Les récents projets socio-économiques, lancés par le Maroc depuis le début de la pandémie de Covid-19, reflètent une nouvelle vision de l’État en la matière, a souligné, jeudi à Rabat, la Présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach.
Le Maroc a pu embrasser, en pleine pandémie, un nouveau rôle et élargir son champ d’action, tout en assurant une “transition vers le tout digital, de l’État régulateur vers l’État social”, a relevé Mme Bouayach qui s’exprimait à l’occasion de la publication par le CNDH de son rapport 2020 sur la situation des droits de l’Homme au Maroc, intitulé “Covid-19 : situation exceptionnelle et nouvel exercice des droits de l’Homme”.
Elle a noté, à cet égard, que l’année 2020 “fut terrible, tant par le nombre de ses morts, que par l’ampleur de ses dégâts économiques et sociaux, que par la profondeur des tragédies humaines qu’elle a engendrées”.
Cette crise sanitaire a révélé “les sens de citoyenneté patriotique, de solidarité nationale et de responsabilité commune des Marocains”, a-t-elle dit.
La pandémie et le contexte de confinement qui s’en est suivi ont jeté la lumière sur le déficit dont souffre le secteur de la santé, comme celui de l’éducation et de la recherche scientifique, a-t-elle indiqué, précisant que la leçon à apprendre est celle de la nécessité urgente de réformer, de construire et de promouvoir un système de santé universel et accessible à tous ; en parallèle d’institutions éducatives “capables d’abriter les éléments les plus brillants dans la course à l’innovation et à la technologie”.
D’autre part, le CNDH a aussi dû s’adapter au virus, a fait savoir Mme Bouayach, relevant que le conseil “fut bousculé” par l’état d’urgence sanitaire qui l’a obligé à repenser toute sa manière de fonctionner, aussi bien au niveau national que régional.
Dans ce contexte, une Task Force a été créée spécifiquement pour monitorer la situation des droits humains pendant la période de Covid-19, afin de prévenir les violations, protéger les victimes et promouvoir les droits de l’Homme, a-t-elle poursuivi.
Le rapport du CNDH “nous met face à plusieurs questions, dont certaines inédites”, a-t-elle soutenu, ajoutant que la difficulté de l’exercice des droits de l’Homme durant l’année précédente était celle de “s’accrocher à l’application des normes et principes dans une situation exceptionnelle et inconnue”.
Les nouvelles technologies de la communication sont devenues un des socles de la vie sociétale, que ce soit dans l’administration, dans l’entreprise, dans l’école ou dans la vie privée des Marocains, a-t-elle enchaîné.
Les réseaux sociaux sont désormais le premier dépositaire de la liberté d’expression des citoyens marocains, malgré tous les risques que cela peut engendrer et toutes les conséquences sur la vie politique, sociale et culturelle au Royaume, a fait savoir Mme Bouayach.
Elle a, dans ce contexte, cité l’exemple de la digitalisation accélérée qui a vu s’opérer une réelle révolution dans le domaine judiciaire avec l’avènement du procès à distance, soulignant qu’il ne s’agit pas seulement de “télécharger un formulaire administratif ou de déposer une plainte en ligne, mais c’est le déroulement même de ce qui est au cœur de l’État de Droit qui s’en trouve bouleversé”.
La nouvelle réalité soulève de vrais questionnements sur la façon de sortir de la crise, notamment lorsqu’il s’agit des dispositions prises en urgence et par nécessité et en réaction à un “contexte incertain et fluctuant”, a-t-elle expliqué.
Devant toutes ces questions, une “chose est certaine : les paradigmes d’antan ne sont plus l’actualité: l’État a repris toute sa place dans l’exercice des droits”, a-t-elle assuré.
La pandémie a démontré que le droit à l’éducation et à la santé ne sont pas seulement des droits fondamentaux, mais plutôt des “piliers à toute économie qui se veut performante et résiliente” et des nécessités à toute démocratie qui consacre l’égalité des chances, a conclu la présidente du CNDH.
LR/MAP