Relations tendues entre parlementaires et médias. En cause, un débat houleux sur l’autorisation ou non des journalistes à assister aux travaux des commissions parlementaires.
Les avis diffèrent. Si certains parlementaires estiment que les journalistes ne doivent pas assister aux réunions des différentes commissions parlementaires, au motif que certains d’entre eux abusent de cette présence, véhiculant des rumeurs, publiant des confidences et dévoilant les détails de la vie privée des parlementaires, ce qui est contraire à la déontologie du métier, d’autres, au contraire, estiment que la présence des journalistes à ces réunions est plus que souhaitée, ces derniers étant un trait d’union entre le Parlement et les citoyens. Sans couverture médiatique, les Marocains seraient privés de leur droit de savoir. Ces élus n’en appuient pas moins le nécessaire respect de la vie privée comme stipulé dans l’article 27 de la Constitution. Une 3ème catégorie de parlementaires veut ménager le chou et la chèvre en se référant à ce même article qui stipule également: «Le droit à l’information ne peut être limité que par la loi dans le but d’assurer la protection de tout ce qui concerne la défense nationale, la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, ainsi que la vie privée des personnes». C’est le cas de Diidâa, président du groupe fédéral à la Chambre des conseillers (voir sa déclaration). Un député de l’USFP a pour sa part désapprouvé l’interdiction faite aux médias d’assister aux réunions des commissions parlementaires.
«Interdire aux journalistes de s’abreuver à la source ne ferait qu’augmenter les risques de désinformation et encourager la rumeur au maximum, parce que le journaliste, coupé de la réalité du terrain, fera tout pour chercher l’information qui n’arrivera pas toujours à destination dans toute sa véracité», a-t-il expliqué.
De son côté, Afaryat, membre du groupe «Al Wahda wa Dimoucratia», a souligné: «Il ne faut pas perdre de vue la nécessaire consécration du droit à l’information aussi bien pour les journalistes que pour les citoyens». Il a estimé primordial d’arriver à un consensus.
Un journaliste suggère des concertations entre les parlementaires et les journalistes qui, avec le temps, se sont spécialisés dans le traitement de l’activité parlementaire et que leur rédaction désignerait. L’information n’en sortirait que plus crédible.
Mohammed Nafaa
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Droit d’accès à l’information «Les citoyennes et les citoyens ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions élues et les organismes investis d’une mission de service public. |
Diidâa, président du Groupe fédéral à la Chambre des conseillers «A l’heure où la Constitution consacre le droit à l’information, nous avons des décisions qui sont en flagrante contradiction avec le droit d’accès à l’information des journalistes. |
Abdallah Afaryat, membre du Groupe Al Wahda wa Dimoucratia «Il s’agit là d’une disposition de la Constitution qui parle de la confidentialité des commissions parlementaires. Cependant, il existe une autre disposition qui consacre le droit à l’information, pas uniquement pour les journalistes, mais également pour l’ensemble des citoyennes et des citoyens. C’est pourquoi, j’estime qu’il est primordial d’arriver à une formule: un consensus qui observe les dispositions de la Constitution et permet aux citoyens d’avoir accès à l’information en suivant le débat au sein de l’institution législative». |