Pas encore remise de la crise sanitaire due au nouveau Coronavirus (Covid-19) qui dure depuis plus de deux ans, l’économie marocaine traverse aujourd’hui une nouvelle zone de turbulences.
Au-delà des fortes pressions exercées sur les finances publiques et de la hausse importante des prix des matières premières et énergétiques sur le marché international, le Royaume doit faire face à une saison agricole qui connaît un grand déficit pluviométrique, sachant que l’économie marocaine dépend beaucoup du secteur agricole (1er contributeur au PIB). Nombreux sont les économistes qui estimaient que l’effet combiné de la hausse des prix du pétrole et des céréales pourrait coûter au Maroc entre 1 % et 2 % de PIB au titre de l’exercice budgétaire 2022. Devant les élus du peuple, le Chef du gouvernement a confirmé la tendance baissière de la croissance nationale.
Un contexte désavantageux
S’exprimant lundi 18 avril 2022, à l’occasion de la tenue de la séance plénière consacrée aux questions orales mensuelles à la Chambre des représentants, Aziz Akhannouch a fait savoir que «selon les données actuelles qui prennent en considération les derniers développements aux niveaux national et international, le Maroc devrait enregistrer un taux de croissance oscillant entre 1,5% et 1,7%». Adoptée fin décembre 2021, la Loi de Finances 2022 tablait sur un taux de croissance de 3,2%. Or, la campagne agricole entre médiocre et catastrophique, en plus des répercussions du conflit Russie-Ukraine notamment sur les secteurs des matières premières et de l’énergie, a chamboulé les prévisions économiques du gouvernement Akhannouch. Comme expliqué par le Chef de la majorité, le recul du taux de croissance pour l’année 2022 est dû, entre autres, à une baisse de la valeur ajoutée agricole de l’ordre de 11%, contre une hausse de 18% au cours de la précédente campagne agricole (2020-2021). «Le déficit pluviométrique devrait impacter la campagne agricole actuelle (2021-2022), notamment la récolte céréalière attendue en baisse, comparativement aux prévisions de la Loi des finances 2022 qui tablait sur une récolte de 80 millions de quintaux», a fait remarquer le responsable gouvernemental. La performance du secteur agricole cette année (2022) tirera certes vers le bas le taux de croissance, admet Aziz Akhannouch, mais la bonne production des cultures printanières et estivales devrait garantir l’approvisionnement de façon régulière et suffisante du marché national.
Tout n’est pas perdu pour autant
La croissance de l’économie marocaine serait principalement portée par la performance du secteur industriel. Selon le Chef du gouvernement, les activités industrielles ont connu une évolution positive à fin février 2022, chose qui permettrait au PIB non-agricole de préserver son dynamisme. Tandis que les investissements poursuivent leur croissance, selon A. Akhannouch qui se réfère à l’évolution des importations des biens de l’équipement et des demi-produits de 18,5% et 52% respectivement à fin février (2022), les exportations industrielles ont connu à leur tour un dynamisme positif. Les exportations du phosphate et dérivés ont particulièrement connu une accélération, évoluant de 96% à fin février 2022 par rapport à la même période de l’année 2021. Les exportations de l’aéronautique ont à leur tour enregistré une évolution de 53%, celles des produits électriques et électroniques de 23%, du textile de 26%, de l’agroalimentaire de 13,8% et de l’automobile de 4%, a fait valoir le Chef du gouvernement.
Enfin, le Chef du gouvernement a souligné que ces chiffres sont à prendre avec prudence, vu l’incertitude qui plane sur la conjoncture internationale, où l’espoir est lié à la fin de cette crise (conflit russo-ukrainien), ce qui va faciliter une reprise complète de l’économie nationale et mondiale. Aziz Akhannouch a tenu à rassurer l’opinion publique nationale, que l’Exécutif est attaché à l’ensemble des engagements contenus dans son programme gouvernemental, en particulier sur le volet social et à sa tête, la protection du pouvoir d’achat du citoyen.
M. Lourhzal
Maroc-Perspectives économiques
A. Akhannouch plus optimiste que le Wali de Bank Al-Maghrib
Les prévisions de croissance économique du Maroc au titre de l’année 2022, présentées par le Chef du gouvernement, lundi 18 avril 2022 devant les membres de la Chambre des représentants, sont plus optimistes que celles présentées par Bank Al-Maghrib (BAM). La Banque centrale dirigée par Abdellatif Jouahri, avait estimé, le 22 mars dernier, que la croissance de l’économie marocaine devrait se situer à 0,7% en 2022, avant de progresser à 4,6% en 2023. «Pâtissant de conditions climatiques particulièrement défavorables, la campagne agricole devrait enregistrer, selon les prévisions de BAM, une production céréalière autour de 25 millions de quintaux et ce, après 103,2 millions de quintaux un an auparavant. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi baisser de 19,8%, ramenant la croissance économique à 0,7% en 2022 après un rebond qui avait atteint 7,3% en 2021», avait précisé BAM à l’issue de la première session de son Conseil au titre de l’année en cours. En 2023, sous l’hypothèse d’une récolte moyenne de 75 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 17%, portant la croissance à 4,6%, avait ajouté Bank Al-Maghrib. Pour ce qui est des activités non agricoles, elles devraient se consolider graduellement, avec une progression de 3% de leur valeur ajoutée en 2022 et en 2023.
Toutefois, le wali de Bank Al-Maghrib a souligné que les pluies de mars n’étaient pas encore prises en considération dans ces prévisions qui, a-t-il précisé, seront révisées s’il y a lieu de le faire.