Il y a quelques chiffres et classements du Maroc qui ont dû échapper au ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.
Ces chiffres et classements ne viennent pas du Maroc, mais de grandes institutions internationales dont la crédibilité n’est pas sujette à caution.
En ce qui concerne les données internes du Maroc, tout d’abord.
Dans le «Rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales» du FMI, rendu public la semaine dernière, le Maroc réalise le meilleur taux de croissance de la région MENA en 2017. Soit: 4,8%. Même si les Marocains continuent de déplorer que la croissance du PIB du pays, essentiellement agricole, dépende encore trop de la pluviométrie, la part des réformes dans cette performance n’est pas négligée par le FMI. Sa Directrice générale, Christine Lagarde, a estimé en commentant ce classement que «Le Maroc a réussi à réaliser des réformes réelles, autant sur le plan budgétaire que structurel».
S’agissant de l’indice Doing Business de la Banque Mondiale, important indicateur du climat des affaires pour les éventuels investisseurs (et qu’évoque Messahel en affirmant que l’Algérie est le seul pays d’Afrique du Nord qui offre de véritables opportunités, balayant de ses critiques, à la fois, le Maroc, l’Egypte, la Tunisie et la Libye)… Cet indice place le Maroc au 68ème rang sur 190 pays, selon le dernier classement (juin 2016). Tandis que l’Algérie est reléguée à la 156ème place.
Un grand bond pour le Maroc qui était au 129ème rang l’année précédente et qui se classe, aujourd’hui, 1er en Afrique du nord, 3ème en Afrique et 4ème dans la région MENA.
Pour ce qui est de l’investissement du Maroc en Afrique, les observateurs sont formels.
Le Rapport 2017 «Perspectives économiques en Afrique», publié par la BAD, l’OCDE et le PNUD, classe le Maroc 1er en termes d’investissements interafricains et 5ème investisseur mondial en Afrique.
Avec ses 8 milliards de dollars investis entre 2015 et 2016 (selon le Rapport 2017 de la banque de données Foreign Direct Investment Markets du Financial Times) dont 5 milliards de dollars investis au cours de la seule année 2016, le Maroc est le 1er investisseur africain dans l’Afrique de l’Ouest et le 2ème investisseur sur l’ensemble du continent.
Et ça, oui, tout le monde le sait… Sauf Mr Messahel.
Quels indicateurs en Algérie ? Si la crise frappe de plein fouet l’économie algérienne, aujourd’hui, c’est parce que 98% des recettes du pays proviennent des exportations d’hydrocarbures. Or, depuis la chute du prix du baril du pétrole, ces recettes fondent comme neige au soleil. Le taux de croissance du PIB algérien devrait se situer à 1,4% cette année (2017). Il devrait reculer encore en 2018, pour s’établir aux alentours de 0,6%, selon les prévisions des institutions internationales. De son côté, le Dinar, monnaie nationale d’Algérie, a perdu 30% de sa valeur. Autre effet de la crise, si aujourd’hui, 5 millions d’Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon les prévisions pour 2018, ce chiffre pourrait presque doubler. Quelque 4 millions d’Algériens supplémentaires devraient franchir la barre en dessous du seuil de pauvreté. Le 1er ministre a récemment annoncé la décision du pays de recourir à la planche à billets. L’inflation que cette mesure entraînera n’est pas pour améliorer la situation déjà alarmante avec un taux de chômage atteignant les 30%.