Tout porte à croire que le climat des affaires au Maroc est en proie à la morosité et au déséquilibre. Comment comprendre, sinon, que malgré les réformes entreprises ou en cours, malgré les efforts déployés de part et d’autre, le Maroc perd, en 2013, 3 rangs au classement Doing Business et est sérieusement secoué par un rapport, on ne peut plus réaliste du Fonds monétaire international (FMI)?
Il est vrai que depuis quelques temps, un certain nombre de réformes ont été entreprises et ça continue d’ailleurs. Les résultats ne se sont pas fait attendre. En témoigne la performance de 2012. En effet, le Maroc avait été consacré «best reformer» et est passé du 115 au 94ème rang dans le rapport Doing Business 2012.
En 2013, il rechute à la 97ème place et pour cause, le contexte économique mondial, peu favorable à la réalisation d’avancées probantes. Un argument qui ne peut tenir. On comprendra qu’à ce niveau, on a dormi sur nos lauriers et on s’est contenté de vanter une performance historique au lieu de travailler sérieusement à la maintenir, ou plutôt à l’améliorer.
De plus, officiellement, le gouvernement disait bien persévérer sur la voie des réformes. Ces dernières que le FMI estime encore insuffisantes, comme si tout ce travail n’allait pas dans le bon sens.
Ce que préconise le FMI
Le FMI estime en effet, que le Maroc doit mener des réformes urgentes pour tenir le cap dans un environnement extérieur difficile tout en accélérant les réformes en cours qu’il juge, quand même pertinentes. Cependant, si le Maroc, selon les analystes du FMI, a considérablement avancé sur le plan du renforcement de la croissance et de la réduction de la pauvreté durant la décennie écoulée, il a encore du chemin à parcourir, notamment en matière de réduction du chômage, essentiellement chez les jeunes ; et l’amélioration des indicateurs sociaux, comme le taux d’alphabétisation, l’égalité d’accès aux infrastructures de base et aux services de santé et d’éducation. D’autre part, le FMI estime que des mesures structurelles sont aussi à prendre afin de «promouvoir une croissance plus forte et solidaire, grâce aux réformes des marchés des produits et du travail, à l’investissement dans le capital humain et physique et à l’amélioration du climat des affaires». En effet, le fonds appelle au renforcement de la compétitivité, à l’amélioration du climat des affaires et à l’investissement dans l’éducation et la formation. Le FMI a aussi recommandé une plus grande flexibilité du taux de change pour soutenir la compétitivité et pouvoir absorber les chocs extérieurs. Estimant par ailleurs que le plan d’action des autorités marocaines reste approprié, le Fonds rappelle que ce plan reste soutenu par la LPL et comprend des mesures structurelles destinées à renforcer la compétitivité, la croissance potentielle et l’emploi, un rééquilibrage des finances publiques ainsi que des politiques monétaires et financières prudentes. Toutefois, «il devient de plus en plus urgent de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour que le Maroc puisse maintenir sa performance face à un environnement extérieur difficile».
Urgence et vigilance. Voilà les mots-clé de ces recommandations qui montrent bien que le travail reste insuffisant, voire ne va pas vraiment dans le bon sens. Ceci laisse entendre que pour ce qui est de la situation économique, le pays serait peut-être au bord de la dérive. Ce qui explique pourquoi d’ailleurs des voix s’élèvent notamment celle du premier partenaire de l’Etat, la CGEM.
Classement Là où les points se perdent En matière de climat des affaires, l’action du Maroc ne semble répondre à aucune logique. Il est vrai que sur certains volets, le Royaume a marqué des points et a bien avancé. Mais sur d’autres, le retard a été remarquable. Ainsi, en matière de création d’entreprise, de commerce transfrontalier et d’exécution des contrats, le progrès a respectivement été de +38, +3 et +1 rang. Cependant, sur d’autres volets et pas des moindres, le recul est significatif. Notons ici le -17 pour le transfert de propriété et le -16 pour le règlement de l’insolvabilité ou encore, les -7, -5, -3 et -1, respectivement pour ce qui est de l’obtention de prêts, l’octroi de permis de construire, le raccordement à l’électricité et les paiements des impôts et la protection des investisseurs. En somme, ce qui se gagne sur un plan se perd sur d’autres et cela se fait lourdement ressentir sur le classement général.
Réaction Ce que veut la CGEM Lors de la réunion du conseil de coordination prévu dans le mémorandum d’entente signé le 6 mars 2012 entre le gouvernement et la CGEM, la Présidente Meriem Bensaleh Chaqroun a pointé du doigt le dysfonctionnement qui entache la gouvernance au sein de l’administration et qui se manifeste notamment à travers des réformes qui sont enclenchées et des textes de lois qui sont déjà initiés sans concertation. Elle a aussi souligné l’impératif d’adopter une visibilité d’engagement susceptible d’encadrer les décisions d’endettement et garantir la création d’un emploi pérenne. «Nous voulons être le plus représentatif et le plus dynamique possible pour que nous puissions créer de la croissance et accompagner le développement économique du pays», a-t-elle dit pour appeler ensuite à la mise en place rapide de la loi sur le droit de grève et des réformes sociales, telles que la liberté syndicale et l’indemnité pour perte d’emploi à financement pérenne, en vue de réguler efficacement les relations sociales, assurer une protection aux travailleurs et un climat sain pour l’entrepreneur. La présidente a aussi insisté sur la nécessité d’être associée de manière dynamique aux réformes qui ont un impact sur le secteur privé et d’être partie prenante dans l’élaboration des propositions définitives concernant des textes importants. |