On pensait qu’elle était éteinte, mais la grosse polémique autour du pain, lancée par la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), devra prendre la route des tribunaux, dans les tout prochains jours, affirme, cette semaine, une source à la Fédération nationale de la minoterie (FNM).
Alors que les minotiers sont de nouveau visés par une nouvelle attaque, cette fois-ci, de la part du secrétaire général de la fédération nationale des propriétaires des boulangeries et des pâtisseries, Mohamed El Giri, lequel a déclaré, il y a une semaine, que « les céréales utilisées dans le pain commercialisé au Maroc ne conviennent même pas comme fourrage pour le bétail », les minotiers montent au créneau.
Ces derniers et toutes les composantes de la Fédération interprofessionnelle des activités céréalières (FIAC), concernées par la polémique autour du pain, lancée par la fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), s’apprêtent à lancer une attaque en justice contre les accusations de cette fédération aux céréales des minoteries, assure une source à la FIAC.
Contactée cette semaine, une source à Fédération nationale de la minoterie (FNM) confirme l’action en justice. Pour cette même source, la bataille que comptent engager les minotiers et d’autres professionnels du secteur devant la justice marocaine montre qu’ils sont prêts à utiliser tous les moyens à leur disposition pour défendre leur image.
Semenciers, producteurs, négociants, coopératives, minoteries, semouleries, boulangeries et pâtisseries ont décidé de riposter par une action en justice, précise notre source à la FNM. Celle-ci a prévenu que les minotiers se battraient « jusqu’au bout » dans cette affaire, indiquant qu’il s’agit de deux procès, un contre la FMDC et l’autre contre le président Bouazza Kherrati. «Nos avocats vont entamer incessamment une poursuite judicaire contre la FMDC et son président. Ils sont actuellement en train de travailler sur le dossier pour éviter toute ambiguïté en ce qui concerne la forme et le fond de l’affaire», soulignent nos sources.
Mises à l’index par le président de la FMDC, qui pointe la qualité du pain vendu au Maroc et le blé des minoteries, celles-ci avaient déjà déposé une plainte il y a plusieurs semaines au ministère du commerce et de l’industrie contre la FDCM, jugeant que cette fédération n’avait jamais pu justifier les accusations visant les minotiers.
La déclaration de la FMDC contient, selon les minotiers, des “informations mensongères”, sur la salubrité des farines des minoteries. “Cette fédération a réussi à faire le buzz avec son communiqué en insinuant que notre blé était modifié génétiquement et bourré de pesticides. Mais elle n’a fourni aucune preuve montrant que le blé des minoteries représente une menace pour la santé des consommateurs», insiste notre source à la FNM. « Uniquement des suppositions », a lancé cette même source, avant de conclure: «L’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) a pourtant assuré que la production nationale de blé est conforme en matière de sécurité sanitaire et que la totalité des céréales importées est rigoureusement contrôlée par ses contrôleurs».
A la Fédération marocaine des droits du consommateur, on ne manque pas non plus d’arguments. Son président, Bouazza Kherrati se réfère à la loi 28-07 (article 4 et 5), et à la loi 31-08 par laquelle la responsabilité incombe au fournisseur. «Quand il y a litige entre le consommateur et le fournisseur, c’est ce dernier qui doit fournir les preuves que son produit est salubre», insiste le président de cette fédération, laquelle a lancé cette grosse polémique autour du pain, aliment constituant la base des repas des familles marocaines.
Les accusations de la FMDC, contestées par les minoteries, pointent plusieurs dysfonctionnements dans la fabrication du pain. Dans un communiqué rendu public fin janvier 2021, la fédération marocaine des droits du consommateur a avancé que le pain vendu sur le marché national contiendrait des produits toxiques qui causent des maladies graves, dont le cancer.
Pesticides, origine du blé, OGM, additifs «qui rendent le pain comme du plastique», utilisation excessive de sucre ou encore l’élimination de fibres alimentaires, sont, entre autres, des dysfonctionnements déplorés par le communiqué de la fédération.
A noter enfin que l’annonce de cette semaine intervient au moment où les minotiers sont visés par une nouvelle attaque de la part du secrétaire général de la Fédération nationale des propriétaires des boulangeries et des pâtisseries, Mohamed El Giri. Celui-ci a, lui aussi, remis en question la qualité du pain vendu sur le marché marocain. En effet, il y a une semaine, Mohamed El Giri a pointé la qualité de la farine achetée par les boulangeries et pâtisseries, affirmant que « les céréales utilisées dans le pain commercialisé au Maroc ne convient même pas comme fourrage pour le bétail ». Une affirmation qui a été très vite condamnée et rejetée par plusieurs professionnels du secteur des céréales et du pain.
Un dossier qui devrait connaitre un nouveau rebondissement, selon une source proche du dossier, laquelle n’exclut pas une autre procédure judicaire contre El Giri.
Naîma Cherii