthétique n’est plus une obsession féminine. Les hommes aussi, succombent au désir de paraitre beau. Selon des statistiques révélées récemment par l’Association marocaine de la chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, le pourcentage des hommes marocains fréquentant les cliniques esthétiques serait passé de 5% à 25% par rapport aux femmes, en l’espace de quelques années. Selon l’Association, les préoccupations des Marocains qui consultent sont généralement semblables à celles des Marocaines. Lifting, comblement des rides, rhinoplastie, liposuccion, greffes de cheveux, telles sont les interventions les plus sollicitées par les patients.
Selon El Mehdi Hassani, chirurgien esthétique à Rabat, les prix des différentes interventions esthétiques ont connu une baisse de près de 50 % au cours des dernières années. «Une séance de Botox coûte aujourd’hui entre 2.000 à 3.500 dirhams avec des effets visibles sur plusieurs mois». Pour ce qui est de la liposuccion, qui consiste à aspirer le surplus de gras, elle peut être pratiquée un peu partout sur le corps. En termes de coût, il faut compter 10.000 dirhams en moyenne, voire plus selon les cliniques, ajoute le même spécialiste. La greffe de cheveux reste une opération pratiquée quasi-exclusivement sur les hommes. Pour 8.000 cheveux, largement suffisants pour recouvrir un crâne dégarni, comptez près de 50.000 dirhams.
Pour un rajeunissement facial intégral, il faut compter 40. 000 dirhams en moyenne. Le prix d’un implant mammaire qui permet d’augmenter la taille de la poitrine chez les femmes, commence à partir de 25.000 dirhams. Idem pour une réduction mammaire. La rhinoplastie qui permet de modifier la forme et la taille de son nez et qui figure parmi les opérations les plus demandées aussi bien par les femmes que par les hommes, démarre à 20.000 dirhams. Tendance des stars, le Hollywood Smile en fait rêver plus d’un. Aujourd’hui, le sourire parfait coûte une petite fortune (5000 dirhams l’unité). Ce prix varie selon la méthode de travail et les matériaux utilisés. Le Hollywood Smile est une intervention chirurgicale exécutée par un spécialiste en esthétique dentaire.
Le mythe du corps parfait sévit notamment auprès des jeunes. Tous, veulent ressembler aux stars sur les réseaux sociaux. Face à cette ruée, les pratiques illégales fleurissent. Faute de moyens, les personnes à revenu modestes, se rabattent sur les cosmétiques Low-Cost issus, pour la plupart du marché noir et parfois via le commerce en ligne. Crèmes éclaircissantes, soins anti-tâches et autres produits de beauté, y sont proposés à des prix beaucoup moins chers que ceux proposés en pharmacies ou parapharmacies, ce qui constitue un véritable et grave danger sur la santé.
M. Lourhzal